Scott Carscallen, vice-président et gestionnaires de portefeuille à Placements Mackenzie, dit que certaines des meilleures occasions dans les petites capitalisations canadiennes se trouvent dans les micro-capitalisations.

Spécialiste des petites capitalisations et gestionnaire axé sur la valeur, M. Carscallen définit les sociétés à micro-capitalisation comme celles dont la capitalisation boursière est inférieure à 400 millions de dollars (M$). Les investisseurs, dit-il, semblent accorder leur préférence aux micro-capitalisations dans l’univers des petites capitalisations canadiennes. « Les actions de la Bourse de croissance canadienne, qui sont représentées par l’Indice composé S&P de croissance, se sont mieux comportées les sept premiers mois de 2017 que celles de l’Indice des titres à petite capitalisation S&P/TSX. »

Mais attention, dit-il : ces sociétés à plus petite capitalisation comportent souvent plus de risque commercial alors qu’elles essaient de s’imposer. D’ailleurs, leurs actions ne sont pas très liquides. Sa stratégie avec les micro-capitalisations, dit-il, est de se concentrer sur les sociétés qui sont soit rentables, soit très proches de la rentabilité. De plus, dit-il, il n’a qu’une pondération modeste dans chaque action. « C’est davantage une approche groupée. »

Les petites capitalisations canadiennes, en tant que catégorie d’actifs, ont subi des pressions cette année, dit M. Carscallen, et ce dans le contexte d’un marché canadien d’actions qui souffre généralement d’un manque d’enthousiasme des investisseurs. « Les investisseurs se détournent du secteur énergétique et se méfient aussi des répercussions potentielles du repli du marché canadien du logement. » L’augmentation des taux d’intérêt canadiens, dit-il, bien que modeste et partant d’un niveau extrêmement bas, a été dissuasif du point de vue du sentiment des investisseurs, de même que pour certains secteurs du marché boursier canadien.

Pendant les sept premiers mois de 2017, l’Indice des titres à petite capitalisation S&P/TSX a produit un rendement total négatif (-4,1 %), note M. Carscallen. « C’est en contraste frappant avec son rendement total éblouissant de 38,5 % en 2016. » Sur cinq ans, cet indice à petite capitalisation a enregistré un rendement total annuel moyen de 4,6 %. « Ce chiffre est beaucoup plus bas que le rendement annuel total sur cinq ans de l’Indice composé S&P/TSX (8,6 %). »

Par suite de la faiblesse de l’univers des petites capitalisations canadiennes cette année, les évaluations de ces actions sont en baisse, dit M. Carscallen. La seule mesure d’évaluation qu’il utilise est le ratio prévisionnel sur un an valeur d’entreprise (VE)/bénéfices avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (BAIIDA). À la fin de juillet, ce ratio VE/BAIIDA était de 7,7, contre 8,4 à la fin mars.

« Les évaluations des actions énergétiques à petite capitalisation se sont effondrées », dit M. Carscallen. À la fin de juillet, le ratio était de 6,8 contre 9,2 à la fin mars. La pondération de l’énergie dans l’Indice des titres à petite capitalisation S&P/TSX à la fin juillet était de 21,1 %, note-t-il. « Vu l’importance de ce secteur, sa faiblesse a un impact négatif sur l’univers des actions canadiennes à petite capitalisation et tire vers le bas le marché des actions dans son ensemble. Il représente 20,4 % de l’indice composé. »

M. Carscallen dit qu’il n’a pas apporté de changement à ses avoirs énergétiques. « Il est difficile pour les gestionnaires des actions à petite capitalisation de rester à flot dans la tempête actuelle du secteur énergétique canadien », dit-il, mais il est « imprudent » pour un gestionnaire de portefeuille conservateur d’avoir une pondération nulle dans ce secteur, dit-il. « Les actions énergétiques peuvent opérer un revirement assez rapide, comme elles l’ont fait en 2016. »

À Placements Mackenzie, les responsabilités de M. Carscallen s’étendent au Fonds de valeur petites capitalisations canadiennes Mackenzie et à la Catégorie Mackenzie Valeur petites capitalisations canadiennes.

