Un homme d'affaire au milieu d'un enchevêtrement de route.
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La prolifération du nombre de fonds négociés en Bourse (FNB) inscrits à une plateforme boursière canadienne depuis quelques années a engendré son lot de bénédictions et de malédictions.

Ainsi, du 31 décembre 2015 au 28 février 2018, le nombre de fonds offerts est passé de 373 à 699 selon les données de l’Association canadienne des FNB (ACFNB). Durant la même période, le nombre de manufacturiers de FNB est passé de 12 à 37.

Cependant, les cinq premiers fournisseurs de FNB représentent cumulativement 86,7 % des parts de marchés exprimées en termes d’actifs sous gestion. Les actifs sont actuellement d’environ 169 G$, d’après l’ACFNB.

Le marché a aussi évolué récemment. Plusieurs manufacturiers de fonds communs qui jusqu’à récemment se faisaient une mission de dénigrer les FNB sont à en chanter soudainement leurs louanges, car plusieurs de ces firmes distribuent maintenant des FNB.

Du point de vue du client ou de l’investisseur en général, une plus grande variété de choix offre plusieurs avantages. D’abord, ceux-ci ont un plus grand choix de catégories d’actifs à intégrer dans leur portefeuille. Loin sont les jours où les FNB se limitaient aux indices de grandes capitalisations et les obligations du gouvernement. Je peine à trouver une catégorie d’actif qui n’est pas actuellement accessible sous forme de fonds négocié en Bourse.

Ensuite, l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché canadien a mis la table à la concurrence féroce, laquelle a contribué à une baisse importante des frais de gestion de l’industrie. À titre d’exemple, il coûte 0,18 % de frais de gestion pour détenir le iShares S&P/TSX 60 Index ETF (XIU), qui demeure le plus important FNB canadiens avec, à lui seul encore 5,4 % de part de marché. Auparavant, ce même FNB avait des frais plus élevés.

Nous avons même tout récemment vu le tout premier FNB à frais zéro. Cependant, ce FNB perçoit un frais de performance, si bien qu’il n’est pas gratuit. Quoi qu’il en soit, la concurrence a bel et bien fait une pression à la baisse sur les frais de gestion des FNB.

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Complexité en vue

La malédiction du fait d’avoir plus de choix est que cela force l’investisseur ou son conseiller à devoir se familiariser avec de plus en plus de produits. Si l’accès à un plus grand choix de catégories d’actifs offre plusieurs avantages, cet accès vient aussi avec ses risques. En effet l’investisseur moyen ne possède par nécessairement toutes les connaissances nécessaires pour naviguer dans cette grande variété de catégories d’actifs qui peuvent souvent lui être étranges et inconnues.

Prenons l’exemple de l’accès au marché des contrats à terme et des commodités, par l’intermédiaire d’un FNB.

Grand nombre d’investisseurs ont eu, en 2009, une mauvaise surprise lors du repli important subi par le cours du pétrole. Plusieurs avaient choisi de spéculer sur la montée du prix du baril qui pour certains était inévitable. On évoquait la fameuse « oil peak theory » selon laquelle les réserves mondiales de pétrole diminueraient inexorablement face à une demande mondiale sans cesse en augmentation, et qu’un jour, voire même d’ici 100 ans, il n’y aurait simplement plus de pétrole à exploiter. Pour plusieurs raisons que nous connaissons maintenant 10 ans tard – gaz et pétrole de schiste, découvertes de nouvelles réserves insoupçonnées, émergence des énergies propres – ce scénario s’est rapidement dégonflé avec le prix du baril.

Or, pour les néophytes au marché des contrats à termes sur le pétrole, la surprise a été deux fois plus douloureuse qu’anticipée, car la notion de la structure à terme propre à ces contrats leur était complètement inconnue.

En effet, il peut exister une grande différence entre le prix au marché du brut d’aujourd’hui et le prix du brut pour livraison en date du contrat à terme – un contrat à terme est une promesse d’accepter une livraison à date future à un prix établi, qui n’est jamais le même prix d’aujourd’hui –.  Or les FNB sur le pétrole calquent le prix du contrat à terme, et non le prix du cours actuel du pétrole. Le prix de livraison futur à cette période était nettement supérieur au prix actuel du pétrole. Les investisseurs ont donc perdu en raison de l’écart entre le prix et la réalité.

