Le MRCC 2 et l'avenir du conseil : deuxième partie

Rudy Luukko : Il y a une école de pensée selon laquelle, si l’on rend les frais plus transparents, les gens vont être effarés de ce qu’ils payent et décider de quitter leur conseiller pour tout faire eux-mêmes, ou s’en remettre à des services électroniques. Une autre école de pensée affirme que puisque les frais vont être au vu et au su de tout le monde, un conseiller peut se limiter à d’autres points de la relation, notamment la valeur de ce qu’il fournit. Va-t-il y avoir des ramifications du MRCC 2, comme la désertion du client ou quelque chose d’approchant?

Sandy Martin : Ce qui va vraiment se passer, je pense, c’est que les conseillers vont délaisser les comptes à base d’honoraires et les comptes transactionnels. Ça veut dire qu’ils finiront par migrer vers des comptes de portefeuilles gérés. Les clients sauront dès le départ quels frais ils auront à payer. Et nous verrons probablement beaucoup de petits clients dans l’incapacité de payer pour des comptes de portefeuilles gérés ou n’ayant pas les capitaux pour y investir.

Tom Bradley : Je pense que nous tous dans cette pièce, nous espérons qu’il y aura un ou deux millions de Canadiens sans conseillers et que nous pourrons nous disputer leur clientèle. Je suis peut-être optimiste, mais je pense que ça va permettre à nos clients de se replacer là où ils devraient être. Il y a des tas de clients de courtiers de plein exercice qui ne devraient pas être des clients de courtiers de plein exercice. Le service qu’ils obtiennent n’est pas très élaboré. Ils n’ont pas les besoins qui exigeraient l’attention d’un courtier, donc ils devraient être chez un courtier à escompte, chez un courtier électronique, faire affaire avec une succursale bancaire, ou avec Steadyhand ou Leith Wheeler, ou chez des compagnies de ce genre. Le MRCC 2 aura pour conséquence inévitable qu’il va y avoir du changement.

Warren Funt : Je n’appellerais pas cela une conséquence voulue ou involontaire. Les clients vont migrer là où ils le veulent parce qu’ils comprendront les tarifs qui leur sont appliqués.

RL : La transparence est-elle suffisante?

TB : Je pense que nous devrions aller jusqu’au bout et nous débarrasser des commissions de suivi. J’ai très nettement l’impression que le MRCC 2 va faire prendre conscience aux gens qu’il existe des commissions de suivi. Mais je pense que si nous voulons vraiment changer et mener à bien ce bouleversement, j’aimerais certainement les voir disparaître. Je ne veux pas qu’un service de marketing quelconque dans une société de fonds décide des modalités de paiement ou de rémunération entre le client et le conseiller. Je préférerais nettement que cette question soit décidée directement entre les deux parties.

SM : Le MRCC 2 déterminera si cette transparence va procurer au client de la valeur. Je peux vous dire que nous ne cessons de rencontrer des clients qui n’ouvrent même pas leurs relevés de compte. Ils veulent en parler à leurs conseillers parce que de cette façon ils n’ont pas à les lire. Je me demande un peu si cet effort particulier (celui du MRCC 2) aura vraiment un impact sur une partie substantielle de la clientèle. Celle-ci n’a pas tout le temps du monde pour regarder cette littérature, et il y a beaucoup à lire.

TB : Je suis d’accord avec Sandy, mais s’il y a un endroit où nous allons pouvoir communiquer nos messages aux clients et les inciter à nous accorder leur attention, c’est sur leurs relevés de compte. Quand je parle de clore la boucle de rétroaction, c’est pourquoi je pense qu’il est si important d’y mettre les coûts et les rendements. Mais c’est vrai, il y a beaucoup de gens qui ne vont pas le voir, ou le lire, ou le comprendre.

WF : On leur donne le choix. Si on leur fournit ces informations, surtout les informations sur ce qu’ils ont à payer pour un service, il faut qu’ils ouvrent l’enveloppe. S’ils s’en soucient assez pour l’ouvrir, c’est excellent.

TB : Je pense que nous devrions tous nous en soucier. On pourrait penser que les autorités, lorsqu’elles ont imaginé une politique et qu’elles nous ont donné des consignes à suivre, auraient pris des décisions plus susceptibles de bien marcher que de ne pas marcher.

WF :
Mais c’est au choix de l’investisseur. Si je décide de ne pas ouvrir mon relevé de compte Visa, c’est la même sorte de chose. Je devrais le faire et je ne le fais pas. Le client devrait le faire, mais on ne peut pas le forcer à ouvrir son relevé de compte.