Plutôt qu’acheter une rente viagère auprès d’un assureur, l’épargnant constituerait un équivalent de rente en achetant une série échelonnée d’obligations gouvernementales à zéro-coupon qui lui verseraient un revenu jusqu’à 91 ans.
Par exemple, un épargnant de 65 ans ayant accumulé 100 000 $ pour sa retraite pourrait acheter une série d’obligations du Québec à coupons détachés à échéances différentes. Il allouerait ainsi un certain montant à l’achat d’obligations à échéance d’un an, de deux ans, de trois ans … jusqu’à 25 ans. Son revenu de retraite annuel s’élèverait à la valeur nominale de l’obligation à chacune de ces échéances.
En se basant sur les taux d’intérêt de juin 2012, les auteurs du CIRANO ont calculé que les 100 000 $ épargnés permettrait de verser à cet épargnant chaque année 5800 $ pendant 25 ans. Ce capital serait épuisé lorsque l’épargnant atteindrait 91 ans.
« Prendre 91 ans comme horizon d’âge vient presque totalement couvrir le risque de longévité. Cette couverture, quoique partielle, n’expose pas outre mesure un retraité qui n’aura généralement plus besoin d’autant de revenus passé cet âge », lit-on dans l’étude Retraite et RVER au Québec, enjeux et produits de décaissement.
Si l’individu décède avant 91 ans, cette approche lui permettrait de transférer son portefeuille résiduel à ses successeurs. S’il devient invalide ou malade rapidement durant sa période de retraite, celui-ci pourra les retirer puisqu’il s’agit de titres liquides. Cette personne devrait toutefois tenir compte des conséquences fiscales qui en découlent.
« Cette liquidité du portefeuille donne un avantage nettement supérieur aux rentes viagères avec lesquelles le capital investi est perdu dès l’entrée en vigueur du contrat, écrivent les auteurs. D’un point de vue de politique publique, le gouvernement ne « force » pas l’achat de rentes irréversibles pour l’épargnant. Celui-ci peut donc se retirer de l’option très facilement en liquidant l’actif obligataire pour le transférer dans une structure de décaissement de son choix. »
Risque du synchronisme
L’exemple précédent est simpliste et présente un risque de synchronisation de marché, car toutes les obligations sont achetées au même moment. Afin de gérer ce risque, les clients pourraient acheter de telles obligations à différents moments dans le temps et potentiellement bénéficier de taux d’intérêt plus élevés.
Ainsi, à 40 ans, un client pourrait commencer à acheter des obligations à zéro-coupons de 25 ans pour leur 65e anniversaire. Puis à 41 ans, il ferait de même pour leur 66e anniversaire et ainsi de suite.
« Si toute la courbe utilisée précédemment subissait une hausse parallèle de 1 %, de 2 % et de 3 %, la rente passerait à 6744 $,7148 $ et 7851 $ pour tout investissement de 100 000 $. Ces différents environnements de taux entraînent respectivement des hausses de revenu annuel de 11 %, 23 % et 35 %. L’impact du « timing » est donc crucial », lit-on dans l’étude.
Cette approche permettrait au gouvernement du Québec d’avoir des acheteurs réguliers pour ses titres obligataires. Les auteurs estiment toutefois que cette demande aurait « un impact minime, voire absent » sur ce marché. Ils expliquent cela par la taille du marché secondaire d’obligations du Québec et le fait que plusieurs cohortes de population effectueraient des achats échelonnés dans le temps.
Photo: Stock Xchng