Savoir prévoir une récession
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La firme a créé son propre modèle de prévision en se basant sur deux modèles existants, à savoir celui de l’«inversion de la courbe des taux d’intérêt» et celui développé par Wells Fargo.

Les anciens modèles et leurs défauts

Le modèle de l’inversion de la courbe des taux d’intérêt compare le taux à court terme et le taux à long terme. Il a prédit sept récessions sur les neuf dernières.

Cependant, le Groupe Ouellet Bolduc soupçonne la venue d’une prochaine récession sans inversion de la courbe, en raison de similitudes entre la situation actuelle et celle des deux récessions non prévues des années 1950. Par exemple, le taux de chômage actuel (4,10 %) est très proche de celui qui avait cours à l’époque (4 %).

Étant donné que le premier modèle ne lui semblait pas adapté aux conditions actuelles, le Groupe Ouellet Bolduc s’est intéressé au modèle de Wells Fargo, qui a anticipé les neuf dernières récessions, même celles qui se sont produites sans inversion de la courbe de rendement.

Le modèle démarre au début de la phase de resserrement monétaire, c’est-à-dire en décembre 2015, date où la Réserve fédérale monte son taux pour la première fois. Wells Fargo prend en compte le taux le plus bas atteint par les obligations américaines depuis cette date. Le déclenchement de son modèle de récession se fait quand la Réserve fédérale a un taux directeur plus haut que le taux 10 ans le plus bas du cycle.

En décembre dernier, Wells Fargo a déclenché son modèle de récession, car le taux directeur de la Réserve fédérale a atteint 1,50 % et que le taux 10 ans le plus bas enregistré depuis décembre 2015 était de 1,37 % (soit en juin 2016).

Cependant, étant donné que le taux de 1,37 % est très rapidement remonté, le Groupe Ouellet Bolduc ne pense pas qu’il s’agisse d’un indicateur de récession pleinement efficace. De plus, selon la firme, Wells Fargo déclenche son modèle de récession bien avant elle (en moyenne 19 mois avant) et a déjà enregistré quatre faux signaux depuis les années 1960. Le Groupe Ouellet Bolduc a donc préféré créer son propre modèle.

«Ce qui est important, c’est de savoir que les trois modèles s’intéressent au mouvement des taux d’intérêt. Ils regardent le message qu’envoie le marché obligataire. Mais dans le nôtre, nous avons ajouté des critères que nous trouvions plus fondamentaux», explique Daniel Ouellet, gestionnaire de portefeuille et conseiller en placement au Groupe Ouellet Bolduc.

Le modèle prévisionnel du Groupe Ouellet Bolduc

Comme le modèle prévisionnel de Wells Fargo, le cycle sur lequel se base le modèle du Groupe Ouellet Bolduc commence à la première hausse du taux directeur en décembre 2015.

Cependant, au lieu de prendre comme valeur le taux 10 ans le plus bas sur cette période, son modèle se sert du taux moyen (actuellement de 2,08 %). Comme ce taux change tous les jours, cela permet au modèle d’évoluer.

«Notre modèle serait donc déclenché si la Réserve fédérale décidait de monter son taux à trois reprises [2,25 %] et que le taux d’intérêt ne bougeait pas», explique Daniel Ouellet.

Le modèle du Groupe Ouellet Bolduc s’intéresse également à ce que la courbe de rendement révèle. Si la courbe est accentuée, c’est le signe que l’économie est assez forte pour continuer à augmenter, alors que si elle tombe en dessous de 0,75 %, il est temps de penser à déclencher le modèle de récession.

L’outil du Groupe Ouellet Bolduc permet de repérer les neuf dernières récessions environ 14 mois avant leur date effective (soit 5 mois de moins que le modèle de Wells Fargo). De plus, il n’a envoyé qu’un seul faux signal depuis les années 1960.

En 2018, le Groupe Ouellet Bolduc compte suivre ce modèle et fait donc preuve d’un «optimisme prudent». La courbe de rendement, bien que positive, s’aplatit légèrement, ce qui invite à la prudence. Cependant, les gestionnaires ne pensent pas que ce soit le moment de déclencher leur modèle de récession.

«Nous voulons continuer de profiter le plus longtemps possible d’un contexte économique favorable, explique Jonathan Bolduc. Cependant, nous n’attendrons pas le dernier moment pour diminuer l’exposition du portefeuille de nos clients au marché.»