Finance et investissement (FI) : Bon nombre d’observateurs de l’industrie notent que les fonds négociés en Bourse (FNB) thématiques ont souvent un risque de fermeture élevé, notamment parce que leur actif sous gestion ne rencontre pas le seuil de rentabilité de l’émetteur. Comment Harvest gère-t-elle ce risque?

Rafael Turcotte (RT) : Chez Harvest Portfolios Group, nous avions 13 FNB à la fin 2021 qui se transigeaient sur la TSX. Nous tenons à garder ce nombre bas pour nous assurer que chacun de nos FNB détient assez d’actifs pour être profitable pour nous, mais aussi pour assurer une bonne liquidité à nos clients. Il est déjà arrivé qu’une de nos stratégies n’ait pas attiré l’engouement escompté. Dans ces rares cas, nous avons fermé ces FNB et avons retourné l’argent à nos détenteurs de parts. Pour minimiser ce risque, nous avons des outils d’étude de marché qui permettent d’évaluer les besoins et désirs des investisseurs canadiens. Nous tentons de trouver des secteurs et des solutions qui ne sont pas disponibles présentement pour les conseillers et leurs clients. On essaie vraiment de trouver des produits plus nichés ou des secteurs qui sont très populaires.

Nous donnons généralement un minimum de deux ans à chacun de nos FNB pour augmenter ses actifs sous gestion. Nos deux lancements en 2021, le HCLN, le premier FNB d’énergie propre coté au Canada, et le TRVL, le seul FNB de voyage diversifié, en sont des exemples. Ils ont cumulé à eux deux environ 300 millions de dollars (MF) d’actifs depuis janvier 2021.

FI : Lorsque survient une rationalisation de l’offre d’Harvest, parce que certains fonds doivent fermer, quelles sont les conséquences pour les investisseurs et leurs conseillers?

RT : Le plus grand risque lié à la fermeture d’un FNB est simplement que l’investisseur n’aura plus accès à la stratégie qu’il a choisie. Si l’on doit fermer un FNB, l’argent sera tout simplement remis à l’investisseur.

Outre le risque de fermeture, il y a quelques risques lorsqu’un investisseur détient un FNB qui a un actif relativement petit et qui existe depuis longtemps. Le plus grand risque est le risque de ratio de frais de gestion (RFG) élevé.  Chez nous, si un FNB a un peu moins d’actifs, nous absorbons une partie des coûts à l’intérieur de nos structures de coût pour garantir la compétitivité de chacun de nos produits.

À notre avis, il y a beaucoup trop de fonds dont l’actif sous gestion est inférieur à 10 M$ au Canada et qui existent depuis une période relativement longue. C’est un risque pour ceux qui détiennent ces FNB, au niveau du RFG et du risque de fermeture.

C’est à l’investisseur et au conseiller de faire leurs recherches lorsque vient le temps d’acheter un nouveau produit pour s’assurer d’investir dans un produit de qualité qu’ils vont pouvoir détenir sur le long terme.