Investissement responsable : encore marginal, mais...
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Si elle ne l’impose évidemment pas à tous ses clients, Geneviève Blanchard estime que le rôle d’un conseiller est de sensibiliser la population à ce type de placement et de les proposer aux clients qui pourraient être intéressés.

Récemment une étude de Desjardins montrait que si les gens pouvaient investir selon leurs valeurs en investissement responsable ils le feraient, pourtant très peu parlent de ce type de placement à leur conseiller.

« Il manque d’éducation par rapport à cela. Il y a encore beaucoup de gens qui ne sont pas au courant que ça existe. De plus, il y a beaucoup de mythes qui entourent l’IR qu’il faut défaire en tant qu’expert », réagit Geneviève Blanchard.

La conseillère a donc décidé de mettre la main à la pâte. Les 11 et 12 mai prochain, elle tiendra un stand éducatif à l’exposition Manger santé et vivre vert à Sherbrooke. Son but, trouver là-bas un certain nombre de personnes déjà sensibilisées aux types d’enjeux que soulève l’IR et les intéresser également à agir dans leurs investissements.

« Ça cadre dans la partie vivre vert de l’expo et avoir un mode de vie plus écologique. On pense souvent à notre consommation, comment consommer, mais c’est la même chose avec nos placements », affirme-t-elle.

Pourquoi investir responsablement

Selon elle, il y a quatre raisons principales à investir de façon responsable :

1) opportunité de croissance : les entreprises en IR sont souvent des entreprises innovantes qui vont tenter de trouver des solutions à des problèmes actuels ou futurs;

2) gestion de risque additionnelle : par exemple, à l’époque où Volswagen avait faussé les résultats des tests au niveau des émissions de ses voitures à diesel et que le prix de l’action de l’entreprise avait baissé de 40 %, peu d’investisseurs ayant des portefeuilles socialement responsables ont été touchés. Effectivement, cette entreprise avait un drapeau rouge en raison de sa politique de vote, car certains investisseurs avaient davantage de votes que d’autres. Cela prouve que les portefeuilles socialement responsables gèrent mieux les risques que d’autres selon Geneviève Blanchard;

3)  l’alignement avec ses propres valeurs;

4) la motivation d’avoir un impact positif sur la société.

Pour Geneviève Blanchard, c’est également une excellente opportunité d’affaires pour les conseillers. Les milléniaux et les membres de la génération Y seraient, selon les sondages, plus propices à être intéressés par ce type d’investissement que les baby-boomers. Ainsi, un conseiller qui propose ce type d’investissements aurait davantage de chances d’attirer cette clientèle.

Ses critères de choix pour les fonds en IR

Dans sa pratique, le groupe Blanchard fonctionne avec deux portefeuilles modèles, soit un portefeuille construit à partir de fonds communs de placement (FCP) et de fonds négociés en Bourse (FNB) principalement, et un portefeuille d’actions. Geneviève Blanchard participe à la construction des portefeuilles en IR proposés par le Groupe Blanchard et ses critères de choix sont très arrêtés.

Dans l’exercice, elle a consulté le département de recherches de sa firme, à Toronto et, ensemble, ils ont sélectionné les meilleurs fonds disponibles selon eux dans l’univers socialement responsable, ainsi que des fonds qui les complétaient bien.

« Pour choisir nos FCP, l’analyse est la même que pour tout autre type de fonds : on regarde le gestionnaire, son historique, son rendement historique… mais en plus, je vais regarder quel est le processus au niveau ESG », explique-t-elle.

Ainsi, elle procède par couches et s’attend à ce que les fonds qu’elle choisit intègre trois critères d’IR.

  • Le filtre d’exclusion : « c’est comme le filtre de base, mais à mon avis ce n’est pas suffisant et, pour l’opportunité de rendement, ce n’est pas à notre avis ces fonds qui auront les meilleurs rendements à long terme. C’est pour ça qu’on veut également d’autres critères », explique Geneviève Blanchard.
  • Une approche « Meilleur de classe » (Best in class) : les gestionnaires vont regarder les meilleures entreprises de chaque secteur.
  • Des gestionnaires qui font de l’engagement : « des fonds qui font de l’engagement et utilisent le vote par procuration, c’est vraiment un plus au niveau de l’IR. Ça amène une valeur ajoutée pour l’investisseur qui veut avoir un impact positif avec son portefeuille parce que la compagnie de fonds utilise vraiment son droit de vote pour s’exprimer sur différents sujets qui touchent à l’environnement, aux pratiques liées à l’environnement de l’entreprise », souligne Geneviève Blanchard.

Selon elle, il est important de trouver des gestionnaires qui utilisent ces trois filtres car cela démontre une gestion plus complète, qui va avoir plus d’impact et protéger davantage la valeur des placements des actionnaires.

100 % des fonds qu’elle a choisi pour son portefeuille construit à partir de FCP répondent à ses tris critères de sélection, mais elle y a également ajouté des FNB ne faisant pas nécessairement de l’engagement.

« Je n’ai pas trouvé d’alternatives au niveau des fonds avec lesquelles j’étais suffisamment confiante et pour lesquelles je me disais qu’ils faisaient le travail. Je suis donc allée chercher quelques FNB pour des mandats spécifiques », explique-t-elle.

Pour construire le portefeuille d’action, Geneviève Blanchard s’est basée dans ce cas sur les cotes environnementales, sociales et de saine gouvernance (ESG) de l’entreprise fournies par des organismes spécialisés comme Morningstar.

Pour elle, ces portefeuilles peuvent convenir à tout type d’investisseurs. Selon la raison pour laquelle ils investissent dans l’IR, les investisseurs choisiront davantage le portefeuille d’actions ou de FCP. Mais selon elle, le fait que les entreprises soient bien positionnées pour faire face aux enjeux des prochaines années aura un impact sur le prix de l’action et la valeur de l’entreprise à long terme.