Photo portrait de Nancy Paquet.

Nancy Paquet est devenue première ­vice-présidente à la direction, ­Gestion de patrimoine, à la ­Banque Nationale (BN) le 1er novembre. Elle est la première femme à occuper ce poste dans l’histoire de la banque.

Lors de l’annonce de sa nomination, en juin, ­Laurent ­Ferreira, président et chef de la direction à la ­BN, soulignait son « approche axée sur la croissance, son leadership mobilisateur et sa capacité à bâtir de solides partenariats internes et externes ».

Nancy ­Paquet « a joué un rôle déterminant dans la transformation et la modernisation de tous les secteurs qu’elle a menés », ­ajoutait-il.

S’ouvre ainsi un nouveau chapitre dans la carrière de cette gestionnaire qui a rarement hésité à sortir de sa zone de confort. Native de ­Beauport, en banlieue de ­Québec, Nancy ­Paquet est titulaire d’un baccalauréat en droit de l’Université ­Laval (1993). Elle a choisi le droit parce que cela menait aux affaires et même au journalisme, qui l’intéressait également.

Elle ose dès le début de sa carrière en commençant à Montréal au cabinet ­Desjardins ­Ducharme. « J’ai été affectée au secteur valeurs mobilières/­fusions-acquisitions, et j’ai fait wow ! C’est ça que j’aime ! »

Elle effectue par la suite son ­Cours sur le commerce des valeurs mobilières au ­Canada et poursuit ses études au MBA à ­HEC ­Montréal. « C’était audacieux de faire un MBA en travaillant à temps plein, tout en ayant un enfant, mais ce fut une excellente décision », relate ­Nancy ­Paquet, qui a obtenu son diplôme en 2001.

La même année, elle prend une autre décision audacieuse et se joint à ­Standard ­Life à titre de démarcheuse (wholesaler). « Ça m’a pris beaucoup de courage pour changer d’industrie. Mais je suis tombée à l’endroit où je pouvais dire “c’est ce que je veux faire dans la vie !” »

Ce tournant de sa carrière n’a guère plu à son père. « ­Il était tellement découragé. Aujourd’hui, il est passé ­par-dessus », ­ajoute-t-elle avec un clin d’œil.

À ­Standard ­Life, ­Nancy ­Paquet a fait la connaissance de Bernard ­Letendre, alors premier ­vice-président, ­Fonds de placement. Il lui a appris les rouages du métier, et elle l’a ensuite rejoint à ­BMO ­Banque privée ­Harris en 2005, où ce fut « une bonne école pour le crédit ».

En 2006, ­Nancy ­Paquet est devenue planificatrice financière. « À compter de ce moment, j’ai toujours cru à l’importance du conseil », ­dit-elle. Et ça teinte son parcours à la ­BN, qui débute en 2007.

Au sein de l’institution financière, ­Nancy ­Paquet a notamment contribué à la création du rôle de spécialiste en investissement et retraite (SIR), qui vise à mettre l’accent sur le conseil, la planification financière et la planification de la retraite auprès des clients.

Nancy ­Paquet a été nommée ­Membre honoraire de l’Institut québécois de planification financière en 2020 et, en 2023, l’organisation lui a accordé le titre de ­Fellow de l’IQPF pour sa contribution au développement et au rayonnement de la profession au ­Québec.

Évoluer avec la ­BN

Nancy ­Paquet a grandi au sein de la ­BN et a contribué à la faire grandir. À son arrivée, elle s’est vu confier de multiples mandats. Elle a occupé successivement les postes de ­vice-présidente régionale, ­Distribution aux conseillers, de présidente de ­Banque ­Nationale ­Courtage direct, de ­vice-présidente, ­Partenariats, de ­vice-présidente, ­Investissement et, au moment de sa récente nomination, celui de première ­vice-présidente, Particuliers.

Nancy ­Paquet a notamment géré l’implantation d’une nouvelle plateforme technologique dans les succursales en 2019. Un « projet de technologie de l’information de grande envergure impliquant la fusion des quatre grands livres (book of record) dans le but de permettre la vente de certificats de placement garanti et de fonds communs de placement », ­explique-t-elle. « ­Un beau projet » qui l’a amenée « hors de [sa] zone de confort », mais qui lui a appris « énormément de choses, notamment à travailler avec de grandes équipes multidisciplinaires ».

