un escargot grimpant sur une branche posée en diagonal
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Lors d’un discours prononcé devant l’Empire Club de Toronto, Stephen Poloz a fait valoir que le ralentissement de la croissance démographique avait freiné la croissance économique et que les gains de productivité ne se produisaient pas assez rapidement pour contrebalancer ce changement.

Et, à court terme, les conflits commerciaux menacent d’effacer certains des gains de productivité réalisés grâce à la mondialisation.

« Les droits de douane sur les importations forcent les entreprises à démanteler des chaînes d’approvisionnement et à en créer d’autres qui seront probablement moins efficaces », a-t-il affirmé dans le texte de son discours, publié par la banque centrale.

« Parallèlement, l’incertitude qui entoure l’avenir des politiques commerciales et d’institutions aussi primordiales que l’Organisation mondiale du commerce produit un effet plus insidieux: les entreprises ont réduit leurs projets d’investissement, ce qui se traduit par un potentiel de croissance économique moins élevé à l’avenir. »

Stephen Poloz, qui a également publié jeudi un document d’analyse s’attardant à plusieurs des mêmes questions, a souligné que l’utilisation accrue de l’intelligence artificielle et la quatrième révolution industrielle pavaient la voie à d’éventuels gains de productivité, mais que ces gains n’étaient pas encore visibles dans l’économie.

« Le passé nous enseigne qu’il pourrait s’écouler beaucoup de temps avant qu’on ne voie arriver ces gains de productivité, a-t-il affirmé dans son discours. L’usage de l’ordinateur a commencé à se généraliser dans les années 1980. Cependant, ce n’est qu’entre 1995 et 2005 que la croissance de la productivité a bondi. »

La Banque du Canada a maintenu la semaine dernière son taux d’intérêt directeur à 1,75 %, où il se situe depuis plus d’un an.

La banque centrale canadienne s’est distinguée de bon nombre de ses semblables, ailleurs dans le monde, qui ont décidé d’assouplir leur politique monétaire et de réduire les taux d’intérêt cette année, pour compenser le ralentissement de la croissance économique mondiale.

En maintenant son taux cible, la banque a indiqué que le risque de récession mondiale diminuait, mais que les conflits commerciaux en cours et l’incertitude qui y était associée pesaient toujours sur l’économie mondiale et restaient la principale source de risque pour ses perspectives.

Stephen Poloz a souligné que les faibles taux d’intérêt mondiaux pourraient encourager une croissance continue de la dette des ménages et du gouvernement, ce qui aurait des conséquences.

« L’histoire montre qu’un niveau d’endettement élevé peut accentuer les effets d’un choc sur l’économie », a-t-il noté.

Stephen Poloz a annoncé la semaine dernière qu’il quitterait ses fonctions de gouverneur de la Banque du Canada à la fin de son mandat de sept ans, en juin 2020.

Pour la nouvelle année qui s’en vient, Stephen Poloz a indiqué que la banque centrale poursuivrait les travaux sur le renouvellement de son accord de ciblage de l’inflation avec le gouvernement fédéral, prévu pour 2021. La Banque du Canada vise à maintenir l’inflation à 2,0 % en ajustant son taux directeur cible.

Le gouverneur a aussi indiqué que la banque intensifiait ses efforts pour entendre des opinions externes dans le cadre de son processus d’examen et prévoyait des consultations avec un large éventail de groupes, y compris des entreprises, des organisations syndicales, des universitaires et d’autres banques centrales, ainsi que des tables rondes avec des parties prenantes de la société civile.