Les Américains les appellent les gourous de la finance.Cinq personnalités québécoises du secteur des services financiers nous disent qui sont leurs gourous préférés… avec un gros grain de sel, car ils savent bien que personne ne détient la vérité avec un grand V.

Vice-président principal, gestionnaire de portefeuille, responsable de l’équipe des titres à revenu fixe de Placements AGF, Jean Charbonneau lit régulièrement la lettre d’information d’un autre spécialiste des titres à revenu fixe, à savoir James (Jim) Bianco de Bianco Research (http://tinyurl.com/c8fwad9).

Située à Chicago, cette firme est régulièrement citée par la presse financière américaine lorsqu’il est question de déficits gouvernementaux, d’inflation (ou de déflation), de taux d’intérêt et de la Réserve fédérale (Fed).

«La lecture rigoureuse que fait Jim Bianco des marchés financiers et de l’économie s’appuie sur l’analyse fondamentale, l’étude de la valorisation des actifs et l’analyse technique. Son cadre d’analyse rejoint plusieurs des facteurs qui me permettent d’élaborer ma propre stratégie d’investissement», remarque Jean Charbonneau.

Cependant, le gestionnaire d’AGF n’est pas un fan des commentaires de Bill Gross (http://tinyurl.com/cqj4h9c). «Bien qu’il soit le Warren Buffett du monde obligataire, je ne crois pas que Bill Gross publicisera ses stratégies avant de les mettre en oeuvre», confie le gestionnaire d’AGF.

Pédagogue Buffett

«Question placement, Warren Buffett est le meilleur pédagogue du monde. Son rapport annuel est une merveille de clarté et ses citations ont l’efficacité des meilleurs slogans publicitaires», dit Alain Huard, vice-président et directeur régional des ventes chez Invesco Canada.

Bien écrits, faciles à lire, les rapports annuels du conglomérat de Warren Buffett (http://tinyurl.com/2lhy7e) peuvent être lus par Monsieur et Madame Tout-le-Monde, souligne-t-il.

«Je n’hésite pas à les recommander à mes propres clients. Je me sers également de plusieurs de ses citations afin de faciliter leur compréhension de grands concepts d’investissements», dit-il.

Sa citation préférée de Warren Buffett est la suivante : «En investissement, le rétroviseur est toujours clair, mais le pare-brise, toujours opaque». C’est la traduction, dans la langue de tous les jours, d’une phrase clé qu’on retrouve dans tous les prospectus de fonds, mais souvent mal comprise, à savoir que «les rendements passés ne garantissent pas les résultats futurs».

Le président et chef de la direction de la Bourse de Montréal et chef des marchés de dérivés du Groupe TMX, Alain Miquelon, est aussi un adepte de l’oracle d’Omaha.

«Je lis Warren Buffett depuis un quart de siècle, dit-il. Ses lettres aux actionnaires (http://tinyurl.com/cbxldll) sont des bijoux d’exhaustivité. Je m’empresse aussi de lire la plupart des documents et des articles qui citent Warren Buffett.»

Le dirigeant de la Bourse de Montréal souligne que les lettres aux actionnaires du milliardaire américain examinent les différents secteurs de l’économie, des biens manufacturiers au commerce de détail en passant par la gestion d’actif.

Et il rêve du jour où surgira le prochain Warren Buffett, en Chine, en Inde ou au Brésil.

«L’action se déroule désormais dans les pays en émergence. Nous avons besoin d’un Warren Buffett issu de ces pays afin de mieux comprendre ce qui s’y passe», estime-t-il.

Trahan et Lynch

Conseiller spécial au PDG de Valeurs mobilières Desjardins (VMD), Yves Néron est un disciple de Peter Lynch.

Auteur des livres One Up on Wall Street, Beating the Street et Learn to Earn, Peter Lynch estime qu’il est possible de surpasser les gestionnaires de fonds si on applique en Bourse des savoirs particuliers. Par exemple, en se promenant régulièrement dans des centres commerciaux, on pourrait constater ce qui est vogue auprès des consommateurs et modifier ainsi son portefeuille boursier.

«C’est en allant magasiner avec ma conjointe que j’ai observé la popularité croissante de la marque lululemon», dit-il. Il a réagi en achetant le titre de ce distributeur de vêtements de sport. Une décision qu’il n’a jamais regrettée.

Yves Néron suit de près l’économiste et stratège David Rosenberg, de la firme de gestion privée Gluskin Sheff and Associates (http://gluskinsheff.com/Thin king/Research). Connu pour sa vision baissière (bearish) des marchés, David Rosenberg a récemment affirmé que l’on approchait du point de «capitulation» et qu’il était temps de commencer à faire des emplettes en Bourse.

En 2013, Yves Néron se propose de lire François Trahan, celui qui monte, qui monte et qui monte. Au cours des neuf dernières années, la revue Institutional Investor l’a désigné six fois comme le meilleur stratège boursier de l’année à Wall Street. Et par trois fois, au second rang de ce podium extrêmement compétitif et convoité. François Trahan est maintenant aux commandes de sa propre firme, Gestion de capital Trahan.

Marsan et Graham

Plus tôt dans sa carrière, Gino Savard, président de Mica Services financiers, s’est beaucoup intéressé à Warren Buffett et à Benjamin Graham, le «père» de la valeur intrinsèque et l’auteur du fameux Intelligent Investor, régulièrement réédité depuis sa sortie en 1949. «Dès qu’on parle de Benjamin Graham ou de Warren Buffett, cela capte mon attention», dit Gino Savard.

Aujourd’hui, à 42 ans, le dirigeant de Mica Services financiers lit régulièrement les «Commentaires économiques et financiers» de Sigma Alpha Capital (http://tinyurl.com/cj45on6).

«J’aime voir comment l’équipe d’André Marsan modifie sa stratégie d’investissement au gré des événements. André Marsan est très talentueux et il a énormément d’expérience», dit-il au sujet du président-fondateur et stratège principal de Sigma, toujours à la barre du navire.

Gino Savard avoue qu’il lit «rarement» les commentaires de gestionnaires de fonds communs. «Même si leur secteur va mal, ils ne nous diront jamais d’arrêter d’acheter leurs produits», estime-t-il.

Il prend également le pouls de l’économie nord-américaine à travers les analyses de Carlos Leitao, stratège en chef et économiste en chef de Valeurs mobilières Banque Laurentienne (VMBL). «Cet économiste très coté est plus pessimiste que la moyenne, ce qui nous donne une certaine marge de manoeuvre», déclare-t-il.