Malgré la diversité de ses expériences à la ­BN, ­Nancy Paquet est demeurée près du secteur ­Gestion de patrimoine. Martin ­Gagnon, à qui elle succède aujourd’hui, a longtemps été son patron. En 2016, lorsqu’elle a « fait le saut du côté du réseau », elle a continué à siéger à son comité de direction, « parce que le réseau des succursales est un partenaire important pour Banque ­Nationale ­Investissements », rappelle-t-elle.

Au printemps 2022, lorsque ­Paolo ­Pizzuto, alors premier vice-président, Particuliers, a annoncé sa retraite, c’est ­Nancy ­Paquet qui s’est vu confier « toutes les forces de conseil pour l’ensemble des succursales bancaires, incluant celles de ­Natbank, en Floride ».

Nancy ­Paquet est aujourd’hui à la tête de l’équipe de leaders qui supervisent l’ensemble des activités relatives à la gestion de patrimoine, incluant les services de courtage en valeurs mobilières de plein exercice, la conception et la distribution de solutions de placement, les solutions de courtage autogérées, les services de compensation de tiers, de même que les services fiduciaires.

Le secteur de la ­Gestion de patrimoine au sein de la ­BN est en croissance. Pour la période de 12 mois se terminant à la fin du 3e trimestre de 2023, son revenu total s’élevait à 2,5 G$ et son résultat net, à 752 M$. Le premier a crû à un rythme annuel composé de 9,8 % par rapport à la période correspondante se terminant au 3e trimestre de 2021 et le second a progressé de 10,1 %. Le secteur comptait 2 739 employés (équivalent temps plein) à la fin du ­T3 2020 par rapport à 3 026 à la fin du ­T3 2023, soit 3,4 % de croissance annuelle composée.

L’un de ses défis consiste à poursuivre cette croissance. Un plan d’affaires triennal ­2024-26 a été développé, dont l’axe principal s’articule autour « de la croissance de l’investissement et du conseil ». Beaucoup d’initiatives demeurent dans la continuité, précise ­Nancy ­Paquet.

Par exemple, le vieillissement de la population favorisera le transfert intergénérationnel de richesse. Pour s’y adapter, les équipes de conseillers en placement (CP) de la ­Financière ­Banque ­Nationale (FBN) se sont transformées graduellement afin de réunir des ­CP plus expérimentés avec des plus jeunes. L’objectif était de s’occuper des besoins de chacun des membres de la famille, selon leurs segments d’âge ou d’intérêt et éviter le risque que les héritiers ne changent de conseiller.

Si, à court terme, ­Nancy ­Paquet privilégie la croissance organique, elle laisse la porte ouverte aux occasions d’acquisition, « mais pas à n’importe quel prix ». Elle rappelle les acquisitions par la ­BN du ­Groupe ­Option Retraite, en 2008, et celles de ­Wellington ­West et de la division des ­services-conseils en placement de plein exercice de ­Valeurs mobilières ­HSBC, toutes deux en 2011, des transactions auxquelles elle a participé.

Pour l’instant, les efforts sont surtout consacrés au recrutement « d’individus ou d’équipes de ­CP pour la FBN, ce qui nous permet de croître, mais à une cadence qui est plus facile à absorber », ­dit-elle.

« ­La croissance hors ­Québec est très importante pour la banque, de façon globale, et ­Gestion de patrimoine est un joueur clé dans cette démarche », signale ­Nancy ­Paquet. Parmi les efforts déployés en ce sens, elle fait état d’un poste de gestion à pourvoir à la ­FBN pour l’Ouest canadien et la création récente, à ­Toronto, d’un centre d’appels réunissant 12 personnes « capables de répondre aux questions de la communauté asiatique qui est d’origine chinoise ».

