Un feu d'artifice rouge dans un ciel de nuit.
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L’année 2023 se présente comme « une des meilleures pour l’industrie des fonds négociés en Bourse (FNB) au Canada », affirme Valeurs mobilières TD (VMTD) dans ETF Weekly.

Le bilan général est très bon, avec des entrées de fonds totales de 38,4 milliards $ (G$) et le lancement de 167 nouveaux fonds, une hausse de 14 % par rapport au nombre de lancements enregistrés en 2022.

C’est la deuxième année de suite où les créations nettes de FNB surpassent largement les créations nettes fonds communs de placement. En effet, pour les 11 premiers mois de 2023, les fonds communs ont affiché des rachats nets de 51,6 G$, comparativement à des créations nettes de 34,3 G$ pour les FNB, soit un différentiel de 86 G$.

« Considérant l’adoption croissante des FNB par les investisseurs, surtout chez les plus jeunes, cette tendance est appelée à se poursuivre », note VMTD. Gardons cependant en tête que le secteur des FNB canadiens n’accapare encore qu’un actif sous gestion total de 380 G$, soit 20 %, de l’actif total de 1,9 billion de dollars en fonds communs.

Domination du revenu fixe

Poursuivant sur une lancée engagée dès le début de 2023, les FNB de titres à revenu fixe ont enregistré les plus fortes entrées de fonds, soit 12,5 G$, tout juste devant les FNB d’actions qui n’ont pas été en reste avec des entrées de 12,1 G$. « Plusieurs investisseurs voient les titres à revenu fixe, grâce à des rendements attrayants à plus faible risque, comme un des investissements les plus populaires dans l’environnement actuel », commente VMTD.

En troisième place viennent les FNB de gestion de liquidités avec des créations nettes de 8,9 G$. Si on agglomère les FNB de cette catégorie avec les FNB obligataires, un geste que pose VMTD, on se retrouve avec un total impressionnant de 21,3 G$, ce qui hausse les titres à revenu fixe au niveau de catégorie la plus populaire de 2023, avec une part de 56 % des entrées de fonds. Malgré cet important afflux d’argent, les FNB de titres à revenu fixe n’occupent encore qu’une part de 31% du total des actifs investis en FNB au Canada.

Le nombre total de FNB s’élève maintenant à 1376 fonds où, sur les 167 nouveaux venus de l’année, les FNB d’actions ont accaparé la part du lion avec 95 lancements, prenant largement le pas sur les 39 FNB obligataires inaugurés dans l’année. En considérant la popularité des fonds obligataires, une telle préséance accordée aux FNB d’actions étonne.

Une gestion qui « s’active »

Une catégorie qui se distingue en 2023 est celle des FNB à gestion active, qui ont vu des entrées de fonds de 15,0 G$, soit 39 % du total, talonnant de très près les entrées de 16,8 G$ qu’ont engrangées les FNB passifs. Il convient de noter que les FNB actifs ne représentaient que 24 % des actifs sous gestion du marché canadien des FNB, alors que les FNB passifs en représentaient 67 %. Par conséquent, la croissance des FNB actifs a largement dépassé celle des FNB passifs en 2023. « La tendance devrait se poursuivre en 2024, car de plus en plus de gestionnaires de fonds actifs lancent des FNB », note VMTD.

Une différence majeure sépare les FNB à gestion passive et ceux à gestion active. Les premiers ont connu des entrées très irrégulières qui ont épousé les sursauts de performance des marchés. Ainsi, on note des pics majeurs dans l’entrée de fonds en mars, juin, novembre et décembre 2023, avec un sommet de près de 2,5 G$ en novembre. Par ailleurs, sauf pour une pointe de 1,7 G$ en mars, les entrées du côté des fonds actifs ont été soutenues et régulières, sans jamais essuyer de recul. Les fonds passifs, pour leur part, ont vu des saignées d’actifs trois mois sur les douze, le mois de janvier marquant un creux avec des rachats nets de 700 M$, mars et septembre enregistrant des reculs d’environ 250 M$.

Notons deux autres développements en 2023. D’une part, la popularité des FNB avec stratégie d’options ne s’est pas démentie, renforcée par la volatilité des marchés, la catégorie accueillant des entrées nettes de 3,5 G$. De plus, elle a vu apparaître le premier FNB obligataire à stratégie d’options. L’autre développement tient à un regain de vie des FNB de cryptoactifs, le secteur voyant affluer 1,0 G$ suite au retour en force de Bitcoin dont le prix a monté à 42 000 $US à la fin de l’année, doublant presque son niveau de départ en janvier 2023.

L’année a été marquée par un trouble majeur dans la catégorie des FNB de gestion de liquidités, provoqué par le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF). Ainsi, au cours de 2023, pendant dix mois, ces FNB ont connu des entrées nettes d’argent spectaculaires, atteignant par exemple 3,3 G$ en mars seulement. Par contre, une intervention potentielle de la part du BSIF pesait sur ce marché, car ce régulateur envisageait de revoir le traitement des liquidités des déposants. Après l’intervention du BSIF, les rendements ont reculé de 30 à 40 points de base de leur sommet précédent d’environ 5,1%. Ces rendements demeurent fort attrayants, mais il en résulte que « les investisseurs hésitent probablement à injecter d’autres sommes dans ces produits en regard du changement potentiel des rendements », juge VMTD.

VMTD ne se prononce pas sur l’évolution à venir de ces FNB de gestion de trésorerie, mais l’année 2023 n’en reste pas moins spectaculaire, avec des entrées totales de fonds de 6,6 G$, auxquelles on peut ajouter l’afflux additionnel de 2,3 G$ dans les FNB de titres des marchés monétaires.

Gagnants et perdants

Chez les manufacturiers de FNB, les grands gagnants de 2023 sont RBC iShares, qui a connu des entrées nettes de 9 G$, presque le double de son plus proche concurrent, Les FNB d’Horizons, qui ont engrangé 4,97 G$ en créations nettes, sont suivis de ceux de Banque Nationale Investissements, avec 4,1 G$, de Vanguard, avec 3,9 G$ et des FNB de CI, avec 3,75 G$. Bien qu’il soit le deuxième manufacturier en importance au Canada en termes d’actifs après RBC iShares, Gestion d’actifs BMO n’a enregistré des entrées nettes que de 2,48 G$ en 2023.

BMO a connu des saignées majeures, les plus importantes de l’industrie. Trois de ses fonds (ZUQ, ZPS et SMP) ont vu 1,09 G$ les quitter, alors que cinq FNB de BMO paraissent au classement des 10 fonds qui ont connu les plus forts rachats nets de 2023.

Un développement majeur pointe en 2024 : une baisse possible des taux directeurs des banques centrales. Cela affectera certainement la catégorie championne des FNB de gestion de trésorerie, déjà freinée par la décision du BSIF qui doit entrer en vigueur le 31 janvier.

Par ailleurs prévoit VMTD, « les FNB à revenu fixe pourraient être confrontés à des difficultés en cas de baisse des rendements. En revanche, les FNB d’actions pourraient bénéficier d’un afflux de capitaux, car le marché des actions pourrait être stimulé par la baisse des taux d’intérêt. »