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À bien des égards, les neuf dernières années ont représenté relativement peu de défis pour les conseillers et ont permis aux investisseurs de dormir en paix… même les plus nerveux d’entre eux.

La correction que nous vivons depuis le début du mois aura mis fin à une très longue séquence marquée par une absence de volatilité et des records sur de nombreux indices. Cette séquence, au-delà des rendements qu’elle aura permis de créer dans les portefeuilles des clients, aura également désinhibé plusieurs d’entres eux aux risques inhérents à une exposition aux marchés.

La confiance construite sur cette séquence a poussé plusieurs investisseurs à augmenter leur prise de risques d’autant plus que, les rendements faciles et peu risqués étant réalisés en début de cycle, il devient nécessaire de s’exposer davantage pour maintenir le rythme de croissance du départ. Le rythme auquel plusieurs se sont habitués et ont fini par croire qu’il était normal.

Nous voici donc plus près de la fin que du départ, plus près du moment où cette prise de risque excédentaire aura un coût.

Si le profil de votre client est réaliste et n’est pas affecté par le parfum d’euphorie qui flotte dans l’air, cela ne devrait pas être un problème.

Mais voilà, plusieurs investisseurs n’ont jamais vécu 2008-2009. Plusieurs autres ont oublié comment ils ont vécu cette période de leur vie d’investisseurs. Ce manque d’expérience ou de mémoire les aura poussés à surestimer leur tolérance aux risques lorsqu’ils ont répondu à vos questions, complété leur profil ou déterminé le mandat qu’ils vous ont donné.

Ou peut-être est-ce l’air ambiant qui aura poussé votre client à vous demander plus d’exposition, d’agressivité et de croissance. Quand le beau-frère laisse entendre à Noël qu’il a fait un rendement incroyable en achetant des Bitcoins à 500$ il y a quelques années, il y a de quoi être pris du syndrome de l’investisseur gonflable.

Mais voilà, la correction que nous venons de vivre nous sert de rappel et peut avoir des vertus pédagogiques. Pas qu’il faille nécessairement sécuriser tous les portefeuilles et le faire immédiatement mais plutôt qu’il s’agit sans doute d’une belle occasion (et l’une des dernières) pour nous assurer que nos clients sont à l’endroit où ils devraient vraiment être en termes de risques et d’exposition aux marchés.

C’est le moment idéal de revenir aux fondamentaux : connaître son client et connaître son produit.

Connaître son client, c’est établir un profil d’investisseur et de tolérance aux risques réel, pas influencé par neuf années de hausses confortables. Un profil qui sera valide même dans la tempête et qui évitera au client de se retrouver en fâcheuse position ou de vivre des nuits blanches.

C’est également en profiter pour réévaluer si, eut égard aux objectifs du client et son échéancier, il n’y a pas lieu de prendre le gain et de se protéger contre des temps qui seront plus difficiles éventuellement.

C’est finalement revoir les produits qu’on a utilisé pour s’assurer qu’ils respectent toujours le plan de match et surtout qu’ils ne cachent pas de mauvaise surprise sous la forme d’une exposition aux risques mal calculée ou mal comprise. Avec des stratégies sans cesse plus complexes et inventives, il peut arriver de faire des découvertes troublantes ou qui nous avaient échappées au départ.

Bref, cette correction que nous venons de vivre est là pour nous rappeler que nous ne sommes pas invincibles et, comme elle n’est pas sévère, que nous avons encore une chance de nous assurer que notre travail repose sur du solide plutôt que sur une évaluation erronée des faits.