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L’activité économique se déroulant de plus en plus en ligne, les cyberattaques constituent une menace permanente. C’est pourquoi les entreprises de cybersécurité, souvent considérées comme le segment des services publics du monde numérique, continuent de croître rapidement, même dans une économie morose.

La cybersécurité n’est probablement pas un secteur auquel les gens pensent lorsqu’ils se demandent : « Où vais-je investir dans un contexte de récession ? Mais ils devraient probablement le faire », a déclaré Raj Lala, président-directeur général d’Evolve Funds Group Inc.

Selon lui, la cybersécurité est l’un des rares domaines technologiques à être considéré comme une dépense non discrétionnaire par les entreprises clientes : « Même si les clients ont des difficultés financières, la cybersécurité est l’un des derniers domaines dans lesquels elles réduiront leurs dépenses ».

Evolve, dont le siège social est situé à Toronto, gère le fonds Evolve Cyber Security Index Fund, lancé en 2017 et doté de 133 millions de dollars en actif géré. Il s’agit du plus ancien et du plus important fonds négocié en Bourse (FNB) thématique de ce type au Canada. Il s’agit de l’un des cinq FNB de cybersécurité cotés au Canada, et chacun d’eux est indiciel.

En 2021, le FNB First Trust Nasdaq Cybersecurity et le FNB Horizons GX Cybersecurity Index ont rejoint ce thème d’investissement. Les nouveaux venus, tous deux lancés l’année dernière, sont le CI Digital Security ETF et l’iShares Cybersecurity and Tech Index ETF.

Karl Cheong, responsable de la distribution chez First Trust Portfolios Canada, de Toronto, a déclaré qu’il s’attendait à ce que les investisseurs en actions se concentrent davantage sur les fondamentaux et moins sur les actions conceptuelles dans le marché léthargique actuel.

Si c’est le cas, cela devrait favoriser les entreprises de cybersécurité. « Des ventes aux marges d’exploitation en passant par les bénéfices, les entreprises connaissent une croissance saine », a déclaré Karl Cheong.

Mark Noble, vice-président exécutif, stratégie FNB, chez Horizons ETFs Management (Canada), de Toronto, a déclaré que la cybersécurité est plus mature et établie que d’autres secteurs tels que les cryptoactifs ou l’intelligence artificielle, qui se trouvent à des stades d’adoption plus précoces par les investisseurs. « Je considérerais que la cybersécurité est probablement plus proche des sociétés technologiques traditionnelles de logiciels Internet », a-t-il dit.

Le FNB Horizons obtient son exposition en détenant des parts couvertes en devises d’un FNB coté au NASDAQ et géré par sa filiale américaine Global X Management Co. LLC. Global X s’attend à ce que les dépenses en matière de cybersécurité dépassent celles du reste du secteur des technologies de l’information, à court et à moyen terme, car les cyberattaques sont de plus en plus fréquentes et sophistiquées.

La tendance du télétravail ou du travail hybride, ainsi que le passage au stockage de données dans l’infonuagique, contribuent à augmenter la vulnérabilité des entreprises face aux pirates informatiques.

De même, les entreprises, les gouvernements et les autres types d’organisations ne sont pas réellement en mesure de lutter seuls contre les pirates informatiques et traiter leur demande de rançons (ransomwares) en raison notamment de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée. « En raison de cette pénurie de capital humain, les entreprises ne peuvent pas trouver suffisamment de personnel pour répondre à leurs besoins en matière de cybersécurité », a déclaré Raj Lala. « Elles finissent donc par externaliser la majeure partie de leur travail de cybersécurité. »

Cela se traduit par une forte croissance pour des entreprises telles que Fortinet Inc., basée en Californie, qui figure parmi les principaux titres des cinq FNB. En 2022, Fortinet a enregistré une croissance de 32 % de son chiffre d’affaires, qui a atteint 4,4 milliards de dollars américains (G$), et un bénéfice net de 857 M$ US. Il s’agit de sa 14e année consécutive de rentabilité depuis son premier appel public à l’épargne en 2009.

