Un homme d'affaire en train de dessiner des rouages au stylo noir.
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C’est la principale conclusion qui ressort des données recueillies et interprétées par ETFGI, entreprise indépendante basée à Londres, au Royaume-Uni, qui analyse les tendances en matière de FNB et de produits négociés en Bourse (PNB).

L’Association canadienne des fonds négociés en Bourse (ACFNB) a rencontré la fondatrice, propriétaire et associée directrice d’ETFGI, Deborah Fuhr (après sa présentation à ses membres en mai) pour discuter de l’évolution internationale des FNB d’un point de vue canadien. Nous vous présentons les principales observations sur différents sujets d’intérêt dont elle nous a fait part, ainsi que certains constats et données complémentaires fournies par l’ACFNB.

Une stabilité à toute épreuve face aux incertitudes liées à la pandémie

Au début de la COVID-19, les organismes de réglementation du monde entier, inquiets de l’impact de la volatilité sur les FNB et de ce qu’il pourrait signifier pour les marchés financiers, ont gardé l’œil sur ce type de produit. Pourtant, et contrairement aux idées reçues, les FNB ont bien traversé la période d’incertitude financière engendrée par la pandémie, faisant ainsi la preuve de leur résilience et de leur potentiel de croissance.

La difficulté des conseillers à générer de l’alpha (soit un rendement significativement supérieur à celui d’un indice) au moyen d’autres options de placement et la capacité des FNB à fournir de la liquidité et à répondre rapidement aux demandes de rachat au début de la COVID-19 ont également renforcé la confiance à l’égard des FNB.

La pandémie a donc constitué un « moment » de validation important, mais ce n’est pas le premier, puisque les FNB avaient également fait leurs preuves lors de la grande crise financière de 2008-2009, de la bulle Internet du début des années 2000 et d’autres périodes de turbulences économiques.

Les FNB d’obligations ont également fait la preuve de leur viabilité en mars 2020, alors que le marché obligataire s’est retrouvé à court d’acheteurs (no bid). Malgré des conditions de marché extrêmement difficiles, les FNB d’obligations ont continué à se négocier (moyennant toutefois un écart important entre les cours et la valeur liquidative), permettant aux investisseurs de bénéficier d’une liquidité bienvenue. Bien que certains FNB hyper spécialisés soient sujets à un manque de liquidité (en raison du comportement de leurs actifs sous-jacents), la plupart des FNB sont demeurés très liquides, même quand les marchés se sont désorganisés.

Le secteur canadien des FNB contribue au succès de la catégorie d’actif à l’échelle mondiale

Le Canada, premier pays à ériger les FNB en catégorie de produits de placement unique, reste à l’avant-garde et continue de mettre au point et de lancer des solutions novatrices, thématiques et spécialisées. C’est en effet au Canada que sont apparus les premiers FNB de cryptomonnaies, de cannabis et psychédéliques, ainsi que les premiers FNB d’actions privilégiées et les robots-conseillers qui utilisent les FNB. Toutefois, les catégories qui dominent à l’échelle internationale sont aussi celles qui sont les plus recherchées au Canada, soit les fonds d’actions, de titres à revenu fixe et de produits de base, dans cet ordre (il s’agit toutefois de fonds domiciliés au Canada, en raison de considérations fiscales).

Sur la scène mondiale, le secteur canadien des FNB a cet avantage qu’il est de taille relativement modeste, qu’il réagit rapidement et qu’il est principalement concentré dans deux centres d’expertise. Le marché canadien ressemble à celui de l’Australie, dans la mesure où il est dominé par cinq grandes banques qui exercent une influence sur les produits lancés sur le marché et sur le succès des uns et des autres; dans d’autres pays, les banques ne participent pas autant dans le marché des FNB.

Le marché canadien des FNB bénéficie d’une structure réglementaire solide, de frais modiques et de la coopération des participants au marché au sein d’un secteur uni et solidaire, observe Deborah Fuhr. (En ce qui a trait aux frais, les FNB cotés dans le monde affichent un ratio de dépenses moyen pondéré en fonction des actifs de 21 points de base (pb). Les produits les moins coûteux suivent les indices de titres à revenu fixe à 18 pb, les plus chers étant les FNB à effet de levier à 96 pb.) En comparaison, le marché européen des FNB est très fragmenté par langues et par pays; en Asie, le secteur est plus cloisonné et, aux États-Unis, la concurrence est plus intense.

D’autres éléments recherchés par les investisseurs en FNB à l’échelle mondiale (simplicité, transparence, avantages fiscaux, liquidité, innovation, etc.) sont également de bon augure pour les FNB canadiens.

