Un papillon sortant de son cocon accroché à une branche d'arbre.
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Plus de quatre gestionnaires d’actifs canadiens sur dix (43 %) prévoient de lancer des produits à impact en 2024, selon une étude d’intentions publiée lundi par la société montréalaise Millani.

Toutefois, le rapport révèle que les gestionnaires d’actifs et les investisseurs sont néanmoins préoccupés par les nuances entre les résultats et l’impact, l’écoblanchiment sur les étiquettes des fonds, l’inclusion de la biodiversité dans les rapports environnementaux et la lenteur du développement d’une classification canadienne pour les investissements verts.

« Nous avons été témoins de certaines allégations commerciales trompeuses concernant les fonds ESG ou de développement durable. Le marché doit apprendre à ne pas commettre les mêmes erreurs alors que nous passons de l’intégration ESG aux résultats et à l’impact de la durabilité », indique le rapport.

Alors que les résultats de la durabilité ne comprennent que la performance financière et la mesurabilité, l’impact de la durabilité exige également que l’impact soit fait dans un but précis (intentionnalité) et que l’investissement ait un impact positif net (additionnalité).

Les gestionnaires d’actifs ont déclaré que la perception erronée selon laquelle les investisseurs doivent renoncer aux rendements financiers au profit de l’environnement freinait l’investissement d’impact au Canada. La clé pour briser cette idée fausse est de limiter l’écoblanchiment sur les étiquettes des fonds et d’éduquer les investisseurs sur le fait que l’intégration de l’ESG ne se fait pas nécessairement au détriment de la performance financière, assure le rapport de Millani.

La société recommande que les documents de marketing des fonds utilisent un langage clair et précis concernant les allégations liées à l’impact afin d’éviter « l’écoblanchiment ». Les régulateurs ont mis à jour leur surveillance des produits ESG, et les faux pas pourraient entraîner des conséquences financières et sur la réputation, selon le rapport.

Entre-temps, la biodiversité a gagné en importance en tant qu’élément clé de l’ESG, 47 % des personnes interrogées la citant comme l’un des trois principaux enjeux, contre 18 % en décembre 2021.

« Les participants reconnaissent que la biodiversité est différente du climat, mais qu’elle est fortement liée à la discussion sur le climat, ce qui explique l’élargissement de cette conversation aux « questions environnementales » », indique le rapport.

Les investisseurs exigent que les émetteurs divulguent l’importance de la biodiversité pour leurs activités et commencent à discuter des risques, selon l’étude. En conséquence, Millani s’attend à ce que les attentes en matière de divulgation d’informations sur la biodiversité augmentent.

En ce qui concerne l’opinion des répondants sur le système de classification des investissements climatiques tel qu’il est décrit dans l’énoncé économique de l’automne 2023, beaucoup estiment que le gouvernement fédéral a été trop lent à l’élaborer, 63 % d’entre eux estimant que l’annonce a été faite trop tard et que le Canada perdait sa position concurrentielle.

En général, les personnes interrogées ont estimé que l’annonce visait davantage à retarder les efforts qu’à répondre aux besoins du marché. L’absence d’un système officiel de classification des investissements verts signifie que des capitaux attendent d’être déployés pour soutenir les opportunités de décarbonisation au Canada, selon le rapport.

L’étude a consisté en des entretiens en décembre 2023 avec 32 propriétaires et gestionnaires d’actifs représentant environ 4,5 billions de dollars d’actifs sous gestion.