À la fin de juillet, le portefeuille de 76 noms avait une pondération de 15,8 % dans l’énergie : position sous-pondérée. L’énergie était la deuxième plus grosse pondération sectorielle dans le portefeuille après les valeurs industrielles, ces dernières étant à 24,1 % contre 12,9 % dans l’indice. Le portefeuille à petite capitalisation était aussi surpondéré à la fois dans les biens de consommation courante (5,3 % contre 2,9 %) et dans les services financiers (7,6 % contre 5,8 %).

Conformément à l’enthousiasme de M. Carscallen pour les micro-capitalisations, quelque 8 % du portefeuille étaient investis dans des sociétés dont la capitalisation boursière était de moins de 400 millions $ à la fin de juillet.

Un de ses placements à micro-capitalisation dans le secteur industriel est Grande West Transportation Group, qui met sur pied et fabrique des autobus de taille moyenne à la fois pour les commissions de transport et les entreprises commerciales. La société se concentre sur sa marque d’autobus Vicinity, indique-t-il, et a également une robuste division de pièces détachées et de services. « Grande West Transportation Group fait des incursions chez nos voisins du sud. » Le marché américain représente une source importante de croissance, dit-il. La société est au seuil de sa rentabilité, dit-il, « et elle répond donc à mes conditions minimales d’investissement dans les micro-capitalisations. »

Le plus gros titre des valeurs industrielles dans le fonds de valeur est Richelieu Hardware. Avoir de longue date, cette société distribue et fabrique un vaste éventail de matériels décoratifs et fonctionnels. « Cette action n’est pas bon marché, mais la société se comporte très bien du point de vue opérationnel, et jouit d’une gestion excellente et d’une bonne visibilité en matière de bénéfices. »

Une société de consommation de base à micro-capitalisation dans le portefeuille qui, selon M. Carscallen, a un potentiel de croissance prometteur est GreenSpace Brands. « Cette société met au point toute une série de produits alimentaires naturels qu’elle vend aux chaînes de supermarchés », dit M. Carscallen. On compte parmi ses marques Life Choices dans ses viandes, Rolling Meadow Dairy dans ses produits laitiers, HolisticChoice dans ses aliments pour animaux et Love Child dans ses produits alimentaires organiques pour bébés. « GreenSpace Brands a une trésorerie positive. »

Le plus gros avoir du Fonds de valeur petites capitalisations canadiennes Mackenzie dans le secteur des biens de consommation courante est Clearwater Seafoods. Cette société récolte, traite et distribue tout un ensemble de produits de la mer aux épiceries et aux restaurants. « C’est une activité saisonnière », dit M. Carscallen. La société a connu une première moitié de l’année assez lente, dit-il, car c’est la période de la récolte. « La deuxième moitié devrait être meilleure, car c’est le moment où Clearwater vend ses produits. »

Une société à micro-capitalisation dans le secteur financier que M. Carscallen souligne dans le portefeuille est People Corp. Cette société fournit des services de consultation pour les fonds de pensions et cible les petites et moyennes entreprises, dit-il. People Corp. se développe à la fois de façon interne et par voie d’acquisitions. « Elle a une fonction consolidatrice dans son domaine, en achetant de petites sociétés rivales. » La société a des flux de trésorerie positifs.

Le plus gros avoir financier à micro-capitalisation dans le portefeuille est Morneau Shepell. « C’est une grande société de services de consultations pour pensions et de ressources humaines », dit M. Carscallen. Outre son bastion au Canada, la société a une portée internationale et ne se débrouille pas trop mal aux États-Unis ». L’action n’est pas bon marché, prévient-il, mais c’est une compagnie d’excellente qualité qui connaît une croissance régulière. »

M. Carscallen signale qu’il a vendu son avoir dans Equitable Group, société de prêts hypothécaires subprime. « J’ai vendu cet avoir en deux temps. » La première vente, dit-il, a eu lieu avant l’introduction par le gouvernement de l’Ontario d’une taxe de 15 % sur les achats étrangers de logements dans la province. Le reste de cet avoir, dit-il, a été vendu au cours de la période de grosse inquiétude sur la santé de la société rivale d’Equitable, Home Capital Group.

« Il y a eu un changement fondamental dans l’environnement du marché canadien des hypothèques subprime », dit M. Carscallen, notant qu’Ottawa a resserré sa réglementation sur les hypothèques. De plus, ces sociétés d’hypothèques subprime ont désormais besoin de payer davantage pour leurs dépôts, à la suite des inquiétudes qui pèsent sur ce segment du marché hypothécaire, « et leur structure de coûts a donc changé ».