Question : Quelles sont les perspectives pour le marché des obligations de sociétés?

David Stonehouse, vice-président et membre de l’équipe des titres à revenu fixe chez Placements AGF (DS) : Si nous n’avons pas une récession et que les marchés financiers se stabilisent, les créances de sociétés se sont substantiellement dépréciées pendant l’année, et elles peuvent présenter une occasion de placement intéressante. La plus grande difficulté à moyen terme est que nous sommes dans une phase de relance depuis six ans et nous trouvons vers la fin du cycle de crédit, et ce sont des choses que nous gardons à l’esprit.

>> Suivez-nous sur Facebook <<

Steve Locke, vice-président principal et chef de l’équipe des placements à revenu fixe à Placements Mackenzie (SL) : Nous investissons nos fonds sur la conviction qu’il se fait tard dans le cycle du crédit. Nous en sommes convaincus depuis 18 mois. Ce n’est pas que toutes les industries sont confrontées à des problèmes. C’est seulement qu’il faut devenir plus sélectif et que l’on ne peut pas se contenter de prendre une approche unique à l’endettement des sociétés. Il faut identifier les facteurs de risque, séparer le risque lié à la liquidité du risque lié au crédit dans chaque placement. Alors que nous avançons dans le cycle, nous pensons qu’il y a encore des gains à collecter dans les créances de sociétés à haut rendement et de qualité supérieure. Compte tenu du récent repli du marché, il y a des occasions.

Michael McHugh, vice-président et chef des titres à revenu fixe à 1832 Gestion d’actifs (MM) : Pour me faire l’écho de certains commentaires de Steve, nous considérons que nous nous approchons de la fin du cycle du crédit. Les positions économiques et politiques à court terme demeurent favorables, bien qu’une partie de la dynamique du crédit des entreprises soit en voie de détérioration. Cette dernière année, nous avons réagi en changeant significativement la composition de notre participation aux créances de sociétés. Nous sommes également devenus extrêmement sélectifs. Nous avons éliminé les obligations à rendement élevé qui nous posent problème. Il sera généralement plus difficile de gérer la participation aux créances des sociétés au sein d’un portefeuille.

Q : Le moment est venu de parler de façon plus détaillée des portefeuilles et des stratégies. L’accent est mis sur les portefeuilles de qualité supérieure et au-delà, qui peuvent détenir un vaste éventail d’autres titres à revenu fixe, y compris des obligations à rendement élevé. Dans le cadre de cette discussion, veuillez identifier la durée du fonds. (La durée mesure en années le degré de sensibilité aux changements des taux d’intérêt.)

DS : La durée du Fonds de revenu fixe Plus AGF, à 7,2 ans, est un peu plus faible que celle de l’Indice obligataire universel canadien FTSE TMX à 7,4 ans. C’est une position relativement prudente. Nous croyons toujours en un environnement à faible rendement et ne nous soucions pas beaucoup d’une hausse substantielle des taux d’intérêt. Ce serait une raison pour avoir une durée très courte. De plus, si nous songeons aux commentaires que Steve a fait plus tôt sur la raideur de la courbe des rendements, on est payé plus pour investir plus loin sur la courbe.

Pour ce qui est de la combinaison d’actifs, nous avons un tiers de titres fédéraux et un peu plus de 20 % dans les titres provinciaux. Nous avons fait baisser quelque peu notre participation aux obligations de sociétés ces 12 derniers mois. Nous avons environ 32 % dans les obligations de sociétés de qualité supérieure.

Quant aux investissements alternatifs, nous avons environ 4 % dans les débentures convertibles. (Ces titres combinent les caractéristiques d’une débenture conventionnelle avec l’option de la convertir, selon certaines circonstances bien définies, en actions de l’organisme émetteur). Les obligations à rendement élevé constituent 8 % du fonds. Nous nous sommes généralement détournés des obligations à rendement réel ces dix dernières années car nous considérons que nous nous trouvons dans un environnement désinflationniste. (Les obligations à rendement réel ont leur capital et leur intérêt lié à un indice de l’inflation.) Nous avons une quantité négligeable de liquidités. Le contenu étranger général est d’environ 18 %. Nous couvrons activement la participation à la devise.

Q : Somme toute, David, vous avez dans le Fonds de revenu fixe Plus AGF un peu plus de 50 % d’investis dans les obligations gouvernementales et moins de 50 % dans les obligations de sociétés. Pourquoi des obligations convertibles?

DS : Nous avons parlé de la conjoncture difficile des rendements à laquelle les investisseurs sont confrontés à l’avenir compte tenu des faibles rendements. À moyen terme, les obligations convertibles peuvent fournir un rendement supplémentaire et de bons avantages de diversification.

Quand on parle des obligations de sociétés de qualité élevée, les services financiers sont un secteur auquel nous avons accordé notre préférence cette année. Nous préférons les banques américaines aux banques canadiennes parce que les banques américaines en sont à un meilleur stade du cycle. Le marché immobilier américain s’est corrigé, stabilisé, et se trouve de nouveau en augmentation, alors que le marché immobilier canadien en est à un point différent du cycle.

Q : Steve, et le Fonds d’obligations stratégique Mackenzie?

