Pilotée par le médiatisé Luc Godbout de l’Université de Sherbrooke, l’équipe inclut l’économiste de sensibilité sociale-démocrate Pierre Fortin de l’UQAM, et Matthieu Arseneau, économiste principal à la Financière Banque Nationale.
Selon leurs projections, si le Québec reste sur la même voie, le déficit gouvernemental atteindrait 17 G$ en 2030 et 62,7 G$ en 2050. Il était de 2,5 G$ en 2013.
L’explication se trouve dans l’augmentation probable des dépenses de santé défrayées par l’État, qu’entraînerait le vieillissement accéléré de la population.
Les chercheurs signalent qu’il y a 40 ans, il y avait, au Québec, 9,4 personnes en âge de travailler pour un retraité de 65 ans ou plus. Aujourd’hui, il y en a 4,1. Cette proportion sera de 2,1 en 2050. Dit d’une autre façon, l’âge médian, qui représente le point où la moitié de la population est plus vieille et l’autre moitié est plus jeune, était de 25,6 ans en 1971, de 41,6 en 2013 et il passera à 46,3 ans en 2050.
Les projections de déficit se fondent sur un scénario de base qui poursuivrait, grosso modo, sur la lancée actuelle: 1,65 enfant par femme, 30 000 immigrants nets par année, taux d’emploi de 80 % chez les 15-54 ans (comparativement à 76,5 % en 2013); hausse moyenne de 1,4 % du PIB croîtra de 1,4 % par année, augmentations annuelles moyennes de la productivité de 1 % à 1,25 %; taux d’inflation de 2 % et transferts fédéraux stables dans le temps.
Les chercheurs proposent deux autres scénarios. Le scénario «optimiste», qui postule notamment que la productivité passerait à 1,5% par année, conclut à un déficit de 6,3 G$ en 2030. Pour sa part, le scénario «pessimiste» envisage un déficit de 34 G$ à l’aube de 2030 et de 123 G$ en 2050.
Les REER «paieront» en 2021
Il est intéressant de noter que l’étude a tenu compte de la question des régimes de retraite et des dispositions fiscales applicables aux REER.
D’après leurs calculs, Québec accordera, en 2015, 422 M$ en déductions fiscales aux personnes ayant cotisé à leurs régimes de retraite. Mais à partir de 2021, l’État commencera à récolter les fruits fiscaux de cet impôt reporté de sorte qu’en 2050, l’imposition nette prévue des régimes de retraite atteindra la somme colossale de 3,6 G$. Cela dit, cette nouvelle source de revenus sera loin d’être suffisante pour faire face au défi compte tenu que les dépenses du secteur de la santé et des services sociaux du gouvernement du Québec atteignent déjà 32,7 G$ en 2013-2014. Les auteurs précisent qu’en moyenne, les dépenses de santé s’élèvent autour de 1 900 $ pour les moins de 65 ans et à 11 100 $ pour les 65 ans et plus.
Un déficit à maîtriser
Sans alourdissement du fardeau fiscal ni réduction dans les dépenses de programmes, le gouvernement du Québec se dirigerait «tout droit à la faillite», préviennent les chercheurs. Est-ce que ce sera «l’apocalypse» pour ces Québécois de l’année 2050?
Ce n’est pas ce que pensent les chercheurs.
Car les décideurs politiques, disent-ils, «auront au fil des années pris des décisions, souvent difficiles, afin d’équilibrer le budget de l’État québécois».
Il est certain que ce document stimulera et alimentera le débat sur les choix – impôts et services publics – qu’auront à faire les citoyens du Québec au cours des prochaines années.
Photo : Flickr -Slawek Puklo