Préparer la prochaine correction
magurok / 123rf

À ce noyau ne s’ajoutent que deux ou trois autres fonds, «pour quelques besoins spéciaux des clients, par exemple des considérations fiscales pour empêcher un déclenchement de gains en capital trop forts».

Cela lui donne théoriquement accès à un univers de 150 à 200 fonds, parmi lesquels une poignée comblent l’essentiel des portefeuilles des clients, que ceux-ci aient 50 000 $ d’actif à investir ou 5 M$. «Suivre des centaines de produits différents s’avère mathématiquement impossible, explique-t-il. Ça facilite le travail de suivi et ça permet de bien connaître les produits et les gestionnaires.»

Ce suivi des gestionnaires est le critère crucial. «J’aime pouvoir parler à un gestionnaire et, avant d’en retenir un, je l’analyse pendant un ou deux ans.»

Autre critère prioritaire : que l’offre de service de l’émetteur de fonds soit complète et que sa brochette de fonds réponde à toutes les circonstances possibles de marché. «Si les marchés dégringolent, par exemple, est-ce que j’ai accès à différents produits pour me couvrir ?»

Horizon orageux

Benoît Beaumont perçoit à l’horizon les signes d’une correction boursière, sans pouvoir dire évidemment quand elle frapperait. Cela tient à ce qu’il appelle la «désensibilisation» des marchés à l’endroit d’événements qui normalement auraient suscité de vives réactions. «Le Brexit aurait dû avoir un impact énorme, mais une semaine plus tard, c’était comme si rien ne s’était passé.»

Il cherche donc des alternatives, surtout en gardant l’oeil ouvert pour des gestionnaires qui excellent dans les titres à revenu fixe. Et il commence à rapatrier les actifs de ses portefeuilles. «En 2001, le contenu canadien des portefeuilles était de 70 % et les investisseurs étaient réticents à aller du côté des actions mondiales. Maintenant, c’est l’inverse. Les clients sont réticents à revenir au Canada, mais c’est ce que je commence lentement à faire.»

Fonds mondial de dividendes – Série F

Manufacturier : AGF

Création : août 2007

Actif sous gestion (ASG) (31 décembre 2017) : 2,57 G$

Ratio des frais de gestion (RFG) : 1,24 %

Rendement annualisé depuis la création : 7,0 %

«Ces gestionnaires ont une gestion semblable à celle d’un fonds de pension, fait ressortir Benoît Beaumont. C’est exactement le créneau où je veux que se tienne le gestionnaire d’un fonds de dividende. Ce style conservateur offre stabilité et continuité à long terme.»

Ces éléments priment sur les rendements, bien que ces derniers ne soient pas à négliger et se comparent avantageusement à ceux des pairs. «Mais je cherche surtout une volatilité plus faible et un gestionnaire qui ne cherche pas les coups de circuit, mais plutôt à toujours occuper les buts. Même si les marchés sont mauvais, il va encore générer du revenu pour les clients.»

C’est ce dont témoigne un ratio de Sharpe de 0,98 sur trois ans et de 1,44 sur cinq ans (plus ce ratio est élevé, meilleur est son rendement comparativement au risque encouru).

Benoît Beaumont trouve aussi dans ce fonds une solide résistance à la baisse dans des marchés agités. Ainsi, une chute de seulement 16 % en 2008 et un rendement positif de 2,9 % en 2011 constituent des gages de la solidité qu’il cherche.

Fonds de revenu canadien Sentry – Série F

Manufacturier : Financière CI

Création : juillet 2005

ASG (30 novembre 2017) : 5,18 G$

RFG : 1,23 %

Rendement annualisé depuis la création : 9,8 %

Depuis quelques années déjà, Benoît Beaumont gardait à l’oeil Sentry, «une entreprise superbe», dit-il. Mais il se tenait à distance à cause d’une gamme de fonds trop restreinte. La récente acquisition de Sentry par Financière CI le ravit.

Encore une fois, nous avons affaire ici à une équipe de gestion qui ne privilégie pas le coup de circuit, mais plutôt le travail défensif, quoique la feuille de route du fonds soit exemplaire. La résistance à la baisse en 2008, à – 21 %, n’a pas été prodigieuse, «ce qui n’est pas trop surprenant pour un fonds de titres majoritairement canadiens». Par contre, elle a été beaucoup plus solide en 2011, affichant un gain de 7,6 %.

Un aspect ressort : les titres du fonds sont très différents de ceux de l’indice S&P/TSX. Par exemple, on ne trouve aucun titre bancaire dans les 15 principaux titres, et la sélection présente plusieurs noms inattendus.

Un autre point fort tient à la fidélité des gestionnaires, dont les deux principaux sont présents depuis 2002 et 2008. «Je tiens à cette persévérance. Il m’est arrivé de me départir de fonds parce que les équipes avaient trop changé.»

Catégorie Croissance mondiale Power Dynamique

Manufacturier : Fonds Dynamique

Création : mars 2002

ASG (31 décembre 2017) : 1,36 G$

RFG : 1,33 %

Rendement annualisé depuis la création : 11,2 %

Voici un moteur de croissance qui n’est pas pour tous les portefeuilles, convient Benoît Beaumont. «Il ne représentera pas une grosse portion dans mes portefeuilles types, dit-il. Il comble un volet croissance et petite capitalisation, même si ce n’est pas un fonds de petite capitalisation comme tel.»

En effet, la volatilité ici est élevée, comme on la trouve dans un fonds de petite capitalisation. Et ici, contrairement aux deux fonds précédents, les rendements sont prioritaires, comme en témoignent des résultats en 2013, 2015 et 2017, de 42,5 %, 25,9 % et 53,1 % respectivement. Mais il ne faut pas chercher un coussin défensif : en 2008, la chute a été tout aussi spectaculaire, de – 46 % ; par bonheur, moins fracassante en 2011 : – 4,7 %.

La concentration de titres est considérable, à 22 actuellement, et ne dépassant jamais 30. «Le gestionnaire de portefeuille Noah Blackstein, qui est présent depuis le début, est un stock picker intégral. Il fait une sélection très judicieuse des titres, il les suit de très près et il sait trouver des idées de placement fascinantes.»