Une femme d'affaire assise regardant un tableau de plan de marché
hasloo / 123rf

À l’époque où j’ai commencé à élaborer des portefeuilles à partir de fonds négociés en Bourse (FNB), la majorité des méthodes indicielles se fondait sur la pondération en fonction de la capitalisation boursière. J’ai décidé de concevoir quatre modèles de portefeuilles fondés sur le risque : prudent, équilibré, croissance et croissance dynamique.

J’ai ensuite choisi des FNB qui devaient servir de placements de base (core) et satellites pour les différentes catégories d’actifs et régions géographiques, conformément à la politique de placement de chaque portefeuille.

Au départ, les placements de base reproduisaient, à peu de frais, le rendement d’indices généraux composés en fonction de la capitalisation boursière, comme les indices d’actions S&P/TSX (XIC), S&P 500 (SPY) et EAEO (ZDM) et l’indice obligataire universel ScotiaMcLeod (XBB). Les placements satellites étaient plus sectoriels, surtout si j’étais convaincue qu’un secteur, par exemple, les technologies (XLK), surclasserait l’indice S&P 500.

Au fil des ans, le marché des FNB a vu le nombre de produits factoriels croître de façon exponentielle. J’ai été parmi les premiers à adopter les FNB fondés sur des facteurs (FNB factoriels) ou des règles, qui reproduisent des indices constitués de titres présentant des caractéristiques habituellement liées à des rendements élevés. J’ai été impressionnée par la recherche des prix Nobel Eugene Fama et Kenneth French. J’ai analysé le livre blanc de First Trust sur la méthode de constitution indicielle AlphaDEX, qui se fonde sur les travaux de Fama et French. J’ai ensuite commencé à utiliser certains des FNB factoriels de First Trust dans mes portefeuilles comme placements satellites pour les titres de sociétés américaines (FNX) et européennes (EUR) à moyenne capitalisation.

Les stratégies dites à « bêta intelligent » s’accompagnent habituellement de frais plus élevés que les fonds indiciels traditionnels pondérés en fonction de la capitalisation boursière. Elles devaient donc générer des rendements plus élevés ou afficher une volatilité moindre que les FNB traditionnels mentionnés plus haut pour que je songe à les inclure dans un portefeuille.

Durant les premières années, l’investissement factoriel au moyen de FNB se concentrait habituellement sur la constitution d’indices à partir d’un ou deux des cinq facteurs constants et reproductibles au fil du temps : valeur, momentum, qualité, taille et volatilité minimale. Sans aller en profondeur concernant le pour et le contre des diverses stratégies indicielles, disons simplement qu’il y avait des raisons très convaincantes d’y recourir, de pair avec celles axées sur la capitalisation boursière, pour diversifier l’actif des portefeuilles et bonifier les rendements.

L’influence des facteurs variera au cours d’un cycle économique. Par exemple, la taille pourrait mieux performer durant les reprises, ce qui a amené la question suivante : y a-t-il moyen de synchroniser le recours aux facteurs avec le cycle économique pour maximiser l’alpha ?

Je n’ai pas exploré cette avenue puisque je me suis tournée vers les FNB parce que je suis convaincue que personne ne peut anticiper les marchés. Pour citer John Bogle de Vanguard : « En 60 ans de carrière, je n’ai jamais rencontré personne qui connaît même quelqu’un qui réussit à anticiper les marchés ».

Ma décision d’intégrer les FNB factoriels dans mes modèles reposait sur des travaux scientifiques démontrant que l’approche indicielle permettrait, avec le temps, d’obtenir de meilleurs rendements et, dans certains cas, de réduire la volatilité d’un portefeuille.

Les résultats que j’ai obtenus au moyen des FNB factoriels ont été positifs en général. Cela dit, j’utilise l’approche factorielle depuis assez longtemps pour constater que les facteurs ont chacun leurs périodes de surperformance et de sous-performance. J’ai été satisfaite des rendements dégagés par les FNB à faible volatilité, comme les fonds ZLB (actions canadiennes) et EEMV (marchés émergents), lorsque les marchés sont volatils. Bien que j’en sois partisane, l’approche Fama-French tend à privilégier le facteur valeur, lequel n’a pas été très en faveur ces dernières années. En effet, c’est la croissance qui tient le haut du pavé, et ma décision de surpondérer les titres technologiques depuis la création de mes portefeuilles a porté ses fruits. J’ai obtenu cette surpondération avec un FNB sectoriel (XLK) plutôt qu’un FNB factoriel axé sur la croissance.

L’offre de FNB multi-facteurs continue d’évoluer. Les gestionnaires pour qui les facteurs et l’anticipation des marchés sont des questions importantes peuvent désormais se tourner vers les FNB multifactoriels. Ces produits peuvent être vus comme des solutions, non seulement pour les positions satellites, mais aussi pour les positions de base dans un portefeuille.

Je traiterai de ce sujet dans mon prochain article.