femme d'affaire qui regarde la ville depuis son bureau
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Les avancées des femmes en finance ont été très modestes de 2019 à 2023 selon un récent rapport de Mercer. Le plus étonnant, c’est que les plus hauts niveaux d’émancipation ne se présentent pas là où on penserait.

Dans un sondage mené auprès de 21 452 décideurs financiers partout dans le monde, Mercer constatait au 1er décembre 2022 que 13,7% étaient des femmes. Une hausse « modeste et décevante », commente Mercer; cela représente un gain de seulement 1,7 point de pourcentage depuis le taux de 12% enregistré dans le sondage de 2019.

Un sursaut peut-être illusoire

Il y a un petit sursaut encourageant en ce que le pourcentage de femmes parmi les décideurs nouvellement assignés s’est élevé à 18,8%. « Mais nous ne devrions pas dorer la pilule de notre déception devant un chiffre général qui n’est pas plus élevé », note l’étude.

En effet, les nouvelles assignations représentent une très faible proportion des effectifs totaux. Ainsi, les décideurs avec une expérience entre 20 et 25 ans constituent le groupe principal des décideurs sondés, soit environ 4 000. Ici, la proportion des femmes s’élève à 14%, où 560 femmes. La cohorte des recrues, pour sa part, ne représente qu’un mince contingent d’environ 250 participants où les femmes dessinent un mince escadron de 47 participantes.

Il ne faut pas commettre l’erreur de croire qu’un taux d’assignation de 18,8% à cette première étape va se poursuivre dans les suivantes. Cette proportion de décideurs féminins pourrait très bien s’amenuiser… mais elle pourrait également augmenter. Seul le temps le dira, mais Mercer a raison de dire qu’il ne faut pas se raconter d’histoires à cette étape-ci.

Répartition géographique inattendue

Là où l’étude étonne, c’est par sa répartition géographique des femmes en poste de décision financière. Ainsi, le Canada, avec environ 13,6% de décideurs féminins se situe tout-à-fait dans la moyenne mondiale. Aux États-Unis, la proportion s’élève à environ 12%. On ne sera pas surpris d’apprendre que la proportion est d’environ 6% au Japon et d’environ 3% dans les Émirats arabes unis, les plus basses participations du sondage, avec la Nouvelle-Zélande, dont le score est même légèrement inférieur à celui du Japon : 5,5%.

De façon inattendue, la participation des femmes dans les secteurs des affaires et de la finance a légèrement fléchi d’environ trois points de pourcentage de 1987 à 2022, selon une étude de l’Institut C.D. Howe. De 75%, elle est passée à environ 72%.

Les pays européens tirent un peu mieux leur épingle du jeu. L’Espagne se distingue nettement avec une proportion d’environ 24%, suivie par la France, à 22%, la Belgique à 21%. L’Italie dépasse légèrement la moyenne mondiale à environ 15%. Cependant la Suisse, l’Allemagne et l’Autriche sont bien en-deçà, à 11%. Étonnamment, dans les pays scandinaves, qu’on juge habituellement très « progressistes », les décideurs financiers féminins sont nettement sous représentés : 10% en Suède, 9% au Danemark, 8% en Norvège. Seule la Finlande s’en tire honorablement en frôlant la moyenne mondiale à 13,7%.

Les grands gagnants du palmarès de Mercer sont tous des pays asiatiques, Taiwan enregistrant la plus forte proportion de décideurs féminins à 48%, suivie de la Malaisie à 38%. Même la Chine donne une leçon au monde occidental avec une proportion de 30% de décideurs féminins. Viennent ensuite Hong Kong et Singapour, toutes deux à 25%, et la Corée du Sud à 15%. L’Inde se range parmi les « traînards », à 9%, mais quand même mieux que la Norvège et la Nouvelle-Zélande.

Actifs sous responsabilité

Les secteurs d’actifs où on retrouve le plus de femmes décideurs reflètent des attitudes « traditionnelles ». Ainsi, le plus fort contingent de femmes, soit environ 18%, loge dans les fonctions liées à la gestion de l’encaisse, suivi de l’immobilier, des obligations et des actions, leur proportion étant légèrement supérieure à la moyenne mondiale, soit 15% et 14%.

Leur niveau de représentation baisse sensiblement du côté du capital privé (11%), des changes (11%), des ressources naturelles (10%), enfin des fonds de couverture (7%). « Curieusement, note Mercer, l’encaisse est une classe d’actif typiquement associée avec des tarifs bas, tandis que les fonds de couverture sont beaucoup plus dispendieux, mais comptent le plus faible contingent féminin. »