La liberté ou l'égalité?

Il voulait dire que, dans un monde où la liberté prime, les différences vont s’exprimer et le résultat naturel sera de créer des inégalités. De même, si l’égalité domine, on devra réprimer la liberté pour que les différences ne puissent pas s’exprimer. Je vous parle de ceci, car nous pouvons faire un lien certain avec le débat qui fait rage dans le monde et dont nous avons parlé le mois passé, soit celui de l’austérité.

En effet, l’opposition entre la liberté et l’égalité est essentiellement la même que celle qui oppose le capitalisme et le socialisme. Le capitalisme se base sur la liberté de poursuivre des activités économiques et d’en récolter les fruits, donc la prise de risque avec les conséquences qui s’en suivent, qu’elles soient positives ou négatives. Philosophiquement, ce modèle reflète le comportement de nos écosystèmes, et ce, autant dans son coté génial qu’insensible. C’est un monde où ceux qui s’adaptent mieux l’emportent et ou les autre périssent donc un monde de polarisation.

En économie, c’est le modèle qui maximise la production de richesse, mais sa faiblesse réside dans une allocation très inégale de cette même richesse. Dans un contexte animal, ce modèle a la propriété d’être très robuste à cause de sa faculté de s’auto-ajuster donc de revenir vers l’équilibre lorsque les excès se font sentir. Par exemple, lorsqu’il y a trop de lions, le manque de gazelles va assurer que plusieurs lions ne pourront survivre suite au manque de nourriture et vice et versa.

Par contre, lorsque l’humain entre en ligne de compte, notre sensibilité rend ces processus d’ajustements très difficiles en raison de notre propension à la compassion. Nous protégeons donc les démunis qui seraient, dans l’exemple du règne animal, ceux qui périraient. De plus, l’histoire a démontré que les inégalités extrêmes conduisent à des révoltes car, contrairement aux animaux, nous refusons de se plier à ces lois. Dans le capitalisme sans système de valeurs (partage, philanthropie, compassion, etc.), le contrôlant sème à chaque jour les graines de son autodestruction.

Le socialisme, pour sa part, se concentre sur l’allocation de la richesse à l’intérieur de la société. Peu de gens, même les gens de la droite, ne reconnaissent pas la grandeur de cet idéal. En effet, je suis le premier qui croit que, pour avoir une paix sociale, il est nécessaire de verser une partie de mes gains aux moins fortunés. Le problème vient de l’interférence politique qui se veut, malheureusement, une très mauvaise méthode de redistribution de la richesse en raison des motivations qui sont autres qu’économiques. De plus, la taxation excessive entraine un appauvrissement général à cause de la fuite de capital et de l’effet dissuasif que cette taxation a sur l’envie travailler dans un contexte où la prise de risque n’est pas bien rémunérée.

La propension à emprunter qu’ont les gouvernements fait aussi parti du problème. Pour se faire réélire, on emprunte afin d’acheter des votes, car si on se fie seulement à l’autofinancement, les chances de réélection sont faibles. C’est ici que le tout s’écroule, car l’accumulation de dettes détruit tranquillement la capacité de générer l’activité économique nécessaire à financer les mesures permettant le maintien de l’égalité, telle que perçue. Parlez-en à l’Union soviétique ou à la Chine. Le socialisme est donc un système qui favorise l’égalité, mais moins la richesse qui la finance.

Notre réflexe naturel est de parler de modelé hybride donc d’un capitalisme humanitaire. En pratique c’est une tâche monumentale qui est peu susceptible de réussir si elle est menée par des politiciens. Je soutiens que la seule avenue qui nous permettra de maintenir nos filets sociaux passe par l’assainissement des finances publiques. Tout jeune, mon père m’a dit que seuls les riches ont les moyens d’être socialistes et il avait bien raison.

Concentrons-nous donc sur les conditions qui permettent la création de richesse avant de pousser l’égalité à son extrême. Sinon, nous nous retrouverons dans un canot où très peu de gens vont pagayer et ce sera presqu’impossible de faire face au courant.

Leçon de toute cette histoire: à long terme, un investisseur doit favoriser les pays où les conditions de création de richesse dominent s’il veut bien performer.

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Ce texte provient du Stratège, une publication de l’Association de planification financière et fiscale (APFF), et a été écrit par Pascal Duquette.