La dette des ménages canadiens devrait continuer de croître en 2016
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Mais malgré la hausse de l’endettement, plusieurs experts estiment toujours que les finances de la plupart des Canadiens restent en assez bonne santé.

Cette constatation survient dans la foulée de la publication de nouvelles données inquiétantes en lien avec les dépenses des consommateurs. Le ratio de la dette au revenu disponible des ménages a récemment atteint un sommet record, tandis que la Banque du Canada voit dans cette dette un point faible de plus en plus important pour l’ensemble du système financier du pays.

Selon un économiste d’une des grandes banques du pays, qui s’intéresse de près à l’endettement des ménages, toute situation négative découlant du niveau d’endettement dépendra vraisemblablement de l’avènement, ou non, d’un choc économique inattendu pour l’économie canadienne.

Mais d’éventuels pépins pourraient aussi se présenter tout dépendant de la vitesse à laquelle grimperont les taux d’intérêt, a observé l’économiste en chef adjoint de la Banque CIBC, Benjamin Tal.

Les chocs économiques restent difficiles à prévoir et, au moins pour la prochaine année, Benjamin Tal ne s’attend pas à voir les taux progresser à une vitesse dangereuse pour ceux qui pourraient avoir péché par excès dans leurs recours à l’endettement.

« En tant que société, il n’y a aucun doute que nous sommes plus sensibles au risque que représentent de plus hauts taux d’intérêt qu’à tout autre moment dans l’histoire », a estimé Benjamin Tal.

La faiblesse persistante des taux d’intérêt a largement contribué à l’augmentation de la dette des ménages. L’emprunt s’est avéré encore moins dispendieux en 2015, après que la Banque du Canada eut abaissé à deux reprises son taux directeur, dans le but d’atténuer le coup porté à l’économie par le plongeon des cours du pétrole.

Pour leur part, les ménages se sont régalés de nouveaux emprunts depuis la crise financière, une activité de consommation qui a aidé l’économie à reprendre du poil de la bête.

Si les taux d’intérêt grimpent lentement au cours des deux ou trois prochaines années, ils devraient permettre de réduire les dépenses des consommateurs plutôt que de nuire à leur capacité à rembourser leur dette, a prédit Benjamin Tal. Ce dernier ne s’attend pas à voir une vague de défaillances si les taux grimpent de façon graduelle et prévisible.

« Ce sera un problème dans un an », a noté Benjamin Tal, qui croit que l’endettement des ménages va continuer à progresser en 2016. « Je crois que les taux d’intérêt ne progresseront pas assez rapidement pour faire dérailler (…) ce scénario. »

Plusieurs données au sujet du niveau d’endettement dépeignent cependant un portrait un peu plus inquiétant.

Plus tôt en décembre, Statistique Canada a dévoilé certains chiffres démontrant que le niveau d’endettement des ménages, soit le ratio de leur dette au revenu disponible, s’était établi à 163,7 % au troisième trimestre, ce qui signifie que le ménage moyen a une dette d’environ 1,64 $ pour chaque dollar de revenu disponible.

Il s’agit d’un niveau record.

La Banque du Canada a décrit l’accroissement du niveau d’endettement des ménages comme la vulnérabilité la plus importante du système financier, une susceptibilité qui continue de croître.

Le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz, a récemment indiqué que l’exposition du pays se concentrait parmi les quelque 720 000 ménages qui pourraient éprouver des difficultés à effectuer leurs paiements de remboursement de dette dans l’éventualité d’un ralentissement économique significatif.

La proportion des ménages endettés dont le ratio de la dette au revenu excède 350 % a doublé depuis la crise financière de 2008, passant de quatre pour cent à huit pour cent, a indiqué la banque centrale.

Ceux-ci ont tendance à être des Canadiens âgés de moins de 45 ans dont les revenus sont généralement moins élevés.

Mais même si la banque souligne que la croissance des revenus peine à suivre la cadence de celle du crédit hypothécaire, elle fait valoir que la probabilité que la dette des ménages ne devienne un sérieux problème reste faible et qu’elle devrait en fait décroître au fur et à mesure que l’économie se raffermira.

En outre, il y a peu d’indications que les taux de défaillance progressent de façon significative, a poursuivi la banque.

Mais la Banque Royale et la firme de surveillance du crédit Equifax ont souligné l’existence de signes avant-coureurs de problèmes dans les régions productrices de pétrole, comme l’Alberta, où le chômage a grimpé depuis la glissade des prix du pétrole. Ils ont détecté de légères augmentations des taux de défaillance sur les comptes de cartes de crédit et pour les prêts automobiles.

La plus grande partie des dettes se concentre cependant dans les hypothèques, particulièrement avec la récente ascension des prix du secteur immobilier.