La « pire année de l'histoire » a été plutôt bonne pour les investisseurs
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Alors, est-ce que 2016 a vraiment été la pire année de l’histoire? Non, et loin de là. Même s’il est accrocheur, le thème de l’apocalypse est un phénomène des médias sociaux qui a peu de fondement dans la réalité (j’en reparlerai plus loin). Plutôt que de remâcher sans cesse les manchettes des actualités du sport et du divertissement, la génération du Millénaire ferait mieux de remettre 2016 dans son contexte historique et de se concentrer sur leurs vrais problèmes. Nous allons vous donner quelques suggestions pour l’année qui s’annonce, mais d’abord, jetons rapidement un œil sur la manière dont 2016 s’est déroulée sur le front de l’économie et des placements.

Les actions : L’année a débuté avec morosité, puis le soleil a percé. Trois semaines à peine après le début de 2016, la Bourse de Toronto est tombée sous de la barre des 12 000 points alors que le prix des marchandises continuait à s’effondrer. Un peu plus de 11 mois plus tard, le marché a opéré un revirement impressionnant. Allant de pair avec la flambée du prix du pétrole, le TSX se situe actuellement à un peu plus de 15 400 points, soit un rendement total de 22 % du début de l’année jusqu’au 13 décembre.

L’habitation : Beaucoup de jeunes savent qu’acheter un logement est une entreprise coûteuse. Le prix moyen des logements au Canada était en octobre de 481 994 $, soit une hausse de 5,9 % d’une année sur l’autre. Après des années de flambées des prix, il faut désormais aux Canadiens 102 semaines pour économiser l’argent d’un acompte de 20 %, ce qui est le double d’il y a 15 ans, selon une étude des Professionnels hypothécaires du Canada.

L’emploi : Dans l’ensemble du pays, le taux de chômage a chuté de 7,2 % à la fin de 2015 à 6,8 % au mois de novembre. Toutefois, le contexte est ici primordial : en grande partie, cette amélioration est en fait le résultat d’un découragement des travailleurs aboutissant à leur exclusion de la population active. De plus, les 213 700 nouveaux emplois créés au cours des 12 derniers mois ont été des postes à temps partiel; en fait, un total net de 30 500 emplois à plein temps a été perdu au cours de la même période, et l’augmentation des salaires n’a pas suivi le rythme de l’inflation : le dernier rapport sur l’emploi de Statistique Canada a montré une hausse des salaires de 0,4 %, alors que l’inflation des prix à la consommation a été de 1,30 %.

Cela dit, le taux national de chômage fait perdre de vue certaines des difficultés rencontrées quand on cherche à s’y retrouver sur le marché de l’emploi. Le plus grand problème auquel sont confrontés les jeunes travailleurs est sans doute l’essor de ce qu’on appelle l’emploi précaire. Qu’ils doivent travailler d’un contrat à l’autre ou jongler avec des emplois multiples, nombreux sont ceux qui ne peuvent pas décrocher l’emploi à plein temps qu’avaient leurs parents.

Heureusement, il y a certaines stratégies que vous pouvez utiliser pour vous retrouver en meilleure posture financière pour 2017 :

Créez et maintenez un fonds d’urgence
Espérez le meilleur mais préparez-vous au pire. Que vous ayez perdu votre emploi ou que vous ayez besoin d’une nouvelle fournaise chez vous, il faut que vous ayez mis de l’argent de côté pour pouvoir confronter des situations pressantes. Malheureusement, de nombreux Canadiens semblent terriblement mal préparés à une urgence financière personnelle. Selon une enquête récente de la Manuvie, les propriétaires canadiens n’ont que 3 500 $ d’économies d’urgence. Nombreux sont ceux qui sont encore moins bien préparés : 25 % des propriétaires canadiens, n’ont, dit-on, que 1 000 $ d’argent liquide ou moins qu’ils gardent en réserve pour une urgence.

