« Nous avons fait des progrès, mais je crois que nous accusons un retard sur d’autres pays, et c’est probablement la plus grande inquiétude que j’ai », a affirmé Victor Dodig lors d’une table ronde sur la présence des femmes dans le milieu des affaires organisée par la Rotman School of Management de l’Université de Toronto.

La firme de recherche GMI Rating, place le Canada en 15e position sur une liste de 23 économies industrialisées pour ce qui est de la diversité des genres sur les conseils d’administration d’entreprises, d’après un rapport du Conseil canadien pour la diversité administrative (CCDA) dévoilé à la fin de l’an dernier. Il s’agit d’un recul prononcé par rapport à la sixième position qu’occupait le pays en 2009.

M. Dodig croit qu’une des raisons expliquant le retard du Canada réside dans le fait que l’économie du pays « s’appuie fortement » sur les secteurs minier, de l’énergie et de l’ immobilier.

« Nous n’avons pas attiré les femmes dans ces industries, particulièrement celles des mines et de l’énergie, particulièrement dans les champs de l’ingénierie, des sciences, comme nous l’avons fait dans d’autres secteurs qui représentent le pays », a estimé M. Dodig.

Les femmes n’occupent que 12,2 % des sièges des conseils d’administration des plus grandes sociétés minières et pétrolières, selon le plus récent rapport du CCDA. En comparaison, elles occupent 19,5 pour cent des sièges des conseils pour l’ensemble des industries.

Le recrutement des personnes les plus qualifiées, y compris les femmes, sera un élément critique pour l’économie canadienne, qui continue de migrer de plus en plus vers le secteur des services, a souligné M. Dodig.

« L’économie du secteur des services et dépend très très fortement de l’appui du capital humain », a a ajouté le patron de la CIBC. « Si nous voulons connaître du succès en tant que pays, nous devons faire en sorte que cela se produise. »

La table ronde à laquelle participait M. Dodig était complétée par Alex Johnston, ancienne dirigeante du groupe Catalyst Canada dédié à l’avancement professionnel des femmes, et par Howard Weston, l’ancien patron de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario. L’événement était organisé dans le cadre de la Journée internationale des femmes.

Aux yeux de Mme Johnston, nouvelle vice-présidente de la stratégie et des affaires publiques de la CBC, même si la diversité des conseils d’administration est importante, il ne s’agit tout de même que d’une pièce du puzzle.

« En bout de ligne, il ne devrait pas de faire en sorte que les conseils soient composé de femmes à 25, 30 ou 35 % », a noté Mme Johnston. « Il ne s’agit que d’un indicateur de ce que nous réalisons. »

Plusieurs femmes chefs d’entreprises présentes à l’événement de mardi ont souligné l’importance de discuter de diversité avec les hommes.

« Ce n’est pas un problème de femmes, il s’agit d’obtenir les gens les plus qualifiés, et cela devrait être une priorité pour tous les leaders », a affirmé Jennifer Reynolds, présidente et chef de la direction du groupe Women in Capital Markets.

Kristine Remedios, directrice de la diversité et de l’inclusion chez KPMG Canada, aurait aimé voir davantage d’hommes dans la salle où se tenait la discussion.

« Nous ne voulons pas simplement nous retrouver entre femmes pour discuter de questions qui touchent les femmes, mais c’est ce qui a tendance à arriver dans plusieurs de ces événements », a déploré Mme Remedios.