Une photo de Stephen Poloz devant des drapeaux du Canada.

Les gouvernements peuvent se développer à partir des dettes contractées en raison des dépenses liées à la pandémie sans avoir à compter sur des impôts plus élevés pour payer les factures, estime l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz.

Lors de la conférence annuelle de l’Association canadienne de gestion de portefeuille, qui s’est tenue virtuellement cette année, Stephen Poloz a évoqué la période d’après-guerre des années 1950, où les niveaux d’endettement étaient similaires à ceux d’aujourd’hui.

« Les gens reconnaissent que nous nous en sommes sorti », a commenté Stephen Poloz, qui occupe le poste de conseiller spécial au cabinet d’avocats Osler, Hoskin and Harcourt, depuis qu’il a quitté la Banque du Canada au début de l’année.

Selon lui, les gouvernements peuvent faire la même chose aujourd’hui, la différence étant que les taux sont beaucoup plus bas et le resteront probablement « pendant toute une génération ». Cela signifie que la croissance sera moins spectaculaire que celle de l’après-guerre il sera nécessaire d’agir plus régulièrement pour rembourser la dette.

« Nous devrions faire tout ce que nous pouvons pour maximiser la ligne de tendance de la croissance économique », a déclaré Stephen Poloz, plutôt que de « chercher des moyens intelligents d’augmenter les impôts sans que les gens pensent vraiment qu’il s’agit de taxes plus élevées ».

Les gouvernements peuvent réduire les obstacles à la croissance, tels que les barrières commerciales interprovinciales, et investir dans la garde d’enfants comme l’a fait le Québec pour encourager la participation des femmes au marché du travail.

« C’est le genre de choses que nous devons faire pour renforcer la ligne de croissance à long terme et qui nous permettront de payer la dette que nous contractons aujourd’hui », a affirmé Stephen Poloz.

Quant aux taux d’intérêt négatifs, Stephen Poloz a souligné que ces derniers ont été utilisés dans des situations où les banques centrales étaient dos au mur sans l’aide de politique budgétaire robuste.

« Si vous êtes le seul à pouvoir distribuer les cartes, il faut vous assurez de les utiliser adéquatement », a-t-il dit.

Toutefois, il a ajouté que l’effet des taux négatifs sur l’économie est limité. Passer quelques points de base au-dessous de zéro peut faire baisser la courbe des taux, mais cela peut aussi provoquer des distorsions sur les marchés financiers sans amorcer l’économie au sens large. D’après lui, ces points de base supplémentaires n’encourageront pas les gens à sortir dîner ou à réserver des vacances, par exemple.

« L’économie est encore faible, mais tout se situe dans la partie inférieure de la courbe des taux », a-t-il commenté, faisant référence à la manière asymétrique dont les économies ont rebondi pendant la pandémie. « Les taux d’intérêt n’ont pas d’impact pour la partie basse du K. »

La flambée des prix du logement, la hausse des taux d’épargne des ménages et le rebond des ventes au détail constituent la partie supérieure du K, tandis que la partie inférieure représente le segment croissant des pertes d’emplois permanents.

« Tant que la politique fiscale a une puissance de feu, et je crois qu’elle en a beaucoup, c’est la politique sur laquelle il faut s’appuyer », a affirmé Stephen Poloz.

Dans l’ensemble, l’ancien gouverneur s’est montré optimiste quant à la reprise économique après la pandémie.

« Depuis l’arrivée de la COVID-19, chaque point de données a surpris les analystes à la hausse, et je pense que cette tendance va se poursuivre. Les gens sont bien plus résistants et plus innovants que ne le pensent la plupart des économistes, et les gouvernements font ce qu’il faut avec des politiques fiscales très ciblées. »