Un signe de taux rouge debout au milieu de nombreux signes de dollars couchés.
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La croissance des fonds négociés en Bourse (FNB) de comptes à intérêt élevé a été forte en 2022. Et pour cause, ce type de fonds a une proposition de valeur unique devenue encore plus attrayante avec la montée des taux d’intérêt l’an dernier. Bilan de ses forces et ses faiblesses, selon une étude menée par des analystes du secteur de la recherche sur les FNB de Marchés de capitaux CIBC, dont Jin Yan et Ian de Verteuil.

Les FNB de liquidités sont essentiellement des fonds communs qui effectuent des dépôts dans diverses banques de l’annexe I sur des comptes d’épargne à intérêt élevé.

Depuis le lancement du premier fonds du genre en 2013, ces fonds ont reçu plus de 17 milliards de dollars (G$) de créations nettes, selon l’étude. En 2022, ces fonds ont cumulé 8,8 G$ de nouveaux actifs rien qu’en 2022, ce qui représente environ 22 % des entrées de fonds des FNB l’année dernière, selon Marchés des capitaux CIBC.

Le CI High Interest Savings ETF est le plus important FNB de ce marché en termes d’actifs (6,6 G$ au 13 mars). Il est assorti de frais de gestion de 0,14 % et d’un rendement annualisé net de 4,81 %. Parmi les différents fonds du genre, les frais de gestion varient de 0,10 % à 0,18 % et le rendement annualisé net, de 4,79 % à 4,89 %, selon une compilation de Marchés des capitaux CIBC.

Les FNB de liquidité offre bon nombre d’avantages. En voici quelques-uns mis de l’avant par les auteurs de la note.

– Ils peuvent offrir des rendements concurrentiels par rapport à ceux des fonds du marché monétaire, des certificats de dépôt garantis (CPG) remboursables et non remboursables et des comptes d’épargne à intérêt élevé proposés par les six grandes banques. « Nous estimons que les FNB de liquidités offrent actuellement des rendements nets (c’est-à-dire après frais) de l’ordre de 4,8 % à 4,9 %, soit environ 20 à 30 points de base de plus que la plupart des fonds du marché monétaire et des CPG à un an non remboursables », lit-on dans la note.

– Ils sont similaires aux fonds du marché monétaire en ce sens qu’ils sont achetés et vendus à l’intérieur de comptes d’investissement. Les investisseurs peuvent facilement négocier des blocs importants de FNB de comptes à intérêt élevé pendant les heures d’ouverture du marché. « Ils sont très liquides et il n’y a pas de période d’immobilisation comme dans le cas des CPG et des dépôts à terme », ajoutent les auteurs de Marchés des capitaux CIBC.

– Les taux d’intérêt des FNB de liquidités sont liés à des taux de référence tels que le taux des prêts à un jour de la Banque du Canada, le taux préférentiel des banques ou le taux des fonds fédéraux américains. Si les taux continuent d’augmenter, les rendements de ces FNB devraient évoluer au même rythme et  L’inverse est aussi vrai.

– Contrairement aux comptes à intérêt élevés standards ou aux CPG proposés par de nombreuses banques, les FNB de liquidité ne comportent pas de frais de compte supplémentaires, de limites de transfert, d’exigences de solde minimum ou maximum, ni de taux progressifs.

Or, l’utilisation de FNB de liquidités présente également certains inconvénients, selon Marchés des capitaux CIBC.

– Contrairement aux dépôts bancaires, qui sont garantis par la Société d’assurance-dépôts du Canada (SADC) jusqu’à 100 000 $, les actifs des FNB de comptes à intérêt élevé ne sont pas assurés. « Toutefois, nous constatons que la majorité des dépôts de ces FNB sont actuellement détenus par les six grandes banques et que le risque d’une panique bancaire systémique sur ces institutions, qui empêcherait ces FNB de fonctionner correctement, est extrêmement faible », soulignent les auteurs.

