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Ainsi, 40 % des quelque 300 clients interrogés par Goldman Sachs ont déclaré être actuellement exposés, sous une forme ou une autre, aux cryptomonnaies, 61 % d’entre eux prévoyant une augmentation de leurs participations au cours des 12 prochains mois. De même, 21 % des fonds spéculatifs investissent actuellement dans les actifs numériques et 26 % des gestionnaires de fonds spéculatifs, qui n’investissent pas encore, ont confirmé qu’ils sont en phase avancée de planification d’investissement ou qu’ils cherchent à investir. Alors que BNY Mellon, State Street, Citi, JPMorgan et Deutsche Bank sont engagés à lancer leur service de garde d’actifs numériques, et que Visa et Mastercard ont annoncé qu’elles prendraient en charge les paiements en cryptomonnaies, les indicateurs révèlent un niveau de confiance croissant et une plus grande institutionnalisation de cette technologie naissante.

Les nouvelles classes d’actifs numériques confèrent au secteur financier un rôle de plus en plus important en tant qu’opportunités d’investissement potentielles dans un secteur technologique en pleine évolution, de même qu’à titre de diversificateurs au sein des portefeuilles. Mais ce ne sont pas seulement les cryptomonnaies « traditionnelles » qui pavent cette voie. La technologie du registre distribué, qui a donné naissance au bitcoin, y a contribué, et a permis d’autres développements, incluant les cryptomonnaies stables, la jetonisation, les monnaies numériques propres aux banques centrales et les jetons non fongibles. De plus, cette technologie pourrait éventuellement être aussi appliquée aux instruments financiers traditionnels tels que les dettes et les actions, y compris de manière décentralisée par le biais de la finance décentralisée, ou « DeFi ».

La clé cryptographique, qui confère le contrôle d’un actif numérique à son titulaire se trouve au cœur de cette technologie, dans son sens le plus simple et le plus large. La clé privée – qui est essentiellement une très grande série de nombres aléatoire – est utilisée mathématiquement pour déduire une adresse publique unique, de façon similaire à ce que l’on fait pour un compte détenu auprès d’une banque. La nature de cette association permet donc très facilement, d’un point de vue informatique, de prouver qui a le contrôle d’un actif numérique, mais rendu rend la tâche très difficile pour quelqu’un désirant deviner la clé privée associée. Cela rend l’actif numérique d’autant plus difficile à acquérir de manière illicite. Cependant, aussi sûre mathématiquement que soit cette relation, elle implique de nombreuses exigences en ce qui concerne la sécurité de la clé privée.

Alors que la finance traditionnelle s’appuie sur des cadres basés sur l’identité, donc soutenant des personnes physiques ou morales, les actifs numériques reposent sur la garde et le contrôle de la clé privée. La génération, le contrôle et la gestion de ces clés privées sont très différents des méthodes traditionnelles de contrôle et de gestion des actifs. C’est le contrôle et la gestion de ces clés privées qui ont donné naissance aux cadres soutenant la garde des actifs numériques en tant qu’offre de service distincte et spécialisée.

Alors que la conservation d’une clé privée en toute sécurité est fondamentalement un besoin technique impliquant des protocoles d’hygiène spécifiques dès que celle-ci est intégrée à une offre de services commerciaux, les utilisateurs potentiels de ce service doivent prendre en compte les conditions dans lesquelles l’offre de services est fournie, le cadre réglementaire relatif au dépositaire, toute disposition d’assurance requise ou en place, ainsi que la base juridique sur laquelle les actifs sont détenus. Tous ces facteurs sont extrêmement importants, non seulement dans le contexte de la sécurité des actifs eux-mêmes, mais également dans le contexte plus large de l’établissement de normes solides, correctement appliquées et représentent la pensée actuelle, et cela pour l’ensemble du secteur.

Un investisseur institutionnel qui cherche un dépositaire d’actifs numériques pour conserver ses actifs numériques devrait rechercher un dépositaire qui a la capacité de prendre en charge les types d’actifs numériques qui correspondent à sa stratégie d’investissement. L’investisseur institutionnel devra ainsi déterminer s’il a besoin d’utiliser un dépositaire d’actifs numériques qui maintient une autorisation ou des licences appropriées, et qui est supervisé par des autorités de réglementation (par exemple, un dépositaire ou un « dépositaire qualifié ») ou un fournisseur d’infrastructure de garde utilisé uniquement pour sécuriser les clés publiques et privées, et pour lui permettre de conserver lui-même ses propres actifs numériques. Ce ne sont pas toutes les juridictions qui autorisent les solutions d’auto-dépositaire ou qui les autorisent pour tous les types d’investisseurs.

Lors de l’évaluation des dépositaires d’actifs numériques, les investisseurs institutionnels doivent prendre en compte plusieurs éléments, incluant les suivants publiés dans récent le Guide de l’industrie de la garde d’actifs numériques de l’AIMA :

  • Conservation des actifs : Quelle structure ou quel mécanisme le dépositaire d’actifs numériques utilise-t-il pour protéger les droits de propriété des clients et pour empêcher l’utilisation des actifs des clients par le dépositaire d’actifs numériques pour son propre compte, ou pour éviter qu’il ne s’ajoute au lot de dépositaire d’actifs numériques recourant à la faillite en cas d’insolvabilité?
  • Antécédents : Depuis combien de temps le dépositaire d’actifs numériques assure-t-il la garde du type d’actifs numériques concerné. Le fait-il à grande échelle et a-t-il déjà signalé la perte d’actifs confiés par des clients ? Et parmi les actifs qui lui ont été confiés, quelle est la part du type d’actifs numériques concernés ?
  • Solidité financière : Quelles sont les ressources financières auxquelles le dépositaire d’actifs numériques peut faire appel pour s’acquitter de ses obligations envers ses clients?
  • Assurance : Quels sont la taille, le type et la qualité du programme d’assurance du dépositaire d’actifs numériques?
  • Sécurité : Le dépositaire d’actifs numériques dispose-t-il de capacités en matière de sécurité physique et cybernétique et de pratiques de développement de logiciels axées sur la sécurité, y compris, par exemple, la capacité d’atténuer les erreurs humaines grâce à des contrôles rigoureux, ainsi que la ségrégation des clés des clients?
  • Protocoles de reprise après sinistre ou similaires : Le dépositaire d’actifs numériques offre-t-il la possibilité de récupérer les actifs en cas de problème technique ou opérationnel majeur, que ce soit du côté du dépositaire ou de l’investisseur?
  • Entretien des actifs : Le client bénéficiera-t-il de forks, d’airdrops, de staking, de gouvernance et de prêts?
  • Surveillance par des tiers : Y a-t-il des tiers indépendants (par exemple, des régulateurs et des auditeurs) qui supervisent les opérations du dépositaire d’actifs numériques?
  • Gamme d’assistance : Quel est le nombre de chaînes de blocs et d’actifs numériques de niveau 1 pris en charge, et quelle est la fréquence d’ajout de nouveaux actifs?
  • Accessibilité : À quelle vitesse les clients peuvent-ils récupérer et déplacer leurs actifs ?
  • Contrôle : Le dépositaire d’actifs numériques peut-il contrôler unilatéralement les actifs? Dans l’affirmative, dans quelles circonstances et quelles protections contractuelles sont en place pour l’investisseur ?
  • Rapports : Le dépositaire d’actifs numériques offre-t-il des fonctions de rapports telles que la valeur liquidative, les soldes, les transferts et les ordres ?