Clientèle autochtone

« En février, les actifs sous gestion et sous administration de la BMO concernant les autochtones ont dépassé les 3 G$ au Canada. Il n’y a pas si longtemps, nous étions à 2 G$ », confie Mark Shadeed, directeur services bancaires aux Autochtones, Québec et province de l’Atlantique pour BMO.

Selon les données du ministère Affaires autochtones et Développement du Nord Canada (AADNC), la population autochtone atteignait 1,4 million de personnes en 2011. Dans ce nombre, on comptait près de 700 000 personnes Indiens inscrits et plus de 59 000 inuits.

« En l’espace de 50 ou 60 ans, le développement social a été fulgurant pour eux », insiste François Fortier, gestionnaire de portefeuille et directeur de la succursale de la Financière Banque Nationale à Saint-Jean-Sur-Richelieu. Il est également spécialisé dans les clientèles inuits.

Les institutions financières ont souhaité contribuer à ce développement social et offrent maintenant plusieurs types de financement aux clientèles autochtones.

Ainsi, trois types de financement de la Banque de Montréal (BMO) permettent aux Premières Nations de financer des projets à caractères sociaux.

Le premier type de financement est fait directement aux Premières Nations.

« Souvent, les Premières Nations n’ont pas assez de fonds provenant des subventions gouvernementales pour leurs projets. Dès lors, ils se tournent vers les institutions financières pour obtenir les sommes manquantes », explique Mark Shadeed.

Principalement, ce type de financement concerne les infrastructures existantes dans les communautés.

Les deux autres types de financement touchent les entreprises et les individus. Dans les deux cas, le financement doit être endossé par la Première Nation. Cette obligation vient des lois fiscales empêchant les institutions financières d’obtenir des garanties sur les prêts individuels.

« La Loi sur les Indiens établit que les biens meubles et les biens immeubles d’un Indien situés sur une réserve sont non imposables et insaisissables », explique Réginald Mentor, fiscaliste.

Concrètement, cela signifie qu’il est impossible pour une banque de faire un prêt hypothécaire en obtenant en garantie la maison d’un Autochtone.

C’est donc pour contourner cette situation que les institutions financières font affaire avec les Premières Nations, qui deviennent imputables du prêt.

« La Première nation s’engage à racheter la maison si la personne ne paye pas son hypothèque. Elle se porte garante parce que la terre où est située la maison lui appartient. Les défauts sur les hypothèques ne les inquiètent pas parce que la communauté a des listes d’attente de gens intéressés à acheter une maison », indique Mark Shadeed.

Les communautés autochtones canadiennes connaissent la croissance démographique la plus importante au Canada. Le AADNC, prévoit une croissance de 1,4 % de la population autochtone, entre 2016 et 2021, soit deux fois celui de la population canadienne pour la même période.

Retraite

Dans une autre perspective, les enjeux d’épargne pour la retraite sont les mêmes que ceux des Non-Autochtones.

« Un de mes clients qui fait de la vérification comptable depuis une trentaine d’années dans les communautés m’a indiqué qu’une fois à la retraite, plus rien n’attendait les Inuits », raconte François Fortier.

En réalité, les Inuits peuvent compter sur les régimes de pensions publiques, mais sans plus. François Fortier a voulu éliminer ce manque au début des années 2000.

« J’ai mis sur pied des programmes d’épargne pour la retraite et un par un, nous avons accumulé les villages, explique-t-il. À l’heure actuelle, nous avons des participants dans l’ensemble des communautés du Nunavik, et plus de 5 % de la population provinciale a un programme avec nous. »

Apprivoiser l’épargne et en voir les avantages n’est pas toujours évident pour les autochtones.

« Penser à la retraite est un concept dichotomique pour des communautés qui vivent au jour le jour. Avec le temps, ça a été intégré et ils commencent à en voir les avantages », souligne François Fortier.

Il s’agit du premier article d’une série de trois portant sur la clientèle autochtone. 

Photo Shutterstock