Deux hommes assis à une table, l'un montre un papier à l'autre qui a l'air désespéré.
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D’après le 15e sondage annuel de l’Institut national de la paie, les salariés de partout au pays font face à un stress financier élevé depuis 2022, mais ce phénomène a atteint des niveaux records en 2023.

Une tempête de stress financier

Parmi les faits saillants de ce sondage, le nombre de salariés considérés comme appartenant à la grappe des salariés financièrement stressé a augmenté de 20 points de pourcentage dans la dernière année seulement, représentant désormais 37 % de la main-d’œuvre au pays.

En outre, 66 % de ceux appartenant à la grappe des individus financièrement stressés vivent d’une paie à l’autre, tandis que 50 % sont étouffés par les dettes.

Au Québec, 25 % des salariés estiment également que si leur paie était différée d’une semaine, ils auraient du mal à répondre à leurs obligations financières, contre 21 % l’an dernier et 16 % en 2021.

L’endettement au menu

Pour tenter de maintenir la tête hors de l’eau, 63 % des répondants dépensent l’entièreté de leur salaire net et 30 % dépensent plus que leur paie, ce qui les force à s’endetter ou à puiser dans leur épargne à chaque cycle de salaire.

Seulement la moitié des salariés québécois dit aussi posséder un fond d’urgence de 5000 $, une baisse de 16 points de pourcentage comparativement à 2021.

Des répercussions tous azimuts

Si l’épargne accumulée et les coûts d’emprunt historiquement bas ont permis auparavant à de nombreux salariés de se protéger de la tempête, les effets néfastes du stress financier sont évidents et graves, aussi bien à la maison qu’au travail, signale le sondage.

Ainsi, sur le plan personnel, 55 % des salariés canadiens et 38 % des salariés québécois appartenant à la grappe des financièrement stressés reconnaissent se sentir plus isolés de la société à cause de l’augmentation du coût de la vie.

Au travail, plus de 40 % des salariés canadiens appartenant à la grappe des financièrement stressés disent ainsi qu’ils n’arrivent pas à empêcher le stress financier de nuire à leur performance au travail.  D’après le sondage, ils passent en moyenne 33 minutes par jour à se préoccuper de leurs finances, soit une perte de productivité équivalente à 45 milliards de dollars pour les employeurs au pays.

En outre, selon l’étude, un travailleur canadien et québécois sur cinq a dû prendre des congés maladie pour gérer son niveau croissant de stress financier, et un sur dix a complètement quitté son emploi.

Des solutions pour s’en sortir

Si gagner davantage d’argent, soit en changeant d’emploi, en obtenant une augmentation de salaire ou en prenant un second emploi, semble la solution pour améliorer le bien-être financier, l’analyse du Laboratoire canadien sur le bien-être financier révèle que ce n’est pas nécessairement le cas.

« Un salaire plus élevé peut aider certains, mais notre analyse a toujours montré que ce n’est généralement pas le montant du salaire qui détermine le bien-être financier des salariés canadiens, explique Chuck Grace, directeur général du Laboratoire canadien sur le bien-être financier et professeur à l’Ivey Business School de l’Université Western. On observe que 35 % des salariés financièrement stressés touchent en fait plus de 100 000 dollars par an, ce qui est surprenant. »

Que faut-il faire alors ?

En fait, l’un des meilleurs moyens pour améliorer sa situation financière est de réduire son endettement et de faire en sorte que les sources de dettes soient consolidées pour pouvoir payer les sommes dues.

Le Laboratoire établit un lien entre le nombre de sources d’endettement et le bien-être financier, signalant l’importance à la fois de réduire le recours à l’endettement mais aussi de l’impact potentiel de la consolidation des dettes.

Selon le sondage, les répondants appartenant à la grappe des financièrement stressés ont ainsi, en moyenne, quatre fois plus de sources de dettes que ceux qui sont à l’aise financièrement.

De plus, les salariés canadiens qui veulent améliorer leur bien-être financier pourraient avoir à reconsidérer ce qui est de l’ordre d’une dépense « essentielle », soit de renoncer à des vacances en famille, de retarder un achat ou de choisir des options moins coûteuses pour s’assurer qu’il reste suffisamment d’argent après chaque chèque de paie pour payer la nourriture, les vêtements et le logement.

Enfin, la recherche de conseils professionnels constitue une première étape pour toute personne qui cherche à apporter des changements positifs à sa situation financière.

Le 15e sondage annuel de l’Institut national de la paie a été mené en ligne du 21 juillet au 1er août 2023 auprès de 1 500 canadiens en emploi à l’aide du panel en ligne de Framework Analytics.