SL : Nous avons 27 % dans les obligations non canadiennes, principalement dans les prêts à taux variable américains, les obligations américaines à rendement élevé et les obligations du Trésor américain.

Les titres de qualité inférieure représentent environ 15 % du portefeuille alors que la limite de ce mandat est de 25 %. À présent, 10 % du portefeuille est investi dans les prêts aux sociétés à taux variable et 5 % dans les obligations à rendement élevé. Nous avons commencé à faire pencher le portefeuille vers ces prêts à taux variable depuis la deuxième moitié de 2014. Ce sont des prêts aux sociétés initiés par les banques et ils peuvent être achetés et vendus. Ce sont des prêts syndiqués. Ils représentent une obligation directe de la société vis-à-vis de l’investisseur. La raison pour laquelle nous les aimons est que ces prêts à taux variable sont généralement un premier nantissement des actifs de la société et sont habituellement à un niveau plus élevé dans le bilan de la société que les obligations à rendement élevé, dans l’éventualité d’un défaut de paiement.

Q : Steve, quel est l’affectation de chaque émetteur dans le Fonds d’obligations stratégique Mackenzie et sa durée?

SL : Nous avons à peu près 20 % dans les titres du gouvernement du Canada, 27 % dans les obligations provinciales, pour un total de 47 %. Nous avons récemment augmenté notre participation provinciale, principalement en Ontario et au Québec. Ce sont les obligations provinciales les plus liquides. Les avoirs de sociétés représentent juste un peu plus que 50 % de ce mandat, avec 15 % du portefeuille investi dans les titres de qualité inférieure, ainsi que je l’ai mentionné. Dans le segment des obligations de sociétés de qualité supérieure, le portefeuille est sous-pondéré dans les titres énergétiques et légèrement surpondéré dans les services financiers. La durée du portefeuille dans son ensemble est de sept ans, soit environ une demi-année de moins que les 7,4 ans de l’indice. Nous couvrons la plus grande partie de la participation aux paiements étrangers dans ce fonds à tout instant. Nous ne voulons pas accroître la volatilité du fonds en détenant des obligations de paiements étrangers qui ne sont pas couvertes.

Q : Michael, peut-on parler du Fonds d’obligations Avantage Dynamique?

MM : Le fonds détient actuellement environ 50 % de titres gouvernementaux et 50 % de titres de sociétés. Dans les titres gouvernementaux, nous avons environ 10 % du portefeuille dans des billets à taux variable, qui sont en majeure partie provinciaux, et 20 % du portefeuille dans les obligations à rendement réel du gouvernement fédéral, ce qui représente une augmentation récente par rapport aux 7,5 % d’il y a quelque temps. La logique de cet accroissement des obligations à rendement réel est qu’elles étaient devenues bon marché par rapport aux obligations à rendement nominal, et nous avons donc procédé à une affectation tactique à ce secteur. Nos scénarios de fluctuations entre ces affectations d’obligations à rendement réel tendent à se situer entre 5 % et 20 %.

Sur les 50 % de titres gouvernementaux, la participation aux obligations à rendement nominal du gouvernement fédéral est de 3 % du portefeuille. Les avoirs provinciaux représentent 17 % du portefeuille, dont la plupart se trouvent en Ontario ou au Québec en raison de la liquidité de ces deux provinces. Dans le segment des obligations de sociétés, le portefeuille a 45,5 % d’investis dans les titres de qualité supérieure et 4,5 % dans les titres à rendement élevé de bonne qualité.

Nous avons été relativement actifs dans le segment des titres à rendement élevé. En juin 2014, le portefeuille avait environ 5 % dans les obligations à haut rendement, qui sont allés jusqu’à 20 % du portefeuille en décembre. Il y a plusieurs mois, nous avons de nouveau ramené ce chiffre à 5 %. Avec la volatilité du marché des obligations à rendement élevé et la détérioration de la qualité du crédit dans certains titres, nous demeurons sous-pondérés dans les obligations à rendement élevé.

Le thème général de notre portefeuille d’obligations de sociétés a été d’augmenter la qualité du crédit. Nous avons donc accordé notre préférence aux titres de qualité supérieure par rapport à ceux à rendement élevé. Nous avons aussi opté pour les services financiers et y avons étoffé notre participation ces 12 derniers mois. Ici, nous avons investi dans les billets de dépôt des banques canadiennes comme source de liquidité et refuge sûr dans l’espace des obligations de sociétés.

La durée du portefeuille est de trois ans. Dans ce mandat, la durée a tendance à se situer entre trois et huit ans. La raison de la durée de trois ans est l’évaluation élevée des obligations gouvernementales à rendement nominal et la sensibilité élevée des prix à un changement de taux d’intérêt aux niveaux actuels de faible rendement. Nous considérons la durée comme une source importante de risque lié au prix au sein d’un portefeuille.

Nous avons 88 % du portefeuille au Canada et 12 % aux États-Unis. Ces 12 % représentent la totalité de la composante d’obligations de sociétés dans le portefeuille. Nous couvrons notre participation à la devise. Elle se situe entre 50 % et 100 %. Actuellement, notre participation au dollar américain est couverte à 100 %. Aux niveaux actuels, le dollar canadien est vulnérable aux grosses fluctuations. Nous ôtons ce risque du portefeuille.