Les banques canadiennes pourraient potentiellement les racheter dans les mois ou les années qui suivent. Cela en réduirait ainsi l’échéance et du même coup, le rendement, prévient la gestionnaire de portefeuille. C’est pour cette raison que les conseillers devraient consulter le calendrier de rachat potentiel de ces perpétuelles émises par les banques.
« Comme investisseurs, je dois calculer le rendement en fonction de cette date potentiel », indique Anne Perreault, en entrevue à Finance et Investissement.
La gestionnaire donne l’exemple d’une perpétuelle qu’une banque canadienne pourrait racheter en octobre prochain. Celle-ci se négocie au-dessus du pair, si elle était rachetée à cette date, verserait encore trois paiements de dividende.
« Si je regarde le rendement courant du titre, endivisant le dividende par le prix de l’action, celui-ci se chiffre à 5,10 %. Toutefois, lorsque j’observe le rendement à l’échéance, celui-ci est inférieur à 1 %. Il faut être conscient qu’on va faire potentiellement un rendement assez faible », dit-elle.
Ce risque de rachat peut toutefois être géré, notamment en percevant ce titre comme un outil afin de réduire la duration du portefeuille de titres à revenus fixes des clients.
La faute au BSIF
Cette situation s’explique par les nouvelles règles de Bâle III sur les actions privilégiées bancaires, imposées par le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF). Selon ces règles, les actions privilégiées perpétuelles existantes de type bancaire ne se qualifieront plus comme fonds propres réglementaires sous Bâle III. Les banques devraient ainsi retirer progressivement ces instruments non admissibles jusqu’en 2022.
« Chaque année, à partir 2013, 10 % du total des instruments non admissibles ne se qualifieront plus à titre de fonds propres réglementaires et seront probablement retirés », soutient la gestionnaire de portefeuille. Sous cette hypothèse, les porteurs de ces titres voient leur échéance réduite, réduisant ainsi la duration du portefeuille.
Par ailleurs, pour éviter que les contribuables n’aient à voler au secours des banques, le Bureau du surintendant des institutions financières a de nouvelles exigences pour les banques. Afin d’être considérés comme des fonds propres réglementaires, ces titres, émis après janvier 2013, auront une clause exigeant la conversion intégrale et permanente en actions ordinaires de l’institution de dépôts à la survenance d’un élément déclencheur, comme une crise financière mettant les banques en situation très précaire.
« Ça va être intéressant de connaître quelle sera la prime offerte pour ce genre de clause », faisait mention Anne Perreault, dans une récente entrevue.
BMO
C’est entre autres pour les raisons mentionnées précédemment que la Banque de Montréal a annoncé vendredi son intention de racheter toutes ses actions privilégiées non cumulatives de catégorie B de la série 5 d’une valeur de 200 M$ le 25 février 2013.
Les actions privilégiées de la série 5 sont rachetables à l’option de la Banque de Montréal le 25 février 2013 à un prix de rachat de 25 $ par action majoré de tous les dividendes déclarés et non versés à la date fixée pour le rachat. Le paiement du prix de rachat sera fait par la Banque de Montréal le 25 février 2013 ou à une date ultérieure, à la remise des actions privilégiées de la série 5.
Séparément du paiement du prix de rachat, le dividende trimestriel final de 0,33125 $ par action privilégiée de la série 5 sera versé de la manière habituelle le 25 février2013 aux actionnaires inscrits le 1er février 2013.
Un avis sera donné aux détenteurs des actions privilégiées de la série 5 conformément aux conditions décrites dans le prospectus des actions privilégiées de la série 5.