Un homme d'affaires devant un ordinateur des feuilles à la main.
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Après un mois de septembre en demi-teinte, près de 3 milliards de dollars (G$) en créations nettes ont été investis dans les FNB canadiens en octobre, soit une augmentation de 70 % par rapport aux créations nettes de septembre, selon un rapport de Banque Nationale Marchés financiers (BNMF).

Les FNB canadiens ont ainsi presque regagné leur niveau d’apports nets de l’été et se rapprochent des résultats de juin 2023, qui avaient dépassé 4 G$. L’actif géré cumulatif en FNB cotés au Canada totalisait en octobre 346 G$, soit 1 G$ de plus par rapport à septembre.

Les FNB de titres à revenu fixe ont poursuivi leur progression, avec des créations nettes de 1,9 G$, comparé à des entrées de 1,5 G$ le mois précédent. Les FNB du marché monétaire, qui avaient volé la vedette en septembre, ont été éclipsés par les obligations canadiennes globales (1,3 G$) et les FNB d’obligations à long terme (598 M$).

« Depuis que le rendement des obligations du Trésor américain à 10 ans a brièvement touché le seuil des 5 % le 23 octobre, les investisseurs se sont de plus en plus tournés vers une exposition de longue durée pour parier sur un recul des taux par rapport à leur niveau le plus élevé », indiquent les analystes de BNMF à l’origine du rapport, soit Daniel Straus, Tiffany Zhang et Linda Ma.

Ils estiment que les rendements ont chuté au Canada et aux États-Unis en raison de données économiques peu encourageantes et d’indications de la part des banques centrales selon lesquelles le cycle agressif de hausse des taux pourrait toucher à sa fin.

Même si elle a diminué par rapport à septembre, la demande pour les FNB canadiens du marché monétaire (CSAV, CASH, ZMMK, PSA) a tout de même atteint 462 M$ de créations nettes en octobre. Elle reste donc importante, « compte tenu de l’incertitude réglementaire entourant les produits de dépôt en espèces qui prévalait jusqu’à tout récemment », considèrent les experts.

Changement du BSIF

Le 31 octobre, le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF) a levé cette incertitude en annonçant un resserrement des règles de traitement des liquidités pour les FNB de comptes d’épargne à intérêt élevé (CEIE) d’ici le 31 janvier 2024.

Cette décision pourrait entraîner des changements dans les taux de rendement de certains FNB de CEIE, indiquent les spécialistes de BNMF. Cependant, le calendrier et l’ampleur de l’impact sur les taux restent incertains, selon BNMF.

Par conséquent, certains FNB de CEIE pourraient commencer à offrir de nouveaux taux légèrement différents dans leurs prochaines distributions, ou ils pourraient attendre trois mois avant de faire des changements, selon les auteurs de la note.

« La composition de ce genre de FNB pourrait également évoluer – tous les émetteurs de fonds du genre ont annoncé qu’ils autoriseraient l’inclusion de titres du marché monétaire dans leurs portefeuilles sous-jacents, et trois des FNB de CEIE l’ont déjà fait », lit-on dans la note de BNMF.

Cette décision du BSIF pourrait également inciter les investisseurs à se tourner vers les produits du marché monétaire, les produits à taux variable ou les produits à revenu fixe à très court terme, qui peuvent contenir un certain niveau d’exposition à la duration minimale.

Les FNB d’action dans le vert

Du côté des FNB canadiens d’actions, on renoue avec les créations nettes près un mois dans le rouge, en recueillant 691 M$ en octobre. Cette progression revient principalement aux FNB pondérés en fonction de la capitalisation boursière (ZSP, VFV, XSP, XEF), qui ont enregistré des entrées nettes de 730 M$, indiquent les experts.

Les FNB d’actions sectoriels ont également attiré des capitaux, principalement dans le secteur financier (224 M$), et moindrement dans l’énergie et les matières premières. Certains FNB d’actions gérés activement et des FNB d’allocation d’actifs tout-actions ont également contribué à la remontée de cette catégorie d’actif.

Les FNB canadiens d’actions factoriels ont quant à eux moins bien performé. Ils ont subi des rachats nets dans les sous-catégories des dividendes/revenus, faible volatilité, multi-factoriels et fondamentaux. Les FNB ESG ont pour leur part aussi enregistré des sorties nettes de 201 M$, tandis que les FNB thématiques ont subi des rachats nets de 253 M$.

Dans les autres catégories d’actifs, les FNB canadiens de cryptoactifs ont enregistré des entrées inhabituelles de 248 M$. Les analystes de BNMF attribuent cette poussée au fait que certains investisseurs ont spéculé sur l’approbation par la Securities and exchange commission de FNB sur le bitcoin à détention physique aux États-Unis, approbation qui ne s’est pas matérialisée. Pour les 10 premiers mois de l’année, les créations nettes des FNB canadiens de cryptoactifs totalisent 70 M$.

Importantes sorties chez Evolve

Les cinq principaux émetteurs de FNB canadiens ont bénéficié de créations nettes en octobre. Dans le trio de tête, RBC iShares a récolté 1,2 G$, BMO a reçu 815 M$ et Vanguard a engrangé 274 M$. Les créations nettes les plus élevées en pourcentage des actifs sous gestion du début du mois ont eu lieu chez 3iQ, Arrow Capital et Banque Scotia. De son côté, Evolve a enregistré la plus importante sortie (394 M$) concentrée sur son FNB de CEIE, en raison d’une négociation d’un investisseur institutionnel, selon BNMF. D’autres sorties ont eu lieu chez Mackenzie et Invesco.

Une quarantaine de nouveaux FNB canadiens ont été lancés sur le marché durant les mois de septembre et d’octobre. Il s’agit principalement de produits basés sur les options, les titres à revenu fixe et les stratégies à faible effet de levier.

Depuis le début de l’année, les FNB canadiens ont enregistré des entrées nettes de 29,6 G$, dont plus de la moitié dans les FNB à revenu fixe, qui ont reçu 18,9 G$, tandis que les FNB d’actions ont collecté 8,3 G$ en créations nettes Les FNB multi-actifs ont encaissé 1,8 G$, et les FNB de matières premières ont subi des rachats à hauteur de 95 M$.

Pour les dix premiers mois de 2023, RBC iShares prend le premier rang des manufacturiers au chapitre des créations nettes avec 4,4 G$, suivie de Banque Nationale Investissement (3,8 G$), Horizons (3,8 G$), BMO (3,7 G$), Placements CI (3,2 G$) et Vanguard (3,2 G$).