Un homme d'affaire attablé à une table verte avec son ordinateur. Son ombre est bien plus grande que lui.
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En effet, en intégrant la distribution des fonds alternatifs à même le Règlement 81-102, lequel encadre les fonds communs de placement que nous connaissons tous, il devient alors possible de distribuer des fonds alternatifs à beaucoup plus d’investisseurs et ce, par beaucoup plus de courtiers et de conseillers que jamais.

Ce changement annonce une plus grande démocratisation des outils d’investissement : ce qui a longtemps été réservé aux caisses de retraite et aux investisseurs qualifiés devient maintenant accessible plus facilement à la masse.

Mais qu’est-ce qu’un fonds alternatif?

En premier lieu, il faut faire attention à l’étiquette puisqu’elle a le dos très large. Les placements dits « alternatifs » regroupent en réalité une foule de stratégies, mécanismes ou classes d’actifs très différents les uns des autres. Si on les a regroupés sous l’étiquette des « alternatifs » c’est qu’ils s’opposaient aux produits standards et autorisés à la vente au marché de masse : les fonds à prospectus.

Par exemple, un fonds à prospectus classique ne peut détenir plus de 10% de sa valeur liquidative dans le titre d’un seul émetteur. Pour un fonds alternatif, ce seuil passe à 20%.

Autre exemple : il est possible pour un fonds alternatif de détenir des métaux précieux physiques jusqu’à 10% de sa valeur liquidative. Un fonds commun classique ne le peut pas.

D’autres éléments touchent la capacité de levier à même le fonds alternatif ou encore la vente à découvert d’éléments d’actifs. Autant de stratégies impossibles pour les fonds communs standards.

Pourquoi?

Un fonds alternatif emploie donc des stratégies ou des classes d’actifs qui, normalement, sont interdites ou limitées dans les produits classiques. C’est dans un esprit de diversification et de gestion du risque qu’on les emploie.

En fonction des cycles de marchés, mais également des stratégies utilisées par les gestionnaires de fonds alternatifs, il est possible d’ajouter une diversification bienvenue dans un portefeuille d’investissements. Lorsque bien utilisée, cette diversification peut avoir pour effet de réduire la volatilité et de stabiliser le portefeuille.

Les pièges à éviter

 Le premier piège à éviter est de croire ou de considérer que tous les fonds alternatifs logent à la même enseigne, s’équivalent ou ont la même approche.

La meilleure analogie possible est de comparer la catégorie des fonds alternatifs à des fruits : ce n’est pas parce qu’une pomme, une orange, un kiwi et un ananas sont tous des fruits qu’ils ont la même apparence, le même goût et qu’on peut les cuisiner de la même manière.

Il existe même des fruits exotiques que vous n’avez jamais goûtés ou que vous ne connaissez même pas!

Il faut donc être prudent avec cette classe d’actifs et considérer chaque produit comme étant unique.

Un deuxième piège à éviter est de chercher à en mettre trop au menu. Il ne faut pas abuser, même des bonnes choses. En exposant trop votre client aux produits alternatifs, vous risquez d’obtenir des effets contraires à ceux recherchés. Gardez en mémoire que les produits alternatifs offrent une diversification et non une valeur de remplacement intégrale aux classes d’actifs traditionnelles.

Comment y avoir accès?

 Tout d’abord, votre courtier doit autoriser la distribution de fonds alternatifs. Cela peut sembler simple, mais, pour être honnête, la mise en place de la distribution de tels produits entraîne son lot de défis pour les courtiers.

De la formation minimale à la connaissance des produits, en passant par la modification des systèmes informatiques et le mise en place de procédure et mécanismes pour assurer la convenance, il n’est pas déraisonnable de croire que cela pourrait prendre un certain temps avant qu’une masse critique de courtiers n’autorisent la distribution de fonds alternatifs.

Une fois que son courtier autorisera la distribution, le représentant doit lui-même se qualifier pour avoir le droit d’en conseiller à ses clients et d’en insérer dans leurs portefeuilles.

Pour le moment, le représentant doit avoir complété avec succès le cours sur le commerce des valeurs mobilières (CCVM), le cours d’initiation sur les produits dérivés ou encore être CFA.

Il est donc possible que plusieurs d’entre nous devions retourner sur les bancs d’école afin de nous qualifier.

En conclusion, il s’agit d’une réforme qui ouvre un monde de possibilités dont nous ne faisons que débuter l’exploration. Évoluons dans cet espace de manière raisonnable et ordonnée. Nos clients et notre industrie en sortiront plus forts.