Parmi les autres titres fréquemment détenus, émis par des entreprises toutes basées aux États-Unis, figurent Palo Alto Networks Inc, Okta Inc et CrowdStrike Holdings Inc.

En adoptant une approche de panier, comme avec les 40 actions du FNB d’Horizons, les investisseurs peuvent être assurés de participer à la croissance du secteur, a signalé Mark Noble. « La dernière chose que l’on souhaite, c’est de choisir un titre qui présente une dispersion individuelle par rapport au thème pour une raison ou une autre, ce qui fait que l’on ne participe pas à ce thème. »

Bien que les portefeuilles des cinq FNB présentent de nombreuses similitudes, certains d’entre eux ont une exposition plus large aux technologies. Les titres détenus par le fonds de CI, par exemple, comprennent les grandes capitalisations comme Microsoft Corp, Alphabet Inc et NVIDIA Corp, dont aucune n’est principalement un fournisseur de cybersécurité.

Le FNB d’Evolve, qui détient environ 43 actions de sociétés de matériel, de logiciels et de conseil, dont la capitalisation boursière est d’au moins 100 M$, fait partie fonds les plus orientés vers leurs thèmes.

« Nous voulions vraiment nous assurer que les entreprises qui réalisaient 90 à 100 % de leur chiffre d’affaires dans le domaine de la cybersécurité étaient bien présentes », a expliqué Raj Lala.

Le portefeuille d’Evolve permet également d’obtenir une exposition à des entreprises que les investisseurs ne détiendraient pas autrement, étant donné qu’il y a peu de chevauchement avec les titres des indices de grandes capitalisations comme le S&P 500 ou le NASDAQ 100.

Le FNB de First Trust est également exposé à des sociétés technologiques plus larges, dont Broadcom Inc. et Cisco Systems Inc. et exige une capitalisation boursière minimale de 500 M$ pour ses quelque 35 titres en portefeuille

Selon Karl Cheong, le fait d’inclure des sociétés à grande capitalisation dans le portefeuille permet d’obtenir de meilleures caractéristiques de protection à la baisse par rapport à ses homologues davantage spécialisés, ce qui devrait se vérifier au fil du temps. Mais le portefeuille de First Trust pourrait être à la traîne par rapport à ses pairs, a-t-il ajouté, alors que les conditions du marché favoriseraient les actions à plus petite capitalisation et à bêta plus élevé.

Malgré les attributs positifs du secteur de la cybersécurité, les trois FNB ayant une année civile complète de rendement en 2022 ont perdu de l’argent l’année dernière. Raj Lala, dont le fonds Evolve a perdu 36,6 %, blâme les ventes indiscriminées en période de marché baissier.

Karl Cheong de First Trust, dont le FNB a perdu 21,4 %, partage cet avis. Il a fait remarquer que parmi les quelque 90 % de titres de First Trust dont les flux de trésorerie étaient positifs, certains se vendaient plus que d’autres.

Les valorisations élevées sont en partie responsables de la volatilité des valeurs liées à la cybersécurité. « L’ensemble du marché reconnaît la demande à long terme en matière de cybersécurité, et ces actions sont tout simplement chères », a déclaré Mark Noble, dont le FNB Horizons a perdu 35,4 % l’année dernière. « Le fait que les valorisations élevées sont généralement très vulnérables à la hausse des taux d’intérêt a nui à ces titres. »

Les rendements des FNB sur la cybersécurité sont devenus positifs cette année, ce qui est une bonne nouvelle.

Le FNB d’Evolve, le seul à disposer d’un historique de cinq ans, a affiché un rendement annuel de 9,1 % sur cette période.

Bien que les valorisations des entreprises de cybersécurité restent légèrement supérieures à celles du marché général, elles ont considérablement baissé. Au début de l’année, le ratio cours-bénéfice moyen des actions rentables du FNB de First Trust était de 21, contre 28 l’année dernière.

« Les valorisations ne sont pas excessives par rapport à l’indice de référence [S&P 500], explique Karl Cheong, mais les bénéfices et les ventes sont nettement supérieurs et devraient continuer sur cette voie dans un avenir prévisible. C’est donc là que nous pensons qu’il y aura un plancher pour ce secteur, étant donné sa tendance favorable. »