Deux personnes qui analysent des graphiques financiers.
ittipol / 123rf

Alors que 2022 prend son envol, la dernière enquête sur les intentions des investisseurs de l’AIMA et de With Intelligence révèle que les fonds spéculatifs sont de nouveau en tête de liste en ce qui concerne l’intérêt des investisseurs américains.

La récente croissance à deux chiffres du secteur s’est avérée être un rappel bien nécessaire que les fonds spéculatifs peuvent encore offrir des avantages tangibles. C’est un développement positif qui suscite à nouveau l’intérêt des investisseurs pour les fonds spéculatifs. Après tout, les choses n’ont pas été aussi favorables aux fonds spéculatifs depuis plusieurs années.

Au cours de la dernière décennie, la confiance et la croissance ont diminué, alors que le secteur a fourni des résultats mitigés à des prix discutables, donnant des arguments aux critiques et des raisons de s’inquiéter aux clients. Même les investisseurs américains, parmi les plus grands inconditionnels de l’industrie depuis longtemps, étaient attirés par les marchés privés et soulevaient de sérieuses questions sur la taille et le rôle de leurs engagements envers les fonds spéculatifs.

Cependant, comme nous l’avons vu, les fonds spéculatifs ont terminé l’année 2021 en enregistrant un nouveau gain annuel à deux chiffres. L’industrie a également connu ses premières entrées nettes depuis 2017. Ces résultats ont permis aux fonds spéculatifs de gagner du terrain alors que nous entrons dans 2022, la troisième année de la pandémie.

Il y a trois ans, de nombreuses institutions ajustaient en effet leurs portefeuilles de produits non traditionnels en s’éloignant des fonds spéculatifs, faisant de la place pour des allocations plus importantes dans des domaines comme le crédit privé et les actifs réels. Bien que la tendance vers les opportunités illiquides demeure, nous prévoyons quelques changements positifs avec un intérêt renouvelé pour les fonds spéculatifs cette année.

Les résultats de la récente enquête d’AIMA & With menée auprès de 224 investisseurs américains, indiquent que le capital-investissement (57 %) et les fonds spéculatifs (50 %) sont susceptibles de bénéficier d’un afflux d’investisseurs. Ces deux classes d’actifs ont enregistré de fortes performances lors des récents bouleversements. Toutes deux offrent des avantages opportuns pour la gestion des risques et les opportunités de créneau. Mais, surtout, de nombreux allocateurs estiment que les gestionnaires de crédit privé et de fonds spéculatifs sont les mieux placés pour faire face aux risques permanents liés à la hausse des taux d’intérêt et à l’intervention des gouvernements et des banques centrales. Car si certains investisseurs voient le crédit privé bénéficier de hausses de taux modestes, il existe également des inquiétudes quant à un éventuel impact négatif sur la valeur des actifs réels et immobiliers des mesures visant à contenir la flambée sur les biens immobiliers telles que le resserrement de la limite du rapport prêt-valeur et du ratio du service de la dette totale.

Les fonds spéculatifs, pour leur part, ont enregistré de solides performances au cours de chacune des trois dernières années et semblent bien armés pour relever les défis à venir. Les family offices sont le groupe d’investisseurs américains le plus susceptible d’enregistrer un intérêt pour les fonds spéculatifs en 2022.

L’enquête de With Intelligence a révélé que plus de 60 % de ces boutiques cherchent à augmenter leur allocation. Ce n’est peut-être pas surprenant, compte tenu des conditions du marché et des préférences historiques de ce groupe. Comme d’autres allocateurs, les family offices sont préoccupés par de potentiels rendements catastrophiques liés aux actions et un ralentissement du marché. Nous nous trouvons actuellement dans un environnement commercial qui semble plus adapté aux gestionnaires agiles et opportunistes. Les family offices sont en moyenne de plus petite taille, avec une structure flexible, une prise de décision rationalisée et une plus grande tolérance au risque.

Les fonds spéculatifs peuvent faire valoir des forces intrinsèques et de récentes performances exceptionnelles. Parmi les autres inconditionnels des fonds spéculatifs figurent les fondations/fonds de dotation, qui restent fidèles à leur tradition de défense des stratégies de financement spéculatif. De même, un fonds de pension d’entreprise sur deux est susceptible d’augmenter ses allocations de fonds spéculatifs. Toutefois, cette conclusion provient d’un échantillon plus petit, qui a également produit des preuves d’un intérêt sain pour l’immobilier, les actifs réels et le crédit privé.

