
Maintenant que le délai pour cotiser aux REER de 2015 est passé, c’est le moment de passer en revue le contenu des différents comptes enregistrés de vos clients afin de profiter au maximum des règles fiscales et de vous assurer que leurs objectifs financiers à moyen et long termes peuvent être atteints.
La pensée classique veut que les REER, CELI et REEE devraient être des comptes qui détiennent des placements entièrement imposés comme les liquidités et les titres versant des intérêts. Dans l’idéal, les actions et les fonds d’actions, qui produisent des gains en capital et des dividendes imposés à des taux préférentiels, devraient être détenus dans un compte non enregistré. Mais bien sûr, il y a d’autres éléments à prendre en compte. L’un d’eux est le besoin de produire une bonne croissance à long terme, notamment au sein d’un REER, ce qui suppose d’y ajouter des actions.
Même avant d’examiner les implications fiscales et d’autres questions, on devrait d’abord s’assurer que dans l’ensemble, quel que soit le compte, on suit la bonne stratégie pour les objectifs et la personnalité de ses clients, dit Peter Guay, CFA et gestionnaire de portefeuille avec PWL Capital.
« Chaque investisseur devrait décider combien de risque il veut et peut accepter, ce qui détermine la répartition entre les placements à revenu fixe et les actions détenus dans son portefeuille, dit-il. Combien de croissance vous faut-il pour atteindre vos objectifs? Dormez-vous sur vos deux oreilles lorsque les marchés s’effondrent? »
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En plus du niveau de risque, on doit considérer la répartition d’actifs, dit M. Guay. Du côté des actions, combien votre client veut-il investir dans les marchés canadien, américain et international? Et du côté des obligations, veut-il viser les obligations gouvernementales ou les obligations de sociétés?
« Ce n’est qu’après que le risque et la structure ont été déterminés qu’on devrait rechercher l’efficience fiscale et décider par exemple où on veut détenir les diverses portions de placements pour avoir le meilleur positionnement fiscal possible », dit M. Guay.
Voici quelques principes stratégiques de base pour investir dans les REER, CELI et REEE :
Utilisez les REER pour que le revenu totalement imposable fasse l’objet d’un report d’impôt
Avec les REER, votre client investit en utilisant ses dollars avant impôt, grâce aux déductions fiscales. Puis le capital croît sans être imposé jusqu’à ce qu’il fasse des retraits. À ce stade-là, il paie des impôts sur le montant qu’il retire. Cela signifie qu’à la fois la portion du capital et celle du revenu (notamment les gains en capital réalisés) sont imposés l’année du retrait.
Du point de vue fiscal, il est logique de détenir des actifs qui génèrent des types de revenu entièrement imposables comme les dépôts de liquidités et les obligations, ainsi que des actions américaines et autres versant des dividendes. Toutefois, cela ne devrait pas empêcher votre client de mettre des actions canadiennes dans son REER (ainsi que son compte imposable) au nom de la croissance à long terme.
« Un REER devrait être utilisé comme instrument d’épargne à long terme, non pour des besoins à court terme, dit M. Guay. La liquidité n’est pas importante, à moins que l’on approche de la retraite ou de l’âge de 71 ans et que doivent commencer les retraits (par le biais d’un fonds enregistré de revenu de retraite, ou FERR). Par conséquent, votre client peut faire un bon usage de placements qui fournissent une prime de liquidité, ce qui se produit lorsqu’il a un rendement attendu plus élevé parce qu’il doit attendre le moment optimal pour vendre. Des exemples de placements de ce type pourraient être les obligations à rendement réel et les actions à petite capitalisation. »
Un REER doit être fermé à la fin de l’année de votre 71e anniversaire et le produit en être transféré à un FERR ou utilisé pour acheter une rente viagère enregistrée. Le report d’impôt est prolongé dans un cas comme dans l’autre jusqu’à ce que votre client fasse des retraits ou reçoive des paiements.
Lorsque l’heure de la retraite approche, vous devriez songer à ajuster le portefeuille REER de votre client de manière à ce qu’il contienne suffisamment d’actifs à faibles risques et de liquidités pour pallier les trois à cinq premières années de retraits de son FERR, dit M. Guay. Les investissements qui conviennent dans ce segment sont, par exemple, un certificat de placement garanti, un dépôt à terme, un fonds commun de placement du marché monétaire ou une obligation gouvernementale à court terme. En détenant suffisamment d’avoirs liquides, votre client ne sera pas forcé de vendre des actions ou des fonds d’actions à un moment peu favorable pour effectuer des retraits.
Les CELI peuvent financer des besoins à court terme
Parce que l’argent peut être retiré d’un CELI sans payer d’impôt du tout, cela peut être un bon placement pour économiser avec des objectifs à court et à long terme. Et si votre client n’a pas besoin de l’argent, il peut servir d’excellent moyen d’augmenter son épargne-retraite.
Le type de placements détenu dans son CELI est par conséquent fonction de ses objectifs. « En général, nous préférons détenir des placements qui fournissent un revenu élevé dans un CELI, dit M. Guay. Mais certains placements producteurs de revenu qui offrent des rendements comparables à ceux des actions peuvent aussi être un bon choix, par exemple les fiducies de placement immobilier (FPI), les actions de services publics et les obligations de sociétés à rendement élevé. »
Toutefois, si votre client a besoin des actifs d’un CELI pour atteindre des objectifs à court terme, comme une mise de fonds pour une maison, le financement de rénovations, l’achat d’un chalet, ou pour prendre des vacances, des investissements moins risqués avec une bonne liquidité sont préférables.
Faites attention à votre REEE à l’approche des études supérieures
Il y a deux types de REEE : les régimes autogérés individuels et familiaux, et les régimes collectifs. Ces derniers sont des fonds mis en commun selon l’âge d’un bénéficiaire, dans lesquels vous cotisez des montants déterminés. Les fonds sont investis par la fiducie du régime, et le produit est distribué en fonction de la valeur du bassin d’actifs d’une certaine tranche d’âge.
Un REER autogéré est aussi un instrument basé sur le calendrier d’études du bénéficiaire, mais c’est vous qui décidez comment vos cotisations sont investies.
« En général, le bénéficiaire commencera à effectuer des retraits à 18 ou 19 ans, dit M. Guay. On peut gérer le portefeuille de façon plus dynamique lorsqu’il est plus jeune, et à l’approche de ses années d’université, la combinaison d’actifs devrait devenir plus prudente pour augmenter la liquidité et diminuer la volatilité. Dans de nombreux cas, un fonds indiciel équilibré avec des frais de gestion modiques est un bon choix. Il faut éviter d’avoir un portefeuille de placements individuels avec de petites transactions inutiles. »