Profitable, la multidisciplinarité?
Bloomberg

«Si on examine la question uniquement sous l’angle de la rémunération, la réponse est non», tranche Sylvain de Champlain, président du cabinet De Champlain Groupe financier. «Je n’effectue pas plus de ventes uniquement à cause de mon titre de planificateur financier», ajoute celui qui est également assureur vie agréé et représentant de courtier en épargne collective.

Le conseiller précise que c’est le coaching, bien plus que ses nombreuses qualifications, qui l’ont aidé à avoir du succès en affaires. «Les titres ne sont que des outils. Si on ne sait pas comment les utiliser, ils deviennent un peu inutiles», illustre-t-il.

Selon Benoît Beaumont, représentant en assurance de personnes et planificateur financier chez Partenaires Alpha, certains diplômes augmentent néanmoins la crédibilité des conseillers aux yeux de leurs clients.

«Pour le commun des mortels, mon titre de représentant de courtier en épargne collective ne signifie pas grand-chose. À mes débuts, je passais donc beaucoup de temps à expliquer en quoi consistait mon travail et à justifier ma compétence. Maintenant, quand je dis aux gens que je suis planificateur financier, ils ont une idée beaucoup plus claire de ce que je fais, et le lien de confiance s’établit plus facilement», estime-t-il.

Benoît Beaumont indique également que sa pratique a beaucoup changé depuis l’obtention de son titre de planificateur financier. «Auparavant, je desservais essentiellement des particuliers et j’avais un gros volume. Aujourd’hui, je travaille plus avec des entreprises et mes dossiers sont plus complexes», dit-il.

Tendance à la baisse

Malgré ces avantages, la proportion de conseillers multidisciplinaires n’a pas cessé de chuter ces dix dernières années. D’après les données de la Chambre de la sécurité financière, elle est en effet passée de 35,6% en 2003 à 29,8% en 2013.

Julie Arseneault, une conseillère autonome qui cumule une dizaine d’années d’expérience, fait justement partie de ceux qui ont contribué à cette tendance. «En plus d’être représentante de courtier en épargne collective, je détenais autrefois mon permis de représentante en assurance collective de personnes. Il y a quelques années, j’ai toutefois décidé de ne conserver que le premier titre», raconte-t-elle.

Plusieurs raisons ont motivé ce choix, à commencer par le manque de temps. «Comme mon associée et moi avons près de 350 clients, il m’est impossible de me tenir parfaitement à jour dans toutes les disciplines. J’ai donc préféré me spécialiser, afin de bien répondre aux besoins de ma clientèle», explique-t-elle.

Les coûts associés aux différents permis ont achevé de la convaincre. «Plus on est qualifié, plus on paie. À mon sens, c’est contre-productif», se désole Julie Arseneault.

Sylvain de Champlain est du même avis. «On devrait exiger des cotisations plus importantes de la part des conseillers qui détiennent moins de permis. Ça inciterait les gens à élargir leur champ de compétences, et au bout du compte, ce sont les clients qui en bénéficieraient», affirme-t-il.