Photo portrait de Philippe Le Blanc.
Gracieuseté

Investir en Bourse, c’est un peu comme performer au tennis. Il faut non seulement se montrer stratégique, être capable de progresser dans un monde où la compétition fait loi, mais aussi miser sur le mental. Un angle inusité que Philippe Le Blanc, chef des placements chez COTE 100 et blogueur, explore dans son tout nouveau livre Avantage Bourse qui vient tout juste d’arriver en librairie.

« Ce livre rejoint mes deux passions, soit l’investissement et le tennis, un sport que je pratique depuis mon plus jeune âge et que j’exerce encore aujourd’hui », explique d’emblée Philippe Le Blanc. Le fait de joindre ces deux domaines permet de jeter un éclairage nouveau — et intéressant — à ce sujet, pense-t-il. C’est ce qui l’a inspiré dans la rédaction de cet ouvrage de vulgarisation, un projet qu’il caressait de longue date.

Avantage Bourse dresse donc un parallèle entre ces deux univers en apparence assez éloignés. « Si on veut obtenir du succès, il faut constamment apprendre et s’améliorer. On ne peut pas faire du surplace, sans quoi on risque d’être dépassé. C’est vrai pour le tennis, mais aussi pour les investisseurs qui doivent se tenir à l’affût. On ne peut pas uniquement obtenir notre titre de CFA et penser qu’on sait tout. Il faut donc trouver des manières d’évoluer. » La sienne ? La lecture, alors qu’il a dévoré pas moins de 65 livres l’an passé, sur la finance et l’investissement, mais aussi des romans et des ouvrages sur la psychologie, le sport ou l’économie, entre autres.

Un équilibre précieux

De même, pour atteindre leur plein potentiel, les joueurs de tennis doivent travailler non seulement leur physique, mais aussi leur tactique et leur mental. Il en va de même pour les investisseurs, dont la performance s’appuie sur l’analyse fondamentale, mais aussi sur la stratégie et la psychologie. Trois concepts que l’auteur passe en revue dans son ouvrage. « C’est un peu comme un triangle équilatéral où tous les segments doivent être aussi forts les uns que les autres, explique-t-il. Et si un côté est inexistant, on ne peut pas réussir. »

L’auteur décortique aussi plusieurs biais psychologiques qui peuvent entraver le jugement des investisseurs. En entrevue, Philippe Le Blanc donne en exemple le biais du physicien. « On a parfois l’impression que si on se livre à des calculs très complexes, très précis, qu’on arrive à des résultats à cinq décimales, on travaille avec un meilleur modèle. C’est souvent un leurre et ça mène à des erreurs. »

Une question de philosophie

Bref, si cet ouvrage s’adresse aux investisseurs de tous les niveaux, les professionnels aguerris pourront aussi y trouver leur compte, pense-t-il, entre autres parce qu’il permet de réfléchir à la philosophie derrière leur stratégie d’investissement. Philippe Le Blanc y détaille d’ailleurs celle qui prévaut chez COTE 100, firme fondée par son père Guy Le Blanc en 1988 dont il a joint les rangs en 1992. « Nous avons adopté une approche plus défensive. Ainsi, quand les marchés boursiers sont très à la hausse, comme en 2021, nous faisons en général un peu moins bien que les indices. Quand ils sont en forte baisse, nos rendements sont généralement bien meilleurs que ceux du marché. »

Pas question de changer de cap au gré des mouvements boursiers : en matière de stratégie, le chef des placements prône plutôt la stabilité. « C’est important de trouver la stratégie qui correspond à notre personnalité et de ne pas changer au gré des saisons. Pour réussir, il faut qu’on soit constant dans sa méthode. C’est un peu comme Novak Djokovic : il joue toujours de la même façon, en faisant de petits ajustements en cours de route. Mais c’est ce qui fait son succès. » Garder le cap peut aussi être payant, raconte-t-il. Il cite en exemple sa propre firme, qui a investi dans le titre d’Alimentation Couche-Tard en 2002 pour le portefeuille de la Lettre financière COTE 100. « Par rapport au coût de nos premières actions, autour de 1,05 $ CA, le cours du titre a été multiplié par 58 », explique-t-il.

COTE 100, l’une des plus grandes firmes indépendantes de gestion privée de portefeuille au Canada, s’en est d’ailleurs bien tirée malgré les aléas de la Bourse l’an dernier. Alors que les indices boursiers (incluant les dividendes) étaient en recul de 5,8 % pour le TSX et de 18,1 % pour le S&P 500, le rendement sur les portefeuilles de la firme a diminué de seulement 3 % ou 4 %, indique le chef des placements. De plus, malgré une année plus difficile pour les marchés boursiers en 2022, « nous enregistrons une croissance depuis 15 ans. En 2011, nous détenions autour de 200 millions d’actifs sous gestion alors qu’aujourd’hui, ce chiffre grimpe à 2,5 milliards. »

Mission : littéracie financière

Avantage Bourse n’est pas le premier ouvrage signé par Philippe Le Blanc, alors qu’il avait cosigné La Bourse ou la vie avec son père, en 1995. Un best seller vendu à plus de 25 000 exemplaires, note-t-il. Le spécialiste a aussi rédigé plus de 450 articles de blogue pour le journal Les Affaires, en plus d’éditer la Lettre financière COTE 100 depuis 2000, une publication qui s’adresse à des investisseurs autonomes. Autant de gestes qui s’inscrivent dans la continuité des actions de la firme pour améliorer la littéracie financière des investisseurs québécois, explique-t-il. « Nous avons toujours eu cette vocation, ce désir, de partager nos connaissances. »

« Je suis convaincu d’une chose, la Bourse peut être très payante à long terme. L’investisseur qui adopte des règles de base devrait être en mesure de s’y enrichir considérablement », poursuit-il. Apprendre aux Québécois à mieux comprendre les rouages de l’investissement boursier est donc non seulement utile pour améliorer leur sécurité financière, mais aussi pour l’économie. Bref, c’est gagnant pour toute la société, pense-t-il.