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Richard-Éric Nantais, conseiller en placement à la Financière Banque Nationale, a une approche très distinctive de celle des autres conseillers dont nous avons traité dans cette chronique : il n’investit que dans des fonds communs d’actions.

Les portefeuilles de ses clients contiennent cependant des obligations, mais uniquement à l’intérieur de fonds équilibrés, dont la part obligataire ne le préoccupe guère.

«Je construis mes portefeuilles en allant au maximum d’actions admissible pour chacun des profils de mes clients, dit le conseiller. Par défaut, cela donne une part obligataire, mais les choix et les décisions relatifs à cette part, je les laisse entièrement entre les mains des gestionnaires.»

Par exemple, même si un profil de client présente une concentration obligataire de 75 %, «je comblerais cette partie uniquement avec des fonds équilibrés et aucun fonds obligataire pur», précise Richard-Éric Nantais.

C’est une philosophie originale qui étonne pour une clientèle répartie presque également entre retraités et professionnels.

«Pourquoi me préoccuper de revenu fixe, surtout avec les taux actuels, qui ne donnent pratiquement aucun rendement ? Et la volatilité ne me dérange pas. Aussi bien aller chercher le meilleur potentiel. De toute façon, les indices vont nécessairement être plus élevés dans 5, 10 ou 20 ans.»

Richard-Éric Nantais choisit uniquement des fonds cotés 5 étoiles par Morningstar, des fonds auxquels il demande par-dessus tout de battre leurs indices. «Si un fonds ne le fait pas, il se retrouve sur la sellette et risque de se faire remplacer par un autre fonds 5 étoiles.»

Ce changement, s’il a lieu, ne s’effectue qu’une fois par année, à l’automne. Car le conseiller est très peu interventionniste. «Je m’en remets toujours le plus possible aux gestionnaires.»

Par exemple, lors de la chute de mars dernier, «aucun de mes portefeuilles n’a connu de changement». Par contre, lors de cette révision automnale, tout est remis en question: tant le profil des clients que la sélection des fonds. En revanche, la seule décision d’allocation se prend entre trois catégories: actions américaines, canadiennes et mondiales.

C’est dire que la sélection mise de l’avant par Richard-Éric Nantais présente un net profil croissance.

Fonds de valeurs sûres américaines TD –série investisseurs

Manufacturier:Gestion de placements TD

Offre initiale du fonds: 31 octobre 1996

Actif sous gestion (ASG): 9,2 G$(30 octobre 2020)

Ratio des frais de gestion (RFG): 2,38 %

Rendement annualisé depuis la création: 8,29 % (30 septembre 2020)

Ce fonds, géré par la firme américaine T. Rowe Price, présente une très longue feuille de route. Au cours de la première moitié de son histoire, jusqu’en 2009, il a connu une performance peu enviable. Avant même la crise de 2008, il affichait à peine quelques points de pourcentage de gain. Par contre, à partir de 2009, le fonds s’est propulsé dans la stratosphère avec un rendement annualisé sur 10 ans de 18,8 % (au 30 septembre dernier).

Richard-Éric Nantais explique la faible performance jusqu’en 2009 par le fait que le fonds se concentrait sur «l’ancienne économie» des PepsiCo et Coca-Cola de ce monde. Mais le gestionnaire «a su chevaucher la lame de fond de la nouvelle économie de médias numériques qui a démarré autour de 2010».

Toutefois attention, précise le conseiller: «Ce n’est pas un fonds techno, mais bien un fonds d’actions américaines qui investit dans toutes les tailles d’entreprise», avec une préférence pour les moyennes et les grandes capitalisations.

Ce fonds répond au profil type de Richard-Éric Nantais:un investisseur de croissance maximale, tel qu’il se définit lui-même, en rappelant que «j’ai zéro revenu fixe dans mon portefeuille personnel».

Fonds canadien de croissance Mackenzie – série A

Manufacturier: Placements Mackenzie

Offre initiale du fonds: janvier 1976

ASG: 4,1 G$(30 septembre 2020)

RFG: 2,46 % (31 mars 2020)

Rendement annualisé depuis la création: 9,9 %

Voici un autre fonds fétiche de Richard-Éric Nantais. Ce fonds, géré par une équipe émérite sous la direction de Dina DeGeer, est concentré sur les titres canadiens, à hauteur de 50,5 %, et les titres américains, à hauteur de 40,5 %.

Il se fait un point d’honneur d’être centré sur les entreprises et non sur les indices. Cela l’amène à investir dans des sociétés qui peuvent être moins connues, mais qui s’affirment néanmoins comme des chefs de file dans leurs créneaux. C’est ainsi qu’à côté de titres comme RBC Banque Royale et Microsoft, on trouve Premium Brands Holdings et Groupe TMX, tous des titres qui se retrouvent dans les 10 principales positions du fonds.

Deux choses distinguent ce fonds. Tout d’abord, une forte concentration autour de 30 à 35 titres, concentration qui ne gêne pas Richard-Éric Nantais, qui prône pourtant la diversification comme principe directeur. «La diversification à laquelle je tiens n’est pas tant sur le plan des fonds eux-mêmes que sur celui des gestionnaires.»

L’autre trait caractéristique tient à une capacité de croissance aussi forte qu’est sa capacité défensive. Ainsi, de mai 2008 à février 2009, alors que le S&P/TSX perdait 43,3 %, le fonds ne cédait que 28 %. Dans la débandade récente de mars 2020, il a reculé de 13,5 %, moins que la moitié de l’indice canadien, perte qu’il a presque entièrement rattrapée au cours du trimestre suivant, avec une hausse de 13,9 %.

Catégorie Fidelity situations spéciales –série A

Manufacturier: Fidelity Investments

Offre initiale du fonds: juin 2008

ASG: 746 M$(30 septembre 2020)

RFG: 2,47%

Rendement annualisé depuis la création: 12,2 %

Voici un autre coup de cœur qui correspond en tous points aux impératifs de croissance de Richard-Éric Nantais. Lancé en pleine tempête boursière de 2008, le fonds dégage quand même un rendement annualisé de 12,15 % depuis sa création (rendement au 30 septembre dernier). Au cours des 10 dernières années, qui ont été plus clémentes, il affiche un rendement de 15 %, ce qui comprend la chute de mars 2020.

Le gestionnaire du fonds, Mark Schmehl, a conçu ici un fonds technologique, mais avec une distinction particulière: il investit dans des PME, surtout canadiennes, non pas créatrices de technologies, mais utilisatrices de technologies.

Quand Mark Schmehl évoque des «situations spéciales», c’est qu’il «cherche surtout des occasions comme des entreprises en cours de restructuration ou qui connaissent des difficultés financières temporaires, souligne Richard-Éric Nantais. On peut sans hésiter le qualifier de gestionnaire hors pair qui mérite amplement sa cote 5 étoiles.»