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Pour les conseillers qui connaissent bien les fonds communs de placement, mais qui commencent tout juste à s’intéresser aux fonds négociés en Bourse (FNB), il est rassurant de constater que les deux types de fonds d’investissement publient des valeurs liquidatives (VL) à la clôture du marché. Mais c’est là que s’arrêtent les similitudes.

Toutes les transactions des fonds communs de placement ont lieu au montant de ces VL de fin de journée. Ce n’est pas le cas des FNB, qui se négocient tout au long de la journée. Ce qui apparaît sur les écrans de négociation, ce sont deux prix qui vont fluctuer : le cours acheteur, soit le montant qu’un acheteur est prêt à payer, et le cours vendeur, soit le montant qu’exige le vendeur.

Pour éduquer les conseillers, « il y a toute une couche supplémentaire de conversations que vous devez avoir du côté des FNB », souligne Ahmed Farooq, premier vice-président et chef de la distribution des FNB aux particuliers à Placements Franklin Templeton, Toronto.

La différence entre le prix offert par les acheteurs et le prix demandé par les vendeurs est l’écart entre les cours acheteur et vendeur. Les mainteneurs de marché ou les courtiers désignés procèdent à des ajustements continus de l’écart cours acheteur-vendeur lorsqu’ils mettent à jour leurs calculs de la valeur des titres détenus par le FNB – actions, obligations, etc.

Selon la liquidité et la transparence des prix des titres détenus par le FNB, le différentiel acheteur-vendeur peut varier de négligeable à plus de 200 points de base.

« L’écart entre les cours acheteur et vendeur est représentatif du portefeuille sous-jacent, explique Mario Cianfarani, chef des ventes et des comptes clés pour Vanguard Investments Canada. Donc, si vous avez un portefeuille sous-jacent qui est profond et liquide, disons quelque chose comme le S&P 500, cet écart entre l’offre et la demande reflétera les sociétés les plus importantes et les plus liquides des États-Unis. »

Un FNB a deux niveaux de liquidité. La première est l’écart entre les cours acheteur et vendeur des titres sous-jacents. Il y a aussi la liquidité accumulée sur le marché secondaire à partir de l’écart entre les cours acheteur et vendeur du FNB lui-même.

« Souvent, dans le cas des FNB liquides, la liquidité du FNB est meilleure que celle de certaines composantes de son panier d’actifs sous-jacents », précise Mario Cianfarani, qui était auparavant chef des opérations sur les marchés financiers de Vanguard Canada.

Les règlements sur les valeurs mobilières exigent que les fournisseurs de FNB publient l’écart quotidien moyen entre les cours acheteur et vendeur dans l’Aperçu du FNB. L’écart est indiqué en pourcentage sur une période de 12 mois. Un exemple de FNB très liquide est le FNB Vanguard S&P 500 Index, dont l’écart moyen n’était que de trois points de base (0,03 %). De même, l’écart moyen du FNB iShares S&P/TSX 60 Index, le plus important de la catégorie des actions canadiennes, n’était que de quatre points de base.

À l’autre extrême, on trouve des mandats spécialisés tels que les fonds de stratégie alternative qui ont recours à la vente à découvert et à l’effet de levier. Par exemple, le Picton Mahoney Fortified Multi-Strategy Alternative Fund affiche un écart acheteur-vendeur moyen impressionnant de 2,89 % pour la période de 12 mois terminée le 5 juillet.

Parmi les catégories d’actifs les plus courantes, les FNB de titres à revenu fixe ont tendance à présenter des écarts plus importants, car les obligations sont vendues de gré à gré et leurs prix peuvent parfois être opaques, précise Ahmed Farooq. L’ampleur des écarts dépend également des types d’obligations détenues par le FNB. Plus la qualité du crédit est faible, plus les écarts ont tendance à être importants.

Pendant la période de volatilité du marché en mars de l’année dernière, les transactions sur les FNB à revenu fixe ont eu lieu à des prix inférieurs à leurs valeurs liquidatives affichées, qui étaient basées sur la clôture du marché de la journée précédente. Mais, selon Mario Cianfarani, cela reflétait le fait que les cours du jour des obligations sous-jacentes n’étaient pas à jour. « Le FNB était en fait un meilleur indicateur de la situation du marché que le portefeuille sous-jacent, assure-t-il. Le FNB réagissait en temps réel. »

Parmi les FNB d’actions, les écarts entre les cours acheteur et vendeur ont tendance à être plus importants pour les produits ayant des avoirs à l’étranger, surtout s’ils sont achetés ou vendus lorsque les marchés dans lesquels ils investissent sont fermés. Les écarts peuvent également être plus importants pour les FNB qui détiennent des actions de petites sociétés.

