« Les obligations à rendement réel sont une aubaine », clame François Bourdon, chef des placements global de Fiera Capital. Selon ses calculs, les cours de ces obligations anticipent un taux d’inflation de 1,25 %. « Il serait surprenant que l’inflation soit si basse », surenchérit-il. Point de vue que partagent Luc de la Durantaye, vice-président, répartition de l’actif et gestion quantitative au sein de Gestion globale d’actifs CIBC, et Matthieu Arseneau, économiste principal à la Banque Nationale.

Cependant, François Bourdon se restreint aux obligations de duration de cinq ans ou moins afin de se parer contre les hausses de taux d’intérêt. Chez Gestion globale d’actifs CIBC, les fonds communs d’obligations à rendement réel et le portefeuille d’avantages sur l’inflation Renaissance possédaient en juin des obligations à plus long terme. « Nous avions bon espoir que les hausses de taux seraient très graduelles », justifie Luc de la Durantaye, qui reconnaît que son équipe révise actuellement cette décision.

Chez Pratte Gestion de portefeuilles, on ne s’inquiète pas outre mesure de l’inflation, mais on craint les hausses de taux d’intérêt. « On détient des obligations à courte échéance afin de les encaisser et de les réinvestir dans de nouvelles obligations si la hausse des taux se concrétise », explique Philippe Pratte, gestionnaire de portefeuille pour cette organisation.

François Bourdon ne privilégie pas l’or. « C’est une valeur de refuge contre l’inflation ou les scénarios catastrophes. Mais, pour l’instant, on n’insiste pas pour convaincre nos clients d’en acheter », remarque-t-il. Luc de la Durantaye se distance légèrement. « Récemment, la politique monétaire ne favorisait pas l’or. Les gens se disaient : « À quoi bon acheter de l’or si les banques centrales soutiennent les obligations avec leurs achats massifs ? » » explique-t-il. Ce qui n’est plus le cas.

La hausse des taux d’intérêt ne devrait pas nuire à l’or (il ne rapporte ni intérêt ni dividende). C’est plutôt le taux d’intérêt réel qui importe. « Si les taux augmentent trop lentement, l’inflation reprendra au bénéfice de l’or. S’ils augmentent trop vite, on risque d’assister à une correction et l’or y gagnera », avance Luc de la Durantaye.

François Bourdon favorise plutôt les pays émergents. « Ces pays ont de bonnes performances en fin de cycle. Ce qui compte dans leur cas, c’est la croissance des revenus nominaux, car ils sont influencés par les matières premières. L’inflation leur est donc favorable », observe-t-il.

Luc de la Durantaye abonde en ce sens. « Regardez la Pologne ou la République tchèque. Le chômage y est faible et les salaires augmentent de 5 % par an. Cela finira par se répercuter sur l’Allemagne et le taux d’inflation », acquiesce-t-il. Le fonds Renaissance avantages sur l’inflation géré par ce dernier détient des titres polonais et tchèques. « Il faut trouver les titres moins chers qui offrent encore de belles occasions », explique-t-il.

Le Canada aussi devrait tirer son épingle du jeu. Matthieu Arseneau y surpondère les financières, alors qu’il sous-pondère les services publics comme les télécoms et l’immobilier. Ces dernières devraient moins bien réussir, car elles sont déjà favorablement évaluées. François Bourdon confirme : « Le cours des « utilitésˮ est déterminé par les taux d’intérêt, qui leur ont été grandement favorables depuis 10 ans », illustre-t-il.

Luc de la Durantaye privilégie aussi les devises. « Ce ne sont pas les profits ou la popularité des nouveaux produits qui déterminent leur valeur, mais les différentiels de taux d’inflation ou d’intérêt ou le compte courant. Les devises sont peu corrélées aux autres actifs, ce qui en fait un élément de diversification intéressant », observe le gestionnaire des fonds Horizons Global Currency Opportunities ETF et Horizons Absolute Return Global Currency ETF.

Enfin, « nous croyons que l’agriculture et les infrastructures auront de bonnes performances », explique François Bourdon au sujet de ces autres valeurs « réelles ». Ces dernières sont toutefois difficiles d’accès pour le petit investisseur. Mentionnons toutefois que des fonds négociés en Bourse se spécialisent dans l’investissement dans ces actifs.