Un homme d'affaire montrant 5 doigts.
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Le marché canadien des fonds négociés en Bourse (FNB) offre une foule d’options afin d’aider un client à saisir des occasions dans les marchés financiers. Voici cinq tendances qui ont été discutées lors d’un panel présenté par l’organisme Women in ETF, à l’occasion de l’événement Inside ETFs, qui s’est tenu le 19 octobre dernier à Toronto.

Intérêt pour les options d’achats couvertes

La volatilité des marchés a eu, à tout le moins, comme bon côté de rendre plus intéressante la stratégie de vente d’options d’achats couvertes.

« La stratégie d’options d’achat couvertes figure parmi les meilleurs outils afin de profiter de la volatilité », a indiqué Laura Tase, directrice chez BMO Gestion mondiale d’actifs. Cette stratégie fonctionne particulièrement bien dans les marchés plats ou en légère baisse, mais elle sous-performe quand le marché est en hausse de manière importante.

Chez BMO, cette stratégie, ayant comme actif sous-jacent des actions productrices de revenus, est utilisée comme des actions à dividendes et on ajoute une couche d’option d’achat couverte pour une portion du portefeuille.

« Alors vous obtenez le rendement du portefeuille sous-jacent, plus le rendement de la prime de l’option. Quand le marché va augmenter, une partie du potentiel à la hausse est plafonné. Quand le marché baisse, votre déclin est compensé par la prime de l’option. Dans les marchés volatils, l’option est stabilisatrice », a expliqué Laura Tase.

Les investisseurs doivent donc avoir en tête qu’il s’agit d’un échange : on perd un potentiel d’appréciation des titres contre le bénéfice de collecter dès maintenant le revenu de l’option.

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Chez Placements CI, pour leurs stratégies de vente d’options d’achats couvertes, on va limiter à 25 % la portion du portefeuille pour laquelle on peut vendre des options, afin de limiter le potentiel à la hausse qui est plafonné. Il est recommandé aux conseillers de regarder sous le capot des FNB pour en connaître la méthodologie.

Chez CI, le but est d’offrir des stratégies du genre pour des secteurs où le marché sous-jacent d’options est robuste, par exemple, lorsqu’il contient des titres de grandes capitalisation liquides, selon Veronika Popova, directrice des stratégies de FNB chez CI.

Afin de générer des revenus de prime intéressants pour les investisseurs, CI joue avec la monétisation de l’option, soit la proximité entre le prix de levée de l’option et le prix du titre sous-jacent. « Plus cet écart est grand, moins on va recevoir de prime. Cependant, lorsque l’écart est petit (le prix de levée est près du prix de l’action), vous devez être compensé pour le risque que l’option soit exercée, alors vous recevez une prime plus grande. C’est là où l’expertise du gestionnaire de portefeuille entre en jeu », a souligné Veronika Popova.

Certains émetteurs de fonds ajoutent même un levier de 25 % à la stratégie de gestion active d’options d’achats couvertes. « Vous pouvez donner ainsi un peu plus de rendement. Pour un investisseur qui souhaite obtenir davantage de rendement sur le plan mensuel, c’est intéressant. Sur le plan du levier, on le fait par l’intermédiaire d’un emprunt en argent, alors il n’y a pas de dérivé afin d’avoir l’exposition supplémentaire de 25 % », a précisé Kaitlin Thompson, vice-présidente, stratégie de produits, chez Evolve ETFs.

Pertinents FNB de titres à revenu fixe

Depuis 2020, l’actif en FNB de titres à revenu fixe a crû de manière importante, passant de 62,5 milliards de dollars (G$) à la fin de 2019, à 76,5 G$, à la fin de septembre 2022, selon les données de l’Association canadienne des FNB (ACFNB).

Cette popularité s’explique par le fait que ce type de FNB offre une solution particulièrement avantageuse pour les investisseurs, a indiqué Laura Tase, directrice chez BMO Gestion mondiale d’actifs.

« Les obligations sont chères à négocier et difficiles à obtenir. Lorsque les investisseurs veulent une exposition aux titres à revenu fixes, ils doivent soit acheter des obligations individuelles ou un fonds commun obligataire et ainsi accepter la perspective de son gestionnaire de portefeuille », a-t-elle précisé.

Les FNB obligataires comportent une foule d’avantages qui favorisera leur adoption à l’avenir, selon elle. « Ils offrent une diversification instantanée, la possibilité d’avoir une exposition à un secteur en particulier ou un segment du marché ainsi qu’une tarification digne des investisseurs institutionnels. Ils répondent en plus aux principaux enjeux de négociabilité et d’accès. »

Elle souligne que bon nombre de FNB permettent aux investisseurs d’exprimer leur préférence par rapport au marché obligataire en choisissant un segment précis du marché. Par exemple, BMO a découpé les fonds obligataires en fonction de leur duration et de la qualité du crédit, ce qui fait qu’un investisseur qui souhaite s’exposer à des titres de première qualité ayant une faible duration peut acheter un FNB de titres fédéraux de courte échéance.

Les FNB d’obligations à gestion active ont leur place dans les portefeuilles des clients, a affirmé Krista Hicks vice-présidente principale, développement des affaires, chez Horizons ETFs.

« Le marché des titres à revenu fixe est devenu une mer de plus en plus compliquée à naviguer. C’est très bénéfique d’avoir des gestionnaires qui ont l’expertise afin d’acheter des titres après avoir fait une recherche sur le crédit des émetteurs », a-t-elle résumé.