– Les coûts de transaction, tels que les commissions de courtage et l’écart entre les cours acheteur et vendeur, peuvent réduire les rendements en cas d’opérations fréquentes. Tout dépendant de la taille de la transaction, les commissions de courtage peuvent représenter un montant important.

– Ces FNB peuvent se négocier avec une légère prime/escompte par rapport à leur valeur liquidative, de sorte que les rendements à court terme peuvent fluctuer par rapport au rendement effectif en fonction du coût d’achat et de rachat de ces parts. En règle générale, les FNB de comptes à intérêt élevé se négocient très près de leur juste valeur et les primes/escomptes intrajournalières soit, souvent à 0,01 $ de la valeur liquidative, d’après Marchés des capitaux CIBC.

Surveillance réglementaire accrue

Les FNB de liquidité ont fait l’objet d’un examen plus approfondi en raison de leur popularité croissante. Certaines banques ont restreint l’accès à ces produits, car ils sont en concurrence directe avec les comptes d’épargne à taux d’intérêt élevé et les CPG. Certaines sont également réticentes à accepter des dépôts, qui seraient à la base de ces FNB, observent les auteurs de la note.

Selon les médias, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) examine actuellement les banques qui offrent des dépôts à taux d’intérêt élevé aux FNB de liquidité, du point de vue de la liquidité et des caractéristiques du bilan. Si les dépôts des FNB de liquidité devaient être considérés comme nécessitant une « décote » de liquidité pour les banques, les taux offerts par les banques à ces FNB seraient affectés négativement.

« Cela pourrait rendre les FNB de comptes à intérêt élevé moins attrayants par rapport à d’autres produits de liquidités. Il est difficile de savoir ce qu’il adviendra de tout cela, mais dans le pire des cas, nous nous attendons toujours à ce que ces FNB de liquidités offrent des rendements courants concurrentiels (bien qu’un peu plus faibles) », lit-on dans la note de Marchés des capitaux CIBC.

Dans un monde où des banques américaines ont récemment fait faillite, il n’est pas surprenant que le BSIF et la SADC adoptent un point de vue conservateur sur la durabilité de ces dépôts. « Bien que les actifs de ces FNB soient très différents des « dépôts » typiques d’une banque, ils constituent une source de financement et le risque de sorties de fonds périodiques est une préoccupation légitime », estiment les auteurs de la note.

L’un des arguments en faveur d’un traitement plus rigoureux des dépôts offerts par les banques à ces fournisseurs de FNB concerne l’utilisateur final. Dans un petit nombre de cas, ces FNB ont été achetés par des acheteurs institutionnels, mais dans l’ensemble, il nous semble qu’il s’agit essentiellement d’un produit « de détail », selon Marchés des capitaux CIBC.

Les auteurs de la note ne prévoient pas que les rendements chutent de façon spectaculaire, même si le BSIF modifie la façon dont les banques doivent traiter ces dépôts. Advenant cette situation, les FNB du marché monétaire, qui investissent dans des billets de trésorerie et des acceptations bancaires, pourraient voir leurs créations nettes augmenter, car leurs rendements deviendraient relativement plus attrayants.

« Il est également possible que les FNB de liquidités se tournent vers les instruments du marché monétaire pour continuer à offrir des rendements attrayants, bien que cela nécessiterait probablement l’approbation des détenteurs de parts existants », lit-on dans l’étude de Marchés des capitaux CIBC.

Par ailleurs, les clients ayant une tolérance au risque légèrement plus élevée peuvent opter pour des FNB à duration ultra courte, qui investissent principalement dans des obligations d’entreprises arrivant à échéance dans moins d’un an. Ces fonds peuvent être plus volatils que les FNB de liquidité ou du marché monétaire, mais leur rendement est supérieur en raison de ce risque plus élevé, d’après Marchés des capitaux CIBC.

Par exemple, au 23 mars, le rendement annualité net du BMO Ultra Short-Term Bond ETF (Accumulating Units) était de 6,22 % et celui du Franklin Bissett Ultra Short Bond Active ETF, de 6,56 %.