Ce paradoxe s’explique notamment par le fait que les investissements privés ne représentent que 4 % du produit intérieur brut (PIB), soit beaucoup moins que la moyenne historique, selon un récent rapport de la Financière Banque Nationale (FBN).
« Pour des raisons qui demeurent à déterminer, beaucoup d’entreprises ont décidé de détenir plus d’argent ou d’actifs liquides et d’investir massivement dans les dividendes ou les rachats d’actions, écrit Pierre Fournier, analyste géopolitique à la FBN. L’appétit pour le risque s’est aussi atrophié depuis la récession. Le nombre de sociétés qui ont été fondées durant les cinq dernières années a d’ailleurs chuté de façon importante. »
Cette abstention à l’investissement a eu des conséquences sur l’économie en général puisque la croissance du PIB a été ralentie, ce qui a provoqué de hauts niveaux de chômage et un affaiblissement des dépenses de consommation. La qualité des emplois créés est aussi en déroute puisqu’on note une chute de 4,3 % dans le revenu médian des ménages qui a maintenant atteint son plus bas niveau depuis 1995.
L’économie américaine n’est d’ailleurs pas au bout de ses peines puisque, selon Pierre Fournier, elle fait maintenant face à beaucoup de défis comme « la chute des dépenses gouvernementales, un système d’éducation sous-performant et une croissance de la productivité au ralenti ».
D’ailleurs, même si on peut s’attendre à ce que des innovations permettent d’augmenter la productivité des travailleurs américains au courant des prochaines années, cette modernisation devrait aussi réduire le nombre d’emplois de cols blancs, qui forment une bonne partie de la classe moyenne.
« Rien n’est encore clair quant à la façon dont l’économie du futur générera une croissance plus importante et une économie plus équilibrée », écrit Pierre Fournier.