« On s’inquiète que la chute brutale du marché boursier chinois contamine l’économie chinoise sous-jacente et retarde le retour à une croissance économique mondiale plus robuste », dit-il. La Chine a émergé comme un moteur essentiel de la croissance mondiale et un important acheteur de marchandises, remarque Daniel Bubis. Il n’est pas étonnant, selon lui, que le marché boursier chinois ait suivi une correction. « Le marché a montré des caractéristiques semblables à un casino au cours de sa montée en flèche. »
Au Canada, l’économie continue à beaucoup dépendre des ressources naturelles, rapporte Daniel Bubis, et a souffert des faiblesses de plusieurs marchandises importantes. « La diminution de moitié du prix du pétrole, par exemple, n’affecte pas seulement les producteurs énergétiques, mais se répercute aussi sur d’autres secteurs comme les services financiers et les valeurs industrielles. »
La bonne nouvelle, dit Daniel Bubis, c’est que l’économie américaine devrait reprendre du poil de la bête pendant la deuxième moitié de cette année. De plus, les perspectives de l’économie européenne « sont un peu plus roses, malgré les récents problèmes très médiatisés de la Grèce. »
Sans aucun doute, le marché boursier américain était là où il fallait investir pendant les 12 derniers mois échus à la fin juin, selon lui.
« Le marché américain a surclassé haut la main le marché canadien lorsque l’on compare les rendements en devises locales, et les investisseurs canadiens dans les actions américaines ont énormément gagné de la chute du dollar canadien. »
Les investisseurs étrangers évitent le marché canadien, dit Daniel Bubis. Les incertitudes politiques découlant du changement de gouvernement en Alberta et des élections fédérales en octobre prochain ne font qu’empirer les problèmes macroéconomiques bien connus du pays.
Daniel Bubis est un gestionnaire axé sur la valeur. Il reconnaît les difficultés à court terme du marché boursier canadien, mais dit qu’il y a de la valeur à glaner dans un vaste éventail de secteurs, pourvu que les investisseurs soient patients.
« Le problème est que de nombreuses actions canadiennes autres que les ressources naturelles sont devenues chères, et les actions sensibles aux ressources, qui sont bon marché, devraient le demeurer pendant quelque temps avant que la croissance de l’économie mondiale ne commence à s’accélérer. »
À la fois aux États-Unis et au Canada, les valeurs mobilières sur les marchés boursiers se négocient à des évaluations assez raisonnables, bien qu’elles ne soient pas bon marché. Si l’on examine les estimations de bénéfices sur 12 mois, l’Indice composé S&P/TSX et l’indice S&P 500 se négocient tous deux à un ratio cours/bénéfices d’environ 16,5 fois, dit Daniel Bubis. Sur la base des bénéfices des 12 derniers mois, le ratio C/B de l’indice composé est de 20, alors qu’il est de 18 pour le S&P 500.
Tetrem Capital Management gère une gamme de fonds communs pour Placements CI, notamment le Fonds de placements canadiens CI (2 milliards $ d’actifs) et la Catégorie de société de placements canadiens CI (919 millions $). À la fin de juin, ce portefeuille détenait 56 % de ses avoirs dans des noms canadiens, 34 % dans des actions américaines et les 10 % restants dans des noms internationaux.
La composante canadienne a 40 avoirs, et 14 des 15 noms les plus importants dans l’ensemble du portefeuille sont canadiens. Le contenu étranger est géré dans des portefeuilles séparés. Le portefeuille américain compte 39 noms. M. Bubis et son équipe ciblent des actions qui se négocient au-dessous de la juste valeur estimée par Tetrem. Leur horizon de placement est de trois à cinq ans.
Pour ce qui est du contenu canadien du Fonds de placements canadiens CI, Daniel Bubis indique qu’il a étoffé judicieusement certains noms que le fonds possédait de longue date, dans des secteurs comme les biens de consommation discrétionnaire et les valeurs industrielles.
L’équipe de Tetrem a augmenté la pondération de Magna International, action relevant du secteur des biens de consommation discrétionnaire. « Ce géant des pièces automobiles a une participation importante à l’Europe et une exposition modeste au Canada. » La société, explique Daniel Bubis, a récemment annoncé qu’elle achetait la société allemande Getrag pour 2,5 G$. Getrag, grand fabricant indépendant de transmissions automobiles, a une présence mondiale, notamment des co-entreprises avec des fabricants automobiles chinois. Magna, qui a « un bilan immaculé », traverse également une croissance interne, dit-il. La société a également accru ses distributions de dividendes aux actionnaires à un rythme élevé, et devrait continuer à le faire, tout en demeurant bon marché par rapport à ses concurrentes. »
Daniel Bubis et son équipe ont étoffé au deuxième trimestre leur avoir de longue date dans la Société des chemins de fer nationaux du Canada (CNR), qui relève du secteur des valeurs industrielles. L’action a connu des faiblesses, et « son évaluation par rapport à celle de l’Indice composé S&P/TSX était à son plus bas depuis cinq ans ». Les actions ferroviaires, des deux côtés de la frontière, ont connu une pression à la vente à la suite de craintes portant sur la diminution du volume des marchandises, notamment le charbon. « Le CN en a pâti, même s’il est moins exposé que ses pairs au charbon et à certaines autres marchandises. » Il note également que la société est solide dans le domaine du transport intermodal nord-sud, qui comporte divers moyens de transport et bénéficie de la robustesse renouvelée de l’économie canadienne.