Les gestionnaires de portefeuille peuvent non seulement gérer les risques de crédits, les risques de défaut de paiement et les risque de durée, mais ils peuvent également gérer les risques de taux d’intérêt et de liquidité, selon Krista Hicks. « Pour une catégorie d’actif qui n’est pas censé être très risqué et qui devrait en théorie réduire le risque dans le portefeuille des clients, il y a eu beaucoup de risques liés au revenu fixe. Il y a également beaucoup de titres de pacotilles que vous ne voudriez pas nécessairement acheter pour vos clients. »

« Pourquoi détenir dans un mandat passif quand vous pouvez profiter du filtre des gestionnaires et améliorer la qualité de crédit de votre portefeuille? », a-t-elle ajouté.

L’argent est roi

Avec la montée des taux d’intérêt en 2022, les prix des obligations ont diminué, la relation entre le prix des obligations et leur rendement étant inverse. Cette conjoncture a accru l’attrait pour les FNB de comptes à intérêt élevé aussi désigné FNB de liquidités.

Par exemple, de janvier à la fin d’octobre, ce segment de FNB a connu des créations nettes de 5,9 G$, ce qui représente la majorité des créations nettes de FNB de titres à revenu fixes (10,8 G$) durant cette période, selon Banque Nationale Marchés financiers.

Contrairement aux certificats de placements garantis, ces FNB n’offrent pas la garantie de la Société d’assurance-dépôts du Canada. Cependant, ils offrent l’avantage d’avoir leur taux d’intérêt révisé le lendemain d’une hausse du taux directeur de la Banque du Canada, a expliqué Kaitlin Thompson, vice-présidente, stratégie de produits, chez Evolve ETFs.

« C’est un produit simple. On utilise des comptes d’épargne à intérêt élevé de grandes banques canadiennes. La banque va nous payer un écart de crédit concurrentiel par rapport au taux directeur à un jour, par exemple, ce taux plus 50 points de base », a-t-elle précisé.

Selon elle, de plus en plus d’investisseurs considère ce produit comme une option de remplacement d’une part de leur portefeuille de titres à revenu fixe, car ce type de fonds est un portefeuille ayant zéro duration.

Merci aux régulateurs pour leur ouverture à l’innovation

Une des différences entre le marché américain des FNB et son équivalent canadien tient à la réglementation de ce dernier. En effet, depuis de nombreuses années, les FNB inscrits au Canada n’ont pas eu à divulguer l’ensemble de leurs positions, mais seulement leurs dix principaux titres, à l’instar de la réglementation des fonds communs de placement. Les États-Unis ont récemment adopté une réglementation similaire, ce qui fait qu’on peut s’attendre à ce que les FNB gérés activement prennent leur envol au sud de la frontière à l’instar de leur popularité au Canada, selon Meaghan Kelly, vice-présidente, communications stratégiques, recherche et innovation, chez AGF Investments.

« L’enveloppe du FNB fonctionne bien pour la gestion active », a-t-elle noté, précisant qu’AGF reste agnostique par rapport au type de fonds qui permet aux investisseurs d’accéder à une stratégie de placement.

Ce cadre réglementaire continuera de favoriser le développement de stratégies de gestion active, comme des FNB à bêta judicieux, des FNB factoriels ou à faible volatilité.

Ce genre de FNB répondra à un besoin des investisseurs de compenser les faiblesses des FNB traditionnels pondérés en fonction de la capitalisation boursière, selon Veronika Popova. Elle note toutefois le risque de concentration, car pour certains, « 60 % des actifs sont concentrés dans les 20 principaux titres » et qu’il n’y a pas de rééquilibrage qui est fait dans les FNB indiciels, a-t-elle noté.

Le cadre réglementaire canadien a aussi permis aux émetteurs de fonds d’offrir des FNB de cryptoactifs en détention physique, une innovation qui permet aux clients de détenir des FNB dans un compte de courtage. « Ils permettent aux conseillers de travailler avec les investisseurs » qui accédaient souvent à cette catégorie d’actif sans passer par leur conseiller, d’après Kaitlin Thompson.

De plus, souvent, les investisseurs qui souhaitent se procurer des cryptoactifs profitent ainsi d’un écart de négociation (cours acheteur/cours vendeur) inférieur lorsqu’ils achètent un FNB en comparaison de lorsqu’ils tentent d’acheter ces actifs directement sur une plateforme boursière, selon elle.

L’investissement ESG promis à un bel avenir

En quelques années, les fonds ESG ont émergé au point de devenir une tendance réelle dans le secteur. « On est passé de l’investissement responsable, où l’on excluait des entreprises ou des secteurs, à l’investissement axé sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), où l’on est plus inclusif et on garde le focus sur le fait de rendre des entreprises qui sont bonnes encore meilleures », a indiqué Laura Tase.

De plus en plus d’investisseurs veulent prendre de bonnes décisions et éviter certains risques. Par exemple, différentes études ont démontré que des entreprises ayant de faibles notes à des facteurs ESG sont souvent liées à des incidences défavorables.

Avec l’ESG, on félicite les leaders d’un secteur et on encourage les entreprises à prendre de bonnes décisions dans leur allocation de capital. En partenariat avec MSCI, BMO a lancé des FNB ESG qui investissent dans les entreprises qui ont les meilleurs scores sur le plan des facteurs ESG.

« Dans le futur, on s’attend à ce qu’il y ait davantage de fonds thématiques, comme des fonds qui misent sur la gouvernance au féminin, la diversité de genre ou qui font une croix sur les combustibles fossiles. On s’attend également à ce que les définitions des critères ESG soient plus claires et les critères, davantage normalisés », a noté Laura Tase.