CELI: sept mythes qui ralentissent vos clients
Africa Studio / Shutterstock

« Le CELI est un compte bancaire »

C’est le nom du CELI qui l’a condamné depuis sa naissance à être mal compris. Beaucoup de clients le voient simplement comme un compte d’épargne d’où on peut retirer des fonds à sa guise.

« Aller piger souvent dans son CELI ne donne pas la chance à son épargne de croître, note Angela Iermieri, planificatrice financière et porte-parole chez Desjardins. L’avantage du CELI c’est d’y faire croître son épargne à l’abri de l’impôt, alors si on ne génère pas de revenus c’est sûr qu’on perd l’avantage de ce régime.»

Lire aussi – CELI : les erreurs les plus fréquentes en images

Pire, certains clients ouvrent même des CELI dans plusieurs institutions financières : « Les gens en ont parfois jusqu’à quatre ou cinq parce qu’ils le voient comme un compte bancaire, indique Guylaine Dufresne, directrice principale, investissement et planification financière, à la Banque Laurentienne. Il devient difficile de faire le suivi des retraits et des dépôts pour s’assurer qu’on respecte les règles.»

« Le CELI est fait pour les gens riches »

Au contraire, Hélène Marquis, directrice régionale planification fiscale et successorale chez Gestion privée de patrimoine CIBC, soutient que c’est un outil parfait pour la classe moyenne. Selon elle, les clients ont tendance à oublier qu’ils ne doivent pas nécessairement cotiser les 10 000 $ permis pour que le CELI leur soit utile.

« Si le client n’a que 1000 $ à épargner, il est préférable de le mettre de côté que de le dépenser. C’est mieux que de ne pas épargner du tout. Dans les faits, un sondage de la CIBC démontrait récemment que seulement 4 % des Canadiens avaient cotisé les 10 000 $ permis dans leur CELI. Toutefois, 50 % des Canadiens ont un CELI et y ont cotisé ou planifient de le faire », souligne-t-elle.

« Le CELI est mieux que le REER puisqu’on n’a pas besoin de payer d’impôt sur les retraits »

Angela Iermieri rappelle aux clients que ce sont deux produits différents qui apportent des avantages différents: « Il n’y a pas d’impôt à payer sur les retraits du CELI parce qu’il n’y a pas eu, comme dans le cas du REER, de déduction lorsqu’on a cotisé.

Puisque le REER offre un report d’impôt, on reçoit une déduction au moment de la cotisation et on doit payer de l’impôt lorsqu’on retire des sommes.»

Le CELI peut toutefois se substituer au régime d’accès à la propriété (RAP) pour les clients qui n’en sont pas à leur premier achat immobilier: « Le RAP est un régime pour un premier acheteur alors que le CELI peut être retiré pour faire n’importe quoi sans être pénalisé, avance Hélène Marquis. C’est une bonne option pour les clients qui ont déjà utilisé le RAP.»

« On peut tout transférer sans conséquence dans un CELI »

Un client qui transfère un placement non enregistré dans son CELI pourrait avoir quelques surprises, comme l’explique Guylaine Dufresne: « Lorsqu’on l’envoie dans le CELI on déclenche le gain, ou la perte, en capital. Par exemple, un FCP de 10 000 $ qui vaut maintenant 11 000 $ et qui est transféré dans un CELI déclenchera le gain en capital de 1000 $. Je devrai déclarer mon gain parce que je m’en vais vers un régime enregistré qui sera à l’abri de l’impôt. Le rendement que j’ai fait dans le passé n’est pas à l’abri de l’impôt, je vais devoir déclarer mon gain en capital.»

Même chose pour une perte en capital qui ne pourra donc pas être utilisée pour éponger d’autres gains dans le futur.

« Le CELI ne rapporte pas »

Les clients ne semblent pas tous comprendre que le CELI est le régime et qu’on peut y mettre n’importe quel placement autorisé.

« Le CELI est le véhicule de placement, c’est le contenant où on met ses placements. Pour que son CELI rapporte du rendement, il faut choisir les bons placements. Beaucoup de gens s’arrêtent au nom « compte d’épargne » et croient que c’est un compte d’épargne à intérêt élevé qu’on peut acheter dans une banque », souligne Angela Iermieri.

Le choix du placement est très important afin de maximiser l’économie d’impôt, indique pour sa part Guylaine Dufresne: « Souvent les gens vont mettre des certificats de placement garantis dans leur CELI. Si, par exemple, ils y placent 10 000 $ avec un taux d’intérêt de 1,5 % et un taux marginal d’imposition de 40 %, on aura une économie d’impôt de 60 $. Ce n’est pas négligeable, mais ce n’est pas aussi intéressant que ça pourrait l’être.»

Toutefois, certaines limites existent, rappelle Hélène Marquis: « Il existe des restrictions, mais elles touchent des investissements qu’un client pourrait faire, entre autres, dans sa propre société privée ou dans des sociétés privées. Ce sont les mêmes règles existent pour le REER.»
 
En page 2: le CELI au décès et les retraites

« Au décès, le CELI est fermé et ça s’arrête là »

Au moment du décès du détenteur du CELI, tout ce qui y est accumulé peut être transféré à son conjoint, et ce, sans affecter les droits de cotisation de ce dernier: « Un CELI de 40 000 $, par exemple, peut être transféré au conjoint survivant qui pourra continuer d’avoir son propre CELI avec ses limites de cotisation qui vont augmenter annuellement, soutient Angela Iermieri. Détail important, le CELI n’est pas transférable à personne d’autre que le conjoint au Québec.»

« On peut retirer sans conséquence d’un CELI »

Les clients ne comprendraient pas bien les règles concernant les retraits du CELI, prévient Guylaine Dufresne : « Les gens ne comprennent pas que lorsqu’on fait un retrait de son CELI, c’est le montant de ce retrait, les droits inutilisés et la cotisation de l’année suivante qu’on peut déposer de nouveau dans son CELI.»

Elle ajoute qu’il faut aussi faire attention aux placements qui auraient perdu en valeur: « Si la valeur de mon CELI a chuté de 41 000 $ à 34 000 $ et que je retire 34 000$, l’année suivante je ne pourrai déposer que 34 000 $ plus les 10 000 $ annuels. Retirer d’un CELI lorsque la valeur des placements est à la baisse risque de me faire perdre des droits de cotisation, en quelque sorte.»