“Woman with a backpack, gazing up at the trees in a forest”
BMO Global Asset Management

Une recherche récente montre qu’une telle approche est sans conséquence. Vaut nettement mieux une approche d’investissement « activiste », ce qu’on appelle aujourd’hui l’investissement d’impact, même si des résultats chiffrés ne peuvent encore être mis de l’avant.

Le désinvestissement « responsable » tient à l’idée que lorsque les investisseurs refusent d’investir dans des entreprises qui imposent des coûts sociaux et environnementaux, la société en bénéficie. « Aussi plausible que cet argument puisse paraître à première vue, écrivent les auteurs de l’étude, il manque le mécanisme qui relie l’action des investisseurs et l’effet sur la société. Ce qui n’est pas clair, c’est la manière dont le désinvestissement affecte la stratégie des entreprises. Pourquoi le choix des investisseurs de désinvestir permettrait-il d’atteindre l’objectif déclaré de réduction des coûts sociaux dans la société ? »

Lorsqu’un investisseur choisit de vendre une action, expliquent les auteurs, par exemple celle d’une société de tabac, il la vend nécessairement à un autre investisseur. Étant donné que cette transaction ne fait qu’échanger un investisseur contre un autre, elle ne peut pas avoir d’incidence directe sur la façon dont l’entreprise exerce ses activités.

Deux mécanismes possibles

On peut voir deux mécanismes par lesquels le désinvestissement serait susceptible d’affecter le comportement de l’entreprise. D’une part, les nouveaux actionnaires pourraient exercer leurs droits de contrôle. Cependant, puisque l’impact du désinvestissement est d’échanger effectivement les actionnaires qui se soucient des coûts sociaux et environnementaux contre d’autres actionnaires, il est loin d’être évident que les nouveaux actionnaires seraient plus disposés que les anciens à exercer leurs droits de contrôle pour le bien de la société.

D’autre part, lorsqu’un actionnaire socialement responsable vend sa participation à un autre actionnaire, le nouvel actionnaire doit être incité à acheter des actions de la société. Cette incitation prend la forme d’un prix plus bas. Un prix plus bas implique un coût du capital plus élevé, ce qui affecte la stratégie d’investissement réelle future de l’entreprise en réduisant le nombre d’opportunités d’investissement à valeur actuelle nette (VAN) positive, diminuant ainsi le taux de croissance de l’entreprise.

L’inverse est vrai lorsqu’un actionnaire socialement responsable choisit d’acheter. La demande supplémentaire d’entreprises propres augmente le prix de ces entreprises, ce qui réduit le coût du capital et augmente donc leur taux de croissance. À long terme, les entreprises socialement souhaitables deviennent une fraction plus importante de l’économie au détriment des entreprises socialement indésirables, et les coûts sociaux et environnementaux pour la société sont réduits.

Effet sur le coût du capital

Par conséquent, pour que ce mécanisme ait un impact, il est essentiel que la stratégie de désinvestissement entraîne un changement suffisamment important du coût du capital pour affecter matériellement l’ensemble des opportunités d’investissement de l’entreprise.

Les auteurs ne trouvent aucun chiffre probant qui le démontre. « Malgré la popularité croissante de l’investissement d’impact au cours des dix dernières années, peut-on lire, nous constatons que la différence du coût du capital entre les entreprises ciblées pour leurs coûts sociaux ou environnementaux et les entreprises qui ne le sont pas est faible et n’est pas statistiquement différente de zéro. »

En fait, pour obtenir un changement de plus de 1% du coût du capital, les investisseurs d’impact devraient représenter plus de 80% de toutes les actions en circulation. Ce n’est certainement pas le cas pour l’approche par désinvestissement.

Mais ce n’est pas non plus le cas pour l’investissement d’impact – mais dans une moindre mesure, que les auteurs, cependant, ne chiffrent pas. Et semblent incapables de chiffrer.

Par contre, la conclusion s’impose comme un simple postulat logique. Étant donné que les titres « pécheurs » ne représentent que 27% du marché total visé par les fonds socialement responsables, « une stratégie plus efficace pourrait être d’investir plutôt que de désinvestir. En prenant une position importante dans ces entreprises, les investisseurs socialement responsables pourraient provoquer des changements par le biais du processus de procuration ou en obtenant une participation majoritaire et en remplaçant la direction. »