Michel-Olivier Marcoux : éduquer l'investisseur
Michel-Olivier Marcoux

« J’ai grandi là-dedans et j’ai eu la chance ensuite d’avoir des professeurs vraiment inspirants. Chacun a ses talents et s’il est possible de les utiliser pour aider les autres à accomplir leurs rêves ou atteindre leurs objectifs, c’est l’idéal. Moi, j’ai toujours voulu aider autour de moi, mais je n’ai pas l’étoffe pour être un travailleur social. Par contre, j’ai la finance dans mon ADN, alors l’une des choses qui me rend le plus fier au quotidien, c’est de contribuer à aider les gens à réaliser leurs projets de vie », indique Michel-Olivier Marcoux.

Détenteur d’un baccalauréat en administration avec concentration finance de l’University of Sioux Falls et d’une maîtrise en finance de Villanova University, en Pennsylvanie, Michel-Olivier Marcoux a bénéficié de bourses d’études sportives afin d’effectuer son parcours universitaire en sol américain.

« J’ai eu une bourse pour aller jouer au tennis. C’était l’un de mes objectifs lorsque j’étais à l’école secondaire. J’ai joué pendant quatre ans, dont une période en division 1, qui est un niveau menant chez les professionnels. Pour ma part, c’est le plus loin où je me suis rendu. Aspirer à jouer chez les professionnels coûte vraiment très cher et il a fallu que je sois réaliste quant à mes chances de percer », raconte-t-il.

Michel-Olivier Marcoux estime que ses études aux États-Unis lui auront permis non seulement une immersion en milieu anglophone, mais également de fréquenter de grandes écoles dotées d’un excellent programme d’étude en finance. « En maîtrise, nous gérions deux fonds de 100 000 $ chacun avec du vrai argent. Nous achetions réellement des actions et des FNB, alors c’était loin d’être seulement théorique ».

Une fois ses études complétées, Michel-Olivier Marcoux, à défaut de réaliser son rêve de travailler à Wall Street, est revenu dans la région métropolitaine et s’en est finalement trouvé bien heureux.

« Comme je me trouvais aux États-Unis, j’ai approché certaines firmes à New York. Mais nous étions en 2011 et les effets de la crise sur le secteur financier étaient encore bien présents. Au final, j’étais très content de revenir à la maison car j’avais passé quatre ans loin de ma famille et de mes amis », raconte-t-il.

Détenteur du titre de représentant en épargne collective, Michel-Olivier Marcoux travaille d’abord auprès du courtier Mérici Services Financiers de 2011 à 2014.

« J’avais eu la chance de faire un stage chez Gestion de portefeuilles Natcan, avant qu’elle ne soit fusionnée à Fiera Capital, et j’aspirais au départ à un poste en gestion de portefeuille. Je me suis toutefois rapidement aperçu qu’il n’y avait pas tellement d’ouvertures à Montréal et je n’étais pas intéressé à déménager de nouveau, par exemple à Toronto. C’est pourquoi je me suis tourné vers Mérici ».

Ce fut un mal pour un bien, estime-t-il, puisqu’il a ainsi découvert qu’il aimait beaucoup plus travailler avec les gens que d’être assis devant un ordinateur. C’est d’ailleurs ce constat qui l’a éventuellement motivé à fonder sa propre firme.

Le goût d’aider

Gestion de patrimoine ASF est composé d’une équipe de trois conseillers. Sa pratique se distingue par le fait qu’elle construit des portefeuilles personnalisés pour chacun de ses clients, peu importe l’importance de leur actif. « Nous ne croyons pas que deux personnes soient identiques. Ils ont des obligations et des aspirations qui leur sont propres, alors il n’y a pas de raison que leurs portefeuilles respectifs soient le même ».

Michel-Olivier Marcoux est d’avis que le système de pointage auquel ont souvent recours les grandes institutions financières afin d’analyser le client « rend le conseiller paresseux. Le client remplit un formulaire en indiquant son âge, son revenu, sa tolérance au risque, etc. Cette démarche permet de déterminer un pointage et après, on lui offre un portefeuille modèle correspondant au pointage. Le formulaire est utile pour connaître son client, mais lorsque la personne est devant nous, qu’elle exprime ses peurs et ses objectifs, ce n’est pas vrai qu’on ne peut construire le portefeuille le plus adéquat pour elle ».

La firme compte des clients de tous les âges. Ils proviennent d’horizons divers et des entrepreneurs y côtoient des fonctionnaires. « Mais de plus en plus, nous ciblons une clientèle de jeunes professionnels, parce que ce sont des gens de notre âge, qui commencent à épargner et souvent, il sont mal servi en raison de leur faible capital à investir. Pourtant, ce sont eux les prochains qui auront des valeurs à placer. »

Michel-Olivier Marcoux mise d’ailleurs sur le long terme et estime que la philosophie de type « valeur » a un potentiel plus intéressant dans le temps que celui lié à l’approche « momentum ».

Carence en matière d’éducation

Michel-Olivier Marcoux est particulièrement sensible à la difficulté que beaucoup de personnes ont à épargner pour leur retraite. Il estime que la société en assume actuellement les frais. Le problème majeur, selon lui, est le manque d’éducation d’une grande partie de la population en matière de finances personnelles et d’investissement. Il se réjouit de constater que l’éducation économique va faire un retour au programme de secondaire cinq.

« Les gens sortent de l’école et ne savent pas quoi faire avec leur argent. Ils ne comprennent pas le crédit et sont vulnérables. D’autant plus qu’avec la technologie, il est maintenant facile d’acheter des actions en ligne. Si le réflexe est intéressant, il n’en demeure pas moins que les gens ne sont pas conscients que cela nécessite un travail de recherche sérieux. Ils sont donc susceptibles de faire des erreurs coûteuses », analyse-t-il.

Cette absence de connaissance, c’est ce qui l’a incité à rédiger son premier livre, Investir, publié en octobre 2016 aux Éditions au carré.

« Les gens ne connaissent pas la finance et ont un peu honte de ne pas connaître ça. Ils ont peur d’aborder la question et de parler de leur situation financière, mais en même temps ils ne sont pas bien outillés pour l’améliorer. J’ai donc cherché à vulgariser certains concepts afin que les gens utilisent l’ouvrage comme un outil de référence », explique Michel-Olivier Marcoux.

Dans cet esprit, il aimerait bien aller faire des conférences dans les écoles, afin d’aider les jeunes a être davantage sensibles à l’économie et à la finance. « C’est sûr que ça peut sembler plate quand ça paraît compliqué et qu’on ne comprend pas trop comment ça peut influencer notre vie. Pourtant, adopter rapidement de bons réflexes financiers aura assurément un impact sur le reste de notre vie. »