De plus, ­Nancy ­Paquet évoque une « croissance de synergies, qui peut être obtenue par un travail d’équipe plus grand ». Elle parle du besoin de « travailler encore mieux en transversalité », comme étant un autre défi important, et cite la gestion des données à titre d’exemple. « ­En 2007, chaque unité d’affaires avait sa propre base de données, au contraire de maintenant, où elles sont gérées dans une perspective davantage transversale, qui requiert beaucoup plus de coordination, que ce soit à l’intérieur de ­Gestion de patrimoine, mais aussi avec les autres groupes de la banque. Il faut que chaque dollar utilisé bénéficie à deux, trois, quatre, cinq lignes d’affaires en même temps. »

Un autre défi est celui de la diversité et de l’inclusion, dans l’optique où ­Ottawa souhaite accueillir 500 000 nouveaux arrivants par année d’ici 2025. Selon elle, la ­BN devrait tendre à ressembler à la population qui est servie afin de « mieux la comprendre et répondre à ses besoins ».

Quant à l’accueil des femmes dans la profession, ­Nancy Paquet est d’avis que la ­BN fait mieux que d’autres groupes. « À la ­FBNGP, notre pourcentage de femmes ­CP est de 19,7 %, contre 16,3 % dans l’industrie », ­affirme-t-elle. En marge des programmes proposés aux stagiaires par la ­BN, elle parle aussi de programmes adaptés aux femmes qui désirent devenir ­CP.

Nancy ­Paquet est d’ailleurs fière de contribuer au réseau Femmes en tête depuis ses débuts, en 2012. Créé à l’attention des employées de la ­BN désireuses de progresser en tant que gestionnaires au sein de l’organisation, ce programme offre notamment du mentorat et des activités de réseautage à ses membres afin de leur permettre d’accroître leurs connaissances de la ­BN, d’étendre leur réseau professionnel et de faire valoir leur leadership. Nancy ­Paquet a d’abord agi comme marraine et elle en est aujourd’hui la leader. « ­Voir toutes ces jeunes femmes qui ont osé faire les choses différemment, prendre des risques, se faire confiance et s’entraider, c’est réconfortant. »

Sur le plan technologique, différentes initiatives ont été récemment mises en place dont, à la ­FBN, l’adoption de Salesforce comme logiciel de gestion de relation client et le lancement d’une nouvelle plateforme d’ouverture de compte et de demande automatisée de services.

L’objectif consiste à compléter les livraisons et stabiliser les choses, « parce qu’il y a quand même une limite à la capacité d’absorption de nouveautés des gens et des engagements réglementaires aussi, tel que le règlement ­31-103, qui ont imposé des changements sur la façon de faire les choses ».

Mais il n’y aura jamais de fin à l’évolution technologique, estime ­Nancy ­Paquet, en nommant le cas de ­ChatGPT, qui changera certaines façons de faire. « ­Probablement pas pour le conseil offert aux clients, mais à l’interne, ­peut-être que ça pourrait être un outil permettant de répondre plus rapidement à des questions ? »

Elle cite à titre d’exemple la mise en place d’un agent conversationnel (chatbot) à l’interne, il y a quelques années, dans l’une des divisions qu’elle dirigeait. L’outil a permis de redistribuer certaines ressources en raison des bénéfices liés à cette implantation.

Quoi qu’il en soit, un « petit projet pilote » impliquant l’intelligence artificielle, chapeauté par les équipes de ­TI et de données, s’amorcera dans les prochaines semaines à Banque ­Nationale ­Courtage Direct. « ­On reste ouvert à l’innovation, mais on doit aussi continuer à faire affaire de façon efficiente et sécuritaire », ­souligne-t-elle.

Elle se dit également impatiente de voir comment les choses vont s’articuler avec la mise en place de l’Organisme canadien de réglementation des investissements. « iA ­Gestion privée de patrimoine vient tout juste d’obtenir son double enregistrement, ce sont des clients dans notre grande famille, alors nous allons sans doute en apprendre un peu avec eux. »

Elle juge que « ça peut être quelque chose de très porteur qui va nous permettre de nous harmoniser sur la façon dont on sert les clients au ­Canada et qui, je l’espère aussi, va donner une plus grande accessibilité au conseil à l’ensemble des clients ».