Deux mains prenant un billet dans la main d'une autre personne.
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Même s’ils ont la cote auprès des utilisateurs, les paiements électroniques exposent les consommateurs à de nombreux risques en matière de protection de la vie privée et de gestion budgétaire, soutient Option consommateurs dans un rapport publié cette semaine.

L’organisme demande au gouvernement du Canada de modifier la législation afin d’obliger les commerçants à accepter les paiements en espèces.

« Il est grand temps d’encadrer tous les modes de paiement électroniques avec des règles harmonisées et capables de s’adapter aux nouvelles technologies, tout en favorisant l’accès de l’ensemble des consommateurs », soutient Alexandre Plourde, avocat et analyste à Option consommateurs.

Une tendance mondiale

Le recul du numéraire dans les commerces ayant pignon sur rue se manifeste un peu partout dans le monde. Des multinationales comme Ikea, Starbucks, Walmart expérimentent à des degrés divers le modèle d’affaires sans argent comptant.

Le Canada n’échappe pas à la tendance. Le transporteur Via Rail, les centres de conditionnement physique Econofitness de même que de nombreux commerces et restaurants n’acceptent dorénavant que les paiements électroniques.

Le pour et le contre

La décision de plus en plus d’entreprises de tourner le dos au comptant procure des gains économiques notamment pour les quelques acteurs des systèmes de paiement et plus particulièrement pour les institutions financières. Non seulement elles réduisent leurs coûts liés au traitement de l’argent comptant, mais, en plus, elles peuvent empocher des frais liés aux transactions électroniques.

Toutefois, le refus des paiements en espèces risque de défavoriser ses principaux utilisateurs, tels que les aînés, les consommateurs à faible revenu et les personnes moins scolarisées.

De plus, contrairement au comptant, les transactions électroniques ne sont pas anonymes. Un paiement par carte implique que des systèmes informatiques enregistreront des renseignements financiers qui pourraient ainsi être exploités à des fins commerciales. La circulation de ces données augmente aussi les risques qu’elles soient détournées et utilisées par des criminels aux fins de fraude ou de vol d’identité rappellent les auteurs de l’étude.

En groupes de discussion, les consommateurs ont dit souhaiter que l’argent comptant reste en circulation, et ce, même s’ils préfèrent utiliser des modes de paiement électroniques. Pour eux, il est plus simple d’utilisation, procure une plus grande liberté et permet un meilleur contrôle de leurs avoirs. Ils estiment illégitime qu’on leur refuse de payer leurs achats en espèces bien qu’ils se résignent à la politique des commerçants.

Rappelons qu’en vertu du droit civil québécois, un commerçant n’est pas justifié de refuser l’argent comptant que lui tend un consommateur.