Les experts recommandent habituellement de garder en réserve dans un fonds d’urgence une somme représentant de trois à six mois de frais de subsistance. Il faut que ce soit de l’argent liquide, en sécurité et libre d’impôt (n’utilisez pas votre REER à cette fin). Si vous n’avez pas de fonds d’urgence, il est temps d’en créer un. Vous serez heureux de l’avoir fait si une urgence se présente, et vous aurez l’esprit tranquille si elle ne se présente pas.

Remboursez les dettes de vos cartes de crédit

La génération du Millénaire devrait s’inspirer des générations précédentes pour rembourser les dettes de ses cartes de crédit. Il ressort de l’étude de la Manuvie que 31 % des membres de la génération du Millénaire qui ont participé au sondage ne pensaient pas que conserver une dette de ce type était la fin du monde. Seuls 21 % des baby-boomers partageaient ce sentiment. Puisque les taux d’intérêts facturés sur les cartes de crédit frisent souvent les 20 %, ne pas rembourser le solde intégral de cette dette tous les mois s’assortit d’une perte importante.

Cotisez à un REER ou un CELI

Les REER et les CELI sont vos amis, et vous permettent d’augmenter votre épargne d’une façon fiscalement efficiente et de planifier votre retraite. Les membres de la génération du Millénaire qui n’ont pas ouvert ces comptes devraient le faire si possible en 2017. Il est à noter que ceux qui avaient 18 ans ou plus lorsque les CELI ont été lancés en 2009 ont des droits à cotisations cumulés de 46 500 $.

Faites très attention aux achats de logements et aux dettes hypothécaires

Pratiquement tous les jours, les Canadiens entendent d’autres nouvelles alarmantes sur l’endettement des ménages, dont les hypothèques sont de loin la composante la plus importante. Ces avertissements sont judicieux : si les taux d’intérêt connaissent une hausse brutale, ou que l’économie tombe en récession, la capacité qu’ont les uns et les autres d’effectuer le service de leur dette hypothécaire pourrait se trouver gravement compromise. Et si le prix des maisons se casse la figure, ceux qui en ont récemment acheté une pourraient se retrouver avec un capital d’investissement négatif.

Que doit faire un « millénariste »? Commencez donc par louer une habitation jusqu’à ce qu’intervienne une correction du prix des maisons. Ensuite, si vous prévoyez d’acheter un logement, livrez-vous à un « test de tension » financier personnel pour vous assurer que vous pourrez encore effectuer vos paiements hypothécaires si les taux d’intérêt grimpent ou si vous perdez votre emploi.

Ne désespérez pas

Comme nous l’avons mentionné au début, une notion qui prévaut dans les médias sociaux est que 2016 n’a pas seulement été une mauvaise année, mais la pire de toutes. Il est certain qu’elle a connu des phases particulièrement difficiles, mais en fait d’autres années ont été bien pires. Le magazine Slate a demandé aux historiens de citer la pire année de l’histoire, et les experts ont donné dix années différentes qui font ressembler 2016 à une promenade de santé; entre autres calamités, 1968 a vu les assassinats de Martin Luther King Jr. et de Robert Kennedy, l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Union soviétique ainsi que certaines des pires péripéties de la guerre du Vietnam.

On s’entend, le marché boursier n’est pas tout, mais 2016 est loin d’avoir été la pire année à cet égard, Les années 1929, 1987 et 2008 ont fait beaucoup plus de mal aux portefeuilles des investisseurs que celle qui est sur le point de se terminer. (Assurément, c’est un énorme euphémisme. Il y a eu beaucoup d’années où le marché a chuté, et 2016 n’en a pas été une).

Dans tout ce pessimisme, le monde a progressé à grands pas. Le taux de mortalité enfantine dans le monde, par exemple, a baissé de plus de 50 % depuis 1990, selon l’Organisation mondiale de la Santé, le niveau d’extrême pauvreté dans le monde a lui aussi chuté précipitamment. En 1991, 37 % de la population mondiale vivait avec 1,90 $ par jour ou moins. En 2015, moins de 10 % des citoyens du monde tombaient dans cette catégorie. À long terme, l’humanité est en train de faire des progrès solides. Il faut se le rappeler au moment où 2016 arrive à son terme.