« Les mégacapitalisations ont tendance à avoir un volume d’échange beaucoup plus important, déclare Ahmed Farooq. En descendant le spectre vers les petites capitalisations, vous aurez des écarts plus importants basés sur les écarts acheteur-vendeur des actions individuelles. »

La taille d’un FNB n’est pas un facteur important dans les écarts entre les cours acheteur et vendeur. Ce qui importe davantage, c’est la liquidité des titres sous-jacents. Les sociétés de FNB peuvent prendre des dispositions pour créer ou racheter des parts de FNB, selon la demande du marché. Elles achètent les titres sous-jacents si elles ont besoin de plus de parts. Par ailleurs, les parts peuvent être fractionnées en vendant des titres à la bourse. Ce processus permet de maintenir les écarts entre les cours acheteur et vendeur à un niveau relativement faible, du moins pour les FNB qui investissent dans des titres très liquides.

Le volume des transactions peut être un facteur dans les écarts entre les cours acheteur et vendeur des FNB, soutient Mario Cianfarani. « Plus il y a de transactions, plus il y a d’autres investisseurs, négociateurs ou sociétés d’arbitrage qui peuvent resserrer l’écart entre les cours acheteur et vendeur. »

Toutefois, le volume des transactions devient un facteur moins important si les titres sont similaires à ceux d’autres FNB. En raison des possibilités d’arbitrage, « l’écart entre l’offre et la demande se rapprochera de l’écart qui est cohérent avec d’autres mandats similaires », dit-il.

Conseils pour les conseillers

La difficulté pour les conseillers d’obtenir la meilleure exécution des ordres pour leurs clients consiste à minimiser l’impact des écarts entre les cours acheteur et vendeur tout en réalisant les transactions. Voici comment procéder :

  • Utilisez toujours des ordres à cours limité, en spécifiant le prix maximum que vous êtes prêt à payer pour acheter le FNB ou le prix minimum que vous accepterez si vous le vendez. Bien qu’un ordre au prix du marché garantisse que votre transaction sera exécutée, vous renoncez au contrôle du prix de la transaction. Si vous devez vous assurer que l’ordre sera exécuté, Mario Cianfarani suggère d’utiliser un ordre à cours limité négociable. Le prix de ce type d’ordre est légèrement supérieur au prix de l’offre si vous achetez, ou légèrement inférieur au prix de l’offre si vous vendez. « Mais au moins, vous ajouter de la certitude dans votre transaction. »
  • Évitez de négocier peu après l’ouverture ou avant la fermeture du marché. Pendant au moins 15 minutes, laissez le marché se stabiliser à la suite des dernières nouvelles, de l’humeur du marché ou des transactions en bloc effectuées tôt le matin, recommande Ahmed Farooq. Vers la fin de la journée, un rallye ou un effondrement tardif peut également entraîner un élargissement des écarts, ajoute-t-il. Ahmed Farooq recommande également d’éviter de négocier pendant les jours fériés aux États-Unis. Les écarts seront plus importants pour les FNB d’actions américaines cotés au Canada, prévient-il. La réduction des volumes de transactions aura également tendance à élargir les écarts sur les actions canadiennes et, par extension, sur les FNB qui détiennent ces actions.
  • Lorsque vous achetez ou vendez des FNB d’actions européennes, faites-le le matin, lorsque les écarts ont tendance à être plus étroits parce que les mainteneurs de marché sont mieux en mesure de calculer la valeur des titres sous-jacents. Cela ne s’applique pas aux opérations sur les FNB d’actions asiatiques, car les heures de négociation ne se chevauchent pas avec celles d’Amérique du Nord.
  • Si vous souhaitez négocier un bloc d’actions pour un seul gros client ou pour le compte de plusieurs clients, ne vous laissez pas décourager par un volume insuffisant d’offres et de demandes. Communiquez avec le pupitre de négociation de blocs d’actions du FNB, soit directement, soit avec l’aide des professionnels des marchés financiers de la société du FNB. Selon Mario Cianfarani, les conseillers pourraient être en mesure de négocier un prix correspondant à l’offre d’achat ou de vente affichée. « Parfois, ils ne peuvent pas, mais vous vous assurerez généralement que le mainteneur de marché est conscient et capable d’accommoder votre taille, de sorte que vous ne perturbiez pas le marché et que vous obteniez la meilleure exécution possible. »