Un autre élément défavorable, qui est propre à certains types de FNB, dont ceux de contrat à terme sur le pétrole, est qu’ils ne sont généralement pas considérés comme un investissement à long terme autonome et qu’ils ne devraient pas être utilisés ainsi.

En effet, pour chaque échéance de contrat, le prix d’aujourd’hui et le prix de livraison doivent évidemment converger, car ils sont de fait devenus le même prix. Donc pour chaque échéance de contrat à terme, l’investisseur perd sur ce différentiel, indépendamment de l’évolution du prix du pétrole brut. En bref, les investisseurs de FNB qui répliquent les contrats à terme sur le pétrole ont encaissé des pertes bien au-delà de leurs attentes, et ce pour des raisons qu’ils ne comprennent probablement pas encore aujourd’hui.

Il en est de même pour les fonds négociés en Bourse qui calquent les contrats à terme sur indices de volatilités tels le VIX. Le taux de renouvellement des contrats à terme étant presque toujours négatif chaque mois, l’investisseur y perd sa chemise mois après mois indépendamment de l’évolution de l’indice du VIX. Avec le temps, un placement dans un FNB sur le VIX résulte éventuellement et inévitablement à la perte quasi totale de son capital. En clair, ce genre de FNB doit être souvent détenu que quelques jours par des investisseurs aguerris comme des investisseurs institutionnels, et non pas par des investisseurs à long terme.

Plusieurs FNB sont aussi offerts avec effet de levier. Cet effet de levier lui aussi a causé beaucoup de tracas chez l’investisseur étant donné son rééquilibrage journalier. Les détenir pour une période prolongée résulte aussi inévitablement à la perte quasi totale du capital sauf si l’investisseur est à l’affut des ajustements de quantités qui doivent être effectués. Encore une fois, ces FNB devraient être détenus une seule journée seulement et ne sont pas faits pour tout le monde.

Les FBN sur le pétrole (et le gaz naturel) et sur le VIX sont probablement les exemples les plus flagrants de produits qui sont simplement mauvais et devraient être évités sauf peut-être pour les boursicoteurs du type day trader et les investisseurs institutionnels aguerris. Ils offrent tout de même une leçon importante. Les FNB donnent accès à une foule de marchés sur lesquels l’investisseur moyen a peu ou pas d’expérience, et l’investisseur et son conseiller doivent s’assurer de posséder une très bonne compréhension du marché calqué par le FNB.

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La prolifération du nombre de FNB amène une multiplication des enjeux touchant un client. L’investisseur canadien comprendra-t-il les enjeux fiscaux associés aux distributions alléchantes des Master Limited Partnership américaines (MLPs)? Connaîtra-t-il la différence entre un indice à faible volatilité et un indice à volatilité minimale? Et qu’en est-il des différences de comportement, de rendement courant et du taux de roulement entre un indice d’actions à forts dividendes et un indice d’actions à dividendes croissants? Pourquoi est-il plus hasardeux de négocier des FNB d’indices européens ou asiatiques plus tard dans la journée que tôt le matin?

Pourquoi est-ce que le rendement journalier de votre FNB d’Europe n’est jamais le même que l’indice d’actions européennes qu’il prétend calquer, mais que le tout se replace le lendemain, jour après jour? Voilà plusieurs questions qui ne sont en fait qu’un échantillon.

Le FNB permet d’avoir une exposition à une multitude de catégories d’actifs couvrant différents continents, différentes devises, et le tout à faible frais. Il représente une innovation d’une valeur inestimable. Sa simplicité apparente peut par contre jouer des tours. Comme tout investissement, une bonne connaissance du produit est essentielle, et il faut prendre le temps de s’informer avant de se lancer.

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Les titres ou les secteurs mentionnés dans cette chronique ne s’adressent pas à tous les types d’investisseurs et ne devraient en aucun cas être considérés comme une recommandation. Veuillez consulter votre conseiller en placement afin de vérifier si ce titre ou secteur vous convient et pour avoir des informations complètes, incluant les principaux facteurs de risque. Certains titres ou secteurs mentionnés dans cette chronique peuvent ne pas être suivis par les analystes de la FBN.