La Bourse de Toronto bondit après l'annonce de la Fed, mais le huard recule
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L’indice composé S&P/TSX a bondi de 246,51 points pour terminer la journée à 13 166,08 points, après avoir engrangé 224 points la veille.

Selon Scott Guitard, gestionnaire de portefeuille chez Fiduciary Trust Canada, la décision de la Fed a donné aux investisseurs un niveau de certitude qui les a encouragés à revenir sur le marché torontois, qui a perdu plus de 550 points la semaine dernière, alors que le prix du pétrole reculait sous la barre des 36 $ US le baril.

« Le marché, dans l’ensemble, est content de mettre cette première hausse de taux derrière lui et de pouvoir potentiellement se concentrer sur d’autres choses, comme l’état de l’économie », a estimé Scott Guitard.

Pour sa part, Marc St-Pierre, gestionnaire de portefeuille chez ARX Capital, s’attend à voir l’économie demeurée au ralentie, nourrie par des taux d’intérêt relativement bas et des taux d’inflation qui vont également rester bas. « La croissance devrait se tenir entre 2 et 2,5 %, l’inflation va demeurer sous contrôle mais plutôt basse. L’impact, c’est que l’économie mondiale qui rester faible ».

« En Europe, tranquillement, il y a une amélioration, le Japon se promène trimestre par trimestre entre le positif et le négatif, le Brésil et la Russie sont en récession et pour ce qui est des pays émergents, la Chine ne va nulle part. Il ne faut pas oublier qu’il y a un grand nombre de dettes qui sont libellées en dollars américains, donc il y a un risque de conséquences négatives dans le cas des pays émergents qui sont déjà endettés », ajoute-t-il.

Marc St-Pierre ne s’attend pas à ce que l’on soit entraîné vers une récession mondiale, mais constate que la croissance économique mondiale n’est pas au rendez-vous, ce qui entraîne le prix des commodités et du pétrole à la baisse. « Quand au Canada, il demeure à la merci de la croissance de la demande pour ses ressources, bref du cours des matières premières. »

Selon lui, bien que l’économie se retrouve dans « un cycle complètement différent, on applique les même modèles, les mêmes instruments que lors des cycles de reprises antérieurs. Dans le passé les récessions étaient créées par une économie qui s’emballait, une inflation qui s’accélérait. Les banques centrales intervenaient et faisaient monter les taux d’intérêt, les consommateurs se retiraient et une fois que c’était arrivé, qu’il y avait une faiblesse, on rebaissait les taux et l’économie repartait. C’était ça le modèle traditionnel ».

« Présentement, on a connu en 2007-2008 une crise financière à l’échelle planétaire et depuis la sortie de la crise, les taux d’intérêt aux États-Unis sont demeurés à 0,25 % jusqu’à hier. En dépit de taux d’intérêt aussi bas, qui dans le passé auraient générés une reprise vigoureuse, on n’a pas observé de tel mouvement. Toutefois, compte tenu du fait que l’économie américaine est une économie qui peut se suffire à elle-même, qu’elle va relativement bien même si sa croissance depuis 2009 a été de 2,1 % en moyenne, soit très en deçà des taux de croissance observés dans les cycles antérieurs, la Fed a choisi de relever les taux », ajoute-t-il.

Pour Marc St-Pierre, le marché avait largement escompté sur une hausse et la Fed aurait même dû relever ses taux « il y a six ou neuf mois. Elle ne l’a pas fait et elle était en tain de se peinturer dans le coin et de perdre sa crédibilité. La question consiste maintenant à savoir si les taux d’intérêts vont continuer à monter en 2016. Janet Yellen a dit oui, mais je ne suis pas sûr qu’ils pourront les monter, parce que la toile de fonds globale ne s’y prêtera sans doute pas ».

Sur Wall Street, les marchés ont aussi affiché d’importants gains après que la Fed eut indiqué que l’économie américaine allait assez bien pour encaisser une hausse d’un quart de point de pourcentage du taux directeur, mettant ainsi fin à une période de sept ans pendant laquelle les taux d’emprunt étaient près de 0 %.

La moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a gagné 224,18 points à 17 749,09 points, tandis que l’indice élargi S&P 500 a pris 29,66 points à 2073,07 points et que l’indice composé du Nasdaq s’est emparé de 75,77 points à 5071,13 points.

Scott Guitard croit que la décision, même si elle était largement attendue, est un élément positif pour les investisseurs puisqu’elle signale que la banque centrale juge que la reprise américaine a rendu l’économie assez solide pour absorber une hausse des taux d’intérêt.

« La réaction du marché a été assez discrète après l’annonce, et cela confirme pratiquement que les investisseurs s’attendaient à cette décision », a-t-il noté.

À la Bourse des matières premières de New York, le cours du lingot d’or s’est adjugé 15,20 $ US à 1076,80 $ US l’once, tandis que le prix du pétrole brut a échappé 1,83 $ US à 35,52 $ US le baril.

Le secteur aurifère de la Bourse de Toronto a avancé de 4,75 %, tandis que celui de l’énergie a retraité de 0,64 %. Le groupe de l’énergie est le seul à avoir retraité mercredi.

Le dollar canadien s’est pour sa part déprécié de 0,25 cent US à 72,54 cents US.

Selon Scott Guitard, la chute du prix du pétrole a joué un rôle important dans le recul du huard, puisque le marché avait déjà tenu compte de la hausse. Les investisseurs s’attendent à ce que la Banque du Canada laisse les taux d’intérêt à leur faible niveau le temps que le secteur pétrolier éprouvera des problèmes, a-t-il fait valoir.

« Les transactions sur le dollar canadien sont liées de très près aux prix du pétrole brut, et cela affecte les attentes sur les taux d’intérêt pour le Canada », a-t-il dit.

Avec la Presse Canadienne