Le Big Data sera-t-il une vague irrésistible qui soufflera tout sur son passage, à l’instar de la locomotive à vapeur et des réseaux électriques à une autre époque ?

Peut-être, mais nous n’y sommes pas encore. Selon les consultants en stratégie d’affaires Oliver Wyman, cette vague n’a pas encore atteint les banques et les compagnies d’assurance.

Données sous-exploitées

L’édition 2013 de l’étude «State of the Financial Services Industry» d’Oliver Wyman affirme que l’industrie financière continue à utiliser ses données informatiques comme en 2008, et même comme en 1998 ou en 1988 (http://tinyurl.com/k6o34hq) !

Autrement dit, le Big Data n’a encore pas modifié les façons de faire des assureurs et des banques en matière de fixation des prix, de techniques de souscription de produits d’assurance, de segmentation de la clientèle et de mesure de sa satisfaction.

«Ces immenses actifs informationnels sont loin d’être exploités à leur pleine valeur», constate-t-on chez Oliver Wyman.

La souscription des risques en assurance vie offre un bon exemple de ce retard. Les assureurs ne semblent pas avoir commencé à exploiter le Web afin d’identifier les personnes qui ont des comportements à risque.

C’est ce qu’a remarqué un ancien responsable de l’agence gouvernementale américaine Federal Trade Commission, devenu professeur de droit à la Georgetown University, David C. Vladeck.

Il a donné en exemple la recherche et l’achat d’une friteuse sur le Web. Les assureurs n’ont pas encore accès à ce type de données, qui associerait l’acheteur d’une friteuse à quelqu’un qui pourrait avoir un jour des problèmes cardiaques graves.

Retard étonnant

Le diagnostic d’Oliver Wyman est surprenant, compte tenu du fait que le Big Data a déjà montré son grand potentiel. Par exemple, l’élection de Barack Obama est vue par les spécialistes comme le triomphe du Big Data et du microciblage.

Les stratèges du président américain ont réussi à mesurer très finement le degré d’intérêt des électeurs des États clés à l’égard d’Obama, ainsi que les probabilités qu’ils aillent voter. Ainsi, ces stratèges ont pu concentrer leurs efforts sur les électeurs qui étaient potentiellement les plus rentables pour eux (http://tinyurl.com/mj6ham4).

Cependant, les banques et les assureurs ont encore fort à faire avant d’exploiter leurs données jusqu’à un niveau aussi élevé de précision.

Selon Oliver Wyman, d’autres intermédiaires financiers ont une longueur d’avance sur eux. Il s’agit des réseaux électroniques de paiement, des bureaux de crédit, des agences de notation et des fournisseurs de données financières.

Au rythme actuel, aux États-Unis, la capitalisation boursière de ces intermédiaires finira par dépasser celle des banques en 2020, prévoit Oliver Wyman. Cela est dû à la connaissance que ces intermédiaires tirent et continueront à tirer des données qu’ils gèrent.

Pas de vue d’ensemble

Selon un collaborateur de la publication Bank News (1er septembre 2013), les banques ont, en règle générale, trop de systèmes informatiques qui ne communiquent pas entre eux.

«Les banques se retrouvent avec de multiples dossiers concernant le même client et les comptes clients sont reliés à plusieurs dossiers. En conséquence, nous obtenons une piètre image de la relation globale du client à la banque», soutient-il.

Si tel est toujours le cas, les consultants spécialisés dans l’industrie bancaire ont de beaux jours devant eux.

Oliver Wyman regroupe 3 000 consultants en stratégies d’entreprise répartis dans 25 pays. Cette firme appartient à Marsh & McLennan Companies, qui est également propriétaire de Mercer (retraite et avantages sociaux), Marsh (assurance) et Guy Carpenter (réassurance).