La volatilité boursière est pire à présent qu’elle ne l’a jamais été, du fait des politiques monétaires d’allègement quantitatif, dit M. Mobius, qui a entre autres pour mandat le Fonds des marchés émergents Templeton. Ce gestionnaire de Franklin Templeton intervenait à la Conférence Morningstar sur le placement à Londres, déplorant l’immense volume d’argent liquide qui s’est déversé sur les marchés mondiaux aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Japon et désormais dans la zone euro.
« Au cours des 11 dernières années, il y a eu des cas où le marché s’est sous-classé, mais en ce moment nous sommes sur une trajectoire ascendante, dit-il. Ce qui menace les rendements des investisseurs, c’est la volatilité. Nous aimons la volatilité en tant que gestionnaires de fonds parce qu’elle crée des occasions d’achats, mais ce n’est pas le cas de nos clients. Malheureusement, l’indice de la volatilité montre que les fluctuations boursières se produisent plus souvent en raison de la politique des banques centrales. Les investisseurs devront se rendre à l’évidence : il y aura ces quelques embûches sur le chemin. »
Avec la volatilité (et le fait qu’elle n’attire nullement les investisseurs), M. Mobius dit que ce sont les produits dérivés qui font peser la plus grande menace sur les marchés du monde où nous vivons. « Dans le monde, il y a 691 billions $ US de produits dérivés, mais la production économique mondiale n’est que de 77 billions $ US. Ce chiffre semble extrêmement élevé. »
Les produits dérivés sont des instruments utilisés par les investisseurs professionnels pour essayer de stimuler les rendements. Ils se présentent sous forme de contrats entre deux parties ou plus convenant d’une hausse ou d’une baisse de valeur d’un actif sous-jacent. L’actif sous-jacent pourrait être une action, une obligation, un indice, une marchandise ou même un taux d’intérêt. Les produits dérivés sont souvent utilisés pour « couvrir » un actif particulier dans un portefeuille d’investisseur, donc si un gestionnaire de portefeuille possède une action il pourra aussi conclure un contrat sur produits dérivés misant sur la baisse de valeur de l’action, de façon à ce qu’il en profite quelle que soit l’issue.
De toutes les nouvelles sociétés introduites en bourse dans le monde chaque année, 33 % font leur premier appel public à l’épargne dans les économies émergentes. M. Mobius indique que parmi ces sociétés des marchés émergents, 30 % environ conviennent à des investissements. Les questions de liquidité plutôt que celles liées à la gouvernance l’empêchent de miser sur le reste.
Le nombre élevé de nouvelles sociétés entrant dans l’univers des marchés émergents, dit M. Mobius, devrait faire office de guide quant à la proportion de votre portefeuille qui devrait être investie dans le secteur.
M. Mobius dit que l’Afrique offre aux investisseurs les meilleures occasions dans l’environnement boursier actuel, ajoutant que huit des 10 économies à la croissance la plus rapide l’année dernière étaient africaines. Il citait en appui des données fondamentales comme la jeunesse des populations, les réserves de ressources naturelles et le savoir technologique.
« Il y a tant de ressources africaines qui ne sont pas exploitées : à la fois des ressources en marchandises et des ressources humaines, dit M. Mobius. « Je pense que l’Afrique émergera bientôt comme le foyer manufacturier du monde. »