Dessin de deux hommes d'affaire se serrant la main
neyro2008 / 123rf

Le vieux guerrier de Saint-Hyacinthe n’a pas lancé la serviette et reste fidèle à ses convictions.

Annoncée au début de mai, la transaction porte principalement sur la division assurance du Groupe Financier Multi Courtage, qui passe dans les rangs du Groupe Cloutier. Ainsi, c’est celui-ci qui désormais honorera les contrats d’assurance.

L’agence générale que dirige Patrick Cloutier a également pris une participation minoritaire dans la filiale de fonds communs de placement appelée Multi Courtage Capital. Le Groupe Cloutier occupera deux des quatre sièges de son conseil d’administration.

Relève et quotas de production

Selon le président-fondateur du Groupe Financier Mult i Courtage, deux raisons motivent cette transaction:l’absence de relève familiale et la difficulté presque insurmontable de faire fonctionner une agence générale de taille modeste.

«Mon fils n’était pas du tout intéressé à ce genre d’entreprise. Il s’intéresse plutôt à l’univers des technologies et de la gestion de l’innovation», raconte Guy Duhaime.

En outre, les exigences de quotas de production des assureurs devenaient impossibles à satisfaire de façon durable.

«Depuis une quinzaine d’années, la plupart des assureurs ont haussé leurs exigences de production. En conséquence, les contrats directs sont moins nombreux. Étant donné qu’on doit nouer des ententes de distribution avec de plus grandes agences générales, nos marges bénéficiaires en ont vraiment souffert. Malgré cela, on a toujours continué à payer les représentants avec les mêmes commissions qu’ailleurs», explique Guy Duhaime.

En 2021, précise le présidentfondateur, l’agence générale de Saint-Hyacinthe avait sept contrats directs avec des assureurs. Af in de couvrir l’entièreté de l’offre des assureurs canadiens, le Groupe Financier Multi Courtage devait passer par «quelques autres»agences générales qui prenaient une part des sur-commissions.

Impacts chez les conseillers 

Au moment de la transaction, le Groupe Financier Multi Courtage comptait «une centaine de conseillers actifs», précise son fondateur. D’après ce dernier, ils y gagneront au change.

«En raison de sa taille, le Groupe Cloutier a forcément davantage de ressources qu’une agence régionale», dit-il. Ainsi, l’équipe des spécialistes de produits du Groupe Cloutier était sensiblement plus étoffée que celle du Groupe Financier Multi Courtage.

«Le Groupe Cloutier a des spécialistes de produits et services en prêts hypothécaires, en prestations du vivant, en planification financière, en assurance vie, etc. On ne pouvait pas offrir toute cette gamme à l’interne. Nos spécialistes de produits et services, c’était surtout moi, le directeur général Daniel Richard et Michel Lévesque, l’adjoint au directeur général. La baisse de nos marges bénéficiaires nous avait forcés, au fil des ans, à restreindre cette offre de soutien», souligne Guy Duhaime.

Rappelons que le Groupe Clout ier compte env i ron 165 employés.

«Nos effectifs en assurance se joignent au Groupe Cloutier. C’est près d’une dizaine d’employés. Et personne ne perd son emploi. Au contraire, puisqu’ils formeront l’ossature du sixième bureau régional du Groupe Cloutier. Ce seront nos employés et nos locaux», affirme Guy Duhaime.

L’avenir

Serait-il possible aujourd’hui de développer une agence générale indépendante en partant du bas de l’échelle, comme l’a fait Guy Duhaime au milieu des années 1980 ?

«Créer une agence générale à partir de rien est presque devenu une mission impossible. Au départ, il faudrait assumer d’importants frais en technologies, de l’ordre de quelques centaines de milliers de dollars. Et il y a la question des quotas de production. Seules de très grandes entreprises pourraient maintenant accomplir ce tour de force», rétorque le fondateur de l’agence de Saint-Hyacinthe.

En revanche, ajoute ce dernier, les valeurs du conseil indépendant et de la propriété québécoise restent toujours pertinentes et d’actualité. «J’aurais sans doute pu vendre le Groupe Financier Multi Courtage à quelqu’un d’autre que le Groupe Cloutier et recevoir un plus gros chèque. Mais je voulais que mon entreprise reste une propriété québécoise dans un groupe qui incarne et qui défend bien le conseil indépendant», dit-il.

Et c’est avec «quelques pincements au coeur», ajoute-t-il, que s’achève une grande aventure entrepreneuriale de quatre décennies en tant qu’agence générale.

«Je ne regrette rien. Ça en valait le coup. Et ce n’est pas terminé, car je ne suis pas à la veille de prendre ma retraite. J’adore la profession. Et tant que la santé et l’énergie seront de la partie, je continuerai à défendre à ma façon le conseil indépendant», soutient Guy Duhaime.

Pendant au moins trois ans, il sera consultant auprès du Groupe Cloutier. Il s’occupera notamment d’aider les conseillers à mieux développer leurs pratiques d’affaires et leurs clientèles.

Il restera aussi aux commandes de la division Multi Courtage Capital, le courtier en valeurs mobilières à permis restreint.

«Le plus important pour moi était que personne ne perde son emploi, que le bureau demeure au même endroit et que l’offre générale de services soit améliorée avec les nouveaux et nombreux effectifs qui s’ajoutent», dit Guy Duhaime.

Il conserve la propriété et la direction de son propre cabinet, Services financiers Guy Duhaime. Fondé en 1978, le cabinet compte plus de 4 000 clients et revendique plus de 85 M$en actif sous gestion. Deux associés, Patrice Salvail et Sylvain Gélinas, mettent la main à la pâte. FI