Les données de l’ACFNB au 30 avril confirment l’état de santé actuel du secteur, dont l’actif géré atteint 289,2 milliards de dollars canadiens (G$) (en hausse de 41,5 % par rapport à 2020) et qui compte 893 fonds (en hausse de 111 depuis 2020). Cela concorde avec la situation mondiale.

À la fin du mois d’avril, ETFGI recensait 8 937 FNB/PNB dans le monde, avec 17 894 inscriptions en Bourse, des actifs de 8 960 G$ américains, 545 fournisseurs inscrits sur 77 Bourses dans 62 pays. En avril 2021, cela faisait 23 mois de suite que le solde des placements en FNB était positif à l’échelle mondiale. L’actif géré était en hausse de 53,25 % par rapport à l’année précédente et le taux de croissance annuel composé (TCAC) pour les 10 ans terminés en avril 2021 était de 18,4 %.

À noter également, selon les dernières données d’ETFGI, l’actif géré des FNB/PNB à l’échelle mondiale est systématiquement supérieur à celui des fonds de couverture depuis 2013. On compte 9 137 fonds de couverture, soit à peine 260 de plus que de FNB/PNB, et leur nombre est en train de se stabiliser, alors que le nombre de FNB/PNB devrait continuer à croître. (Les données canadiennes ne sont pas disponibles, mais il y a tout lieu de croire qu’elles s’inscrivent dans la même tendance que les statistiques mondiales.)

Les robots-conseillers démocratisent l’accès aux FNB

Partout dans le monde, les robots-conseillers aident les investisseurs à mieux comprendre leurs finances et à se défaire du « tabou » qui entoure l’argent, observe Deborah Fuhr. Ils permettent de constater de manière impartiale les résultats de différents scénarios de placement et les avantages des FNB en particulier.

Les jeunes investisseurs, au Canada et ailleurs, qui sont à l’aise avec les technologies initient leurs parents à ces plateformes, et ce transfert de connaissances profite aux FNB. La pandémie a elle aussi contribué au succès des FNB, compte tenu de l’impossibilité de rencontrer son conseiller en personne ou du peu d’intérêt de certains investisseurs pour les réunions virtuelles. Le télétravail (auquel ont dû s’astreindre bien des gens dans de nombreux pays) et la promotion active des robots-conseillers et des FNB sur les réseaux sociaux ont également suscité de l’intérêt et encouragé les investisseurs à en faire l’essai.

L’Europe reste le chef de file mondial des placements ESG

Alors que le marché européen ne représente que 16 % de l’actif géré total des FNB à l’échelle mondiale, avec ses 290 produits pour 154 G$ américains d’actif géré, il est la plaque tournante des FNB ESG (environnement, questions sociales et de gouvernance). Cette domination est essentiellement le résultat de la Taxinomie de la finance durable de l’Union européenne (initiative des Principes pour l’investissement responsable des Nations Unies), entrée en vigueur en juillet 2020, et du règlement sur la divulgation des informations relatives à la finance durable (​SFDR) de l’UE, entré en vigueur le 10 mars pour tous les participants aux marchés financiers de l’UE.

Les enjeux ESG (à l’instar des robots-conseillers) séduisent davantage les jeunes investisseurs et les femmes que les hommes, tous pays confondus. Le transfert de patrimoine intergénérationnel devrait profiter à cette catégorie de manière générale, mais plus précisément, il donnera un élan aux FNB ESG spécialisés (dans l’énergie solaire, par exemple), affirme Deborah Fuhr. Elle souligne que la CFA Society du Royaume-Uni offre maintenant une certification en investissement ESG pour alimenter la dynamique.

Au Canada, les fonds ESG ne représentent encore qu’une part relativement faible du marché des FNB, mais ETFGI recense 58 produits, pour un actif géré de 2,5 G$ américains (aux États-Unis, on compte 143 produits, pour un actif géré de 93 G$ américains). Les FNB ESG canadiens offerts jusqu’à maintenant sélectionnent essentiellement leurs placements selon un principe d’exclusion, ce qui permet aux fournisseurs d’aider les conseillers à mieux comprendre la catégorie, à la différencier et à en faire la promotion plus efficacement.

Situation actuelle et potentiel d’avenir des FNB canadiens

Lorsqu’on lui demande comment elle résumerait l’état actuel et le potentiel d’avenir du marché canadien des FNB, Deborah Fuhr répond que, d’un point de vue international, ce marché est encore jeune. Elle ajoute toutefois, en utilisant à dessein une métaphore on ne peut plus canadienne, qu’il a tout ce qu’il faut pour connaître une croissance significative, en forme de bâton de hockey.

Pour consulter l’analyse d’ETFGI, rendez-vous à l’adresse etfgi.com. Pour en savoir plus sur l’actualité du secteur canadien des FNB, visitez le Centre d’information sur les FNB de l’ACFNB.