Alors pourquoi les investisseurs américains se tournent-ils vers les fonds spéculatifs ? La principale raison offerte est l’inquiétude concernant les valorisations des actions, une question citée par 40 % des répondants, et la plus prononcée parmi les family offices. Le score de 40 % pour les fonds spéculatifs est le plus élevé pour cette raison parmi toutes les classes d’actifs non conventionnels, ce qui implique que les allocateurs considèrent certaines stratégies de fonds spéculatifs comme des paris plus sûrs dans des périodes plus volatiles.

Cependant, les investisseurs inquiets de la hausse de l’inflation se tournent vers d’autres classes d’actifs non traditionnels, notamment les actifs réels et les biens immobiliers. Une autre raison évidente de l’intérêt pour les fonds spéculatifs (35 %) est la volonté de combler un manque d’allocation cible, mais c’est un moteur plus faible que pour les autres classes d’actifs. Toutefois, il s’agit d’un motif plus important pour les fondations et les fonds de dotation américains, qui peuvent avoir une plus grande capacité à travailler avec les fonds spéculatifs que les autres types d’investisseurs. Investir dans de « nouvelles opportunités passionnantes » arrive en troisième position pour les fonds spéculatifs (33 %). Un résultat qui est encourageant pour les gestionnaires agiles de fonds d’actions à stratégie longue-courte, axés sur les événements et à multiples stratégies.

Malgré l’intérêt continu des investisseurs pour les marchés privés, les fonds spéculatifs restent bien placés, notamment auprès des fondations/dotations et des family offices. Les valorisations des actions sont une préoccupation majeure pour ces types d’investisseurs, ce qui a contribué à faire des fonds d’actions à stratégie longue-courte la stratégie de fonds spéculatifs la plus recherchée dans l’ensemble (31 %).

Pour les investisseurs institutionnels, la demande accrue d’investissements en fonds d’actions à stratégie longue-courte s’explique par les tensions géopolitiques persistantes et la pandémie de coronavirus; ces problèmes mondiaux ont faussé les valorisations et créé des difficultés pour les investissements en actifs traditionnels. Pour les petits investisseurs, comme les family offices, les valorisations élevées et l’incertitude du marché sont des facteurs, exacerbés par les difficultés qu’ils rencontrent pour accéder à certaines des plus grandes opportunités du marché privé et des actifs réels qui pourraient les aider à lutter contre les faibles rendements des titres à revenu fixe.

Ce contexte se traduit par un intérêt pour les fonds d’actions à stratégie longue-courte de la part de 48 % des family offices américains interrogés, de 35 % des fondations/fonds de dotation américains et de 21 % des pensions publiques américaines. La multi-stratégie est la deuxième stratégie préférée des fonds spéculatifs dans l’ensemble, usurpant la macro comme stratégie multi-actifs considérée comme la mieux placée pour piloter la transition vers la sortie de la COVID-19 et la hausse des taux. Les fonds de pensions d’entreprises américaines ont noté un intérêt pour les stratégies macro et un intérêt sélectif pour les fonds spéculatifs événementiels et les conseillers en placement de produits dérivés ont également été soulignés.

Dans l’ensemble, les principales conclusions sont les suivantes :

– La moitié des allocateurs américains interrogés ont déclaré qu’ils étaient susceptibles d’augmenter leur allocation aux fonds spéculatifs au cours des 12 prochains mois.

– L’intérêt est évoqué par les family offices (68 %) et les fondations/fonds de dotation (55 %), les premiers invoquant des problèmes de valorisation des actions.

– L’intérêt se concentre sur les fonds spéculatifs d’actions à stratégie longue-courte et à multiples stratégies, en particulier ceux qui ont une vocation mondiale et nord-américaine.

– En général, les allocateurs américains sont plus nombreux à s’intéresser aux fonds spéculatifs (50 %) qu’à toutes les autres classes d’actifs non traditionnels, à l’exception du capital-investissement (57 %).

– 40 % des allocateurs américains cherchaient à investir dans le crédit privé.

Soutenus par les excellentes performances des fonds spéculatifs au cours des deux dernières années, les investisseurs en prennent note et s’intéressent aux fonds spéculatifs sur les marchés publics et privés. Alors que la plupart des prévisions pour l’année à venir annoncent une volatilité continue des marchés ainsi que l’introduction d’un resserrement monétaire pour freiner la menace de l’inflation, les avantages de l’investissement dans les fonds spéculatifs (pour leur capacité à diversifier le portefeuille ainsi que pour l’opportunité de sélectionner des fonds susceptibles de fournir des rendements supérieurs à ceux de l’investissement passif) continueront d’attirer des capitaux